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Le massacre de Tiananmen et la chute de Zhao Ziyang

Écrit par Lu Qingshuang et Guo Ruo, La Grande Époque
21.02.2005
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Après avoir reçu sa maîtrise en économie de l’Université du peuple chinois en 1985, Cheng Xiaonong a travaillé au Congrès national du peuple dans le laboratoire du comité et à l’Institut chinois de la réforme économique, où il a été nommé directeur de laboratoire et vice-chercheur. Il a fait des études de sociologie à l’Université Princeton (New Jersey) et est devenu l’éditeur en chef de Contemporary China Studies. Lors d’une récente interview pour New Tang Dynasty Television, le Dr Cheng a évoqué rapidement les fausses accusations d’espionnage pour la CIA, dont a été victime Zhao Ziyang. 

  • La place Tiananmen à Pékin, en Chine. Frederic J. Brown (AFP/Getty Images)(Staff: FREDERIC J. BROWN / 2005 AFP)

 

La réaffectation de l’Armée a été faite en cachette

Cheng: «Avant le Massacre de Tiananmen (Juin 1989), Deng Xiaoping et un groupe d’hommes d’État, seniors du Parti, incluant Deng Yingchao, Peng Zhen et Chen Yun, se sont rencontrés en secret et ont décidé d’envoyer 50 000 soldats pour encercler Pékin. Ils n’ont pas hésité à utiliser une répression violente afin de protéger le pouvoir du parti communiste et ils ont caché cette démarche à la population, ainsi qu’au Bureau Politique du PCC et au comité en place au Bureau Politique.»

«Deng Xiaoping avait originellement planifié que l’armée arriverait à Pékin la nuit du 16 mai, et avait prévu une réunion du comité du Bureau Politique pour discuter la loi martiale et l’arrivée de l’armée. Deng ne s’attendait pas à ce que Zhao Ziyang désapprouve la procédure étant donné qu’il n’avait aucun pouvoir décisionnaire. Son attitude était similaire à celle de Gorbatchev face au mouvement étudiant de l’époque dans l’ancienne Union Soviétique. C’est ce qui amena Deng Xiaoping à penser que Zhao pourrait obtenir que la réunion aboutissent à des critiques sur la loi martiale. Ainsi, la réunion du comité fut remise au 17 mai.»

«Le 19 mai 1989, alors qu’il interrogeait les forces armées et les fonctionnaires, le politicien communiste chinois Yang Shangkun, rapportait: «L’armée obéissait aux ordres de Deng Xiaoping pour encercler Pékin, l’appel à la loi martiale n’a jamais été approuvée par le Comité. C’est à cause de cela que nous étions très passifs quand nous avons pénétré dans Pékin.»

Cheng ajouta: «Le Comité du Bureau Politique ne savait pas que nous avions pénétré Pékin le 16 mai, donc notre présence était techniquement illégale. Deng avait arbitrairement transféré des centaines de milliers de soldats pour encercler la capitale. Le fait que le Bureau Politique et le Comité n’avaient pas été informés, violait la constitution; de plus, c’était pratiquement un coup d’État.»

«Le 19 mai, Deng Xiaoping a forcé Zhao à démissionner et a ainsi pu donner le soi-disant ordre de loi martiale. Ceci a légalisé l’ordre d’encercler la ville, mais a aussi détruit l’image internationale et régionale du parti. Le PCC a toujours espéré trouver une façon de redorer sa réputation, et la façon la plus acceptable à ses yeux était de condamner Zhao faussement, en l’accusant d’être un espion étranger. En accomplissant cela, le coup d’État aurait pu être interprété comme une action pour sauver le pays d’une ingérence étrangère.»

«Si Deng Xiaoping n’avait pas été aussi déterminé à élaborer ce coup monté, Zhao Ziyang aurait pu vivre ses 16 dernières années en liberté.»

«Au début de juillet 1989, Wang Fang, ministre de la Sécurité publique, avait fait un discours dans une conférence réunissant des officiers haut-placés. Le but du discours était d’enquêter sur les charges qui pesaient contre Zhao. Le fondement de l’accusation était que Zhao, à travers Yang Baotong (et l’Institut chinois de la réforme économique), avait travaillé avec Soros. Wang Fang ayant dit que la fondation de Soros faisait partie de la CIA, et que par conséquent, Zhao devait être un espion.»

«Le PCC n’avait aucune preuve, principalement parce que la charge était complètement fabriquée, ce qui est un comportement typique du PCC. Plusieurs de nos collègues ont été arrêtés et incarcérés dans la prison de Qinchen. Le but de ces arrestations était de réunir des informations lors de ses confessions, qui constitueraient des preuves pour un dossier d’accusation contre lui.»

«Après la diffusion des dires de Wang Fang , en juillet 1989, un journaliste de The Washington Post d’origine chinoise a rapporté ceci:

«George Soros était en état de choc et en colère à l’annonce des accusations contre Zhao; il a alors écrit une lettre à Deng Xiaoping. Il y explique tout d’abord qu’aux État-Unis, la CIA est un département gouvernemental, que commerçants et financiers paient des impôts pour supporter l’appareil gouvernemental. Il est donc impossible que Zhao reçoive de l’argent du gouvernement américain, et c’est absurde de penser qu’il travaille pour la CIA. De plus, Soros a expliqué que sa Fondation de politique d’ouverture et de réforme était originalement contrôlée par le Département de Sécurité chinoise. La personne en charge de la fondation était l’ancien vice-ministre du Département de Sécurité chinoise, Ling Yun. Si la fondation était une partie de la CIA, cela voudrait dire que le Département de Sécurité chinoise travaillait aussi pour la CIA.»

Rappel des faits : Le décès de Zhao Ziyang, ex-secrétaire général du parti communiste chinois, le 17 janvier dernier, a bouleversé le monde. Il s’était opposé à l’intervention militaire qui réprima la manifestation d’étudiants le 4 juin 1989 sur la place Tiananmen de Pékin. Suite à cela, il avait été démis de ses fonctions et assigné à résidence.

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.