Entrevue avec Zhang Lin
« Zhao Ziyang était un homme sincère » Lors d’une entrevue récente, l'activiste chinois pro-démocrate Zhang Lin, a exprimé sa tristesse à la suite du décès de l'ancien Secrétaire-général Zhao Ziyang. Il se souvient de Zhao comme d’un homme sincère et d’un dirigeant chinois unique qui s’inquiétait vraiment pour le peuple.Zhang était impliqué dans des activités pro-démocratiques depuis 1986, et a établi plusieurs organismes clandestins. Pendant le mouvement étudiant en 1989, il a lancé plusieurs groupes d’étudiants et d’ouvriers à Anhui, telle la « branche d'Anhui de la société future ». |
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Il a été arrêté le 8 juin 1989 et après sa libération en 1991, il a continué à se dévouer au mouvement démocrate en Chine. Il a été arrêté de nouveau au mois de mai 1995. Après sa libération d’un camp de travaux forcés en 1998, il est allé aux États-Unis participer aux activités pro-démocratiques d'outre-mer. À la fin du mois d’octobre 1998, secrètement revenu en Chine, il est arrêté pour la troisième fois par les autorités, deux jours après son arrivée. Il a été condamné à une peine de travaux forcés jusqu’à fin 2001. Durant cette entrevue, Zhang fit l’éloge de Zhao, membre intègre du parti communiste, très différent de ses camarades. Beaucoup de ses amis souhaitaient que Zhao soit remis en liberté un jour. « Nous pensions qu’il survivrait pour voir un jour la démocratie en Chine. Quel dommage qu’il soit décédé si tôt. C’est une perte énorme et nous sommes profondément attristés par l’annonce de son décès. » Zhao et l’ancien Secrétaire général Hu Yaobang étaient tous deux des dirigeants chinois respectés, mais tous les deux ont fini leurs jours dans de misérables circonstances. Zhang pense qu'une telle tragédie était inévitable. « Les forces réactionnaires et autocratiques auxquelles Zhao et Hu ont fait face étaient trop puissantes » a-t-il dit. « Après s'être rendu compte que le PCC était ridicule et absurde, ils ont tout fait pour changer la situation et mener la Chine vers le chemin de la démocratie. Mais ils ont échoué à cause de l'opposition féroce des forces réactionnaires conservatrices du PCC. » Zhang nous a confié que, contrairement à la plupart des membres du PCC qu’il considère comme des matérialistes cruels et extrêmement égoïstes, Zhao était un politicien prévenant et sincère, vraiment concerné par le sort des autres. Il a employé l'exemple de la famine dont a souffert le peuple chinois sous le gouvernement de Mao. Au lieu de concentrer son énergie sur la promotion du Marxisme et du Léninisme, Zhao tentait de fournir plus de grains aux fermiers afin de nourrir les gens dans les provinces les plus affectées et celles alentours. Cela a donné naissance à un dicton populaire : « Si vous voulez manger du grain, Zhao Ziyang est celui qu’il vous faut. » Zhang continue en racontant : « Zhao avait les larmes aux yeux lorsqu’il a parlé aux étudiants pro-démocratiques de la Place Tiananmen durant l’incident du 4 juin. Cela montre vraiment comment Zhao s’intéressait aux autres. » Lorsqu’on lui a demandé comment le régime communiste chinois réagirait face à un autre mouvement favorable à la démocratie comme celui de 1989, il nous répondit : « La société chinoise a subi des changements énormes. Bien que la Chine soutienne toujours son système politique autocratique en superficie, la société entière s’est réellement désagrégée. Dans la diversité de la population, chaque individu, chaque groupe ethnique a sa propre façon de penser. Il serait très difficile pour le régime chinois de lancer une répression comme celle qui a eu lieu il y a 15 ans. Présentement, les soldats et les policiers sont très corrompus et les fonctionnaires du gouvernement, y compris les dirigeants du PCC à divers niveaux, sont enclins à changer leur position selon la situation. Par conséquent, il est difficile de dire si un mouvement pro-démocratique ou un événement comme celui du 4 juin puisse se reproduire. Mais même si c’était le cas, la probabilité d'une répression semblable est très faible. » Il a donné l’exemple : « Voyez les protestations massives déclenchées par les fermiers de Sichuan l’an passé. Les autorités ont plié devant le public et ne les ont pas considérées comme des émeutes contre-révolutionnaires. » Si cela s’était produit dans le passé, cela aurait été certainement perçu comme un soulèvement contre-révolutionnaire et cela aurait eu pour conséquence une répression massive et immédiate. De nos jours, le nombre de protestataires se situe entre 70.000 et plus de 100.000. Il devient difficile de lancer une répression massive. Si on le faisait, cela provoquerait certainement une résistance beaucoup plus violente. À la fin de l’entrevue, Zhang a exprimé sa déception concernant les résultats de la nouvelle direction du PCC. Au début, a-t-il expliqué, beaucoup de gens avaient toujours un certain espoir dans le nouveau gouvernement représenté par Hu Jintao et Wen Jiabao. Cependant, cette lueur d'espoir s’est rapidement éteinte. Il croit aussi que le PCC n'a aucun avenir, et qu'il est temps pour les membres du Parti de faire individuellement leur propre choix pour leur futur. |