Une nouvelle preuve de vie sur Mars

Écrit par Francis Aymonier - La Grande Époque
21.03.2005

Y a-t-il ou y a-t-il eu de la vie sur Mars ? C’est la question à laquelle doit tenter de répondre Mars Express, lancé en 2003. Cela fait presque un siècle que nous savons que les pôles martiens sont constitués de glace, et des missions préliminaires ont découvert la présence de vapeur d’eau dans l’atmosphère martienne. Des études récentes ont accumulé les indices prouvant la présence passée d’eau liquide en quantité suffisante pour voir fleurir la vie : vallées et canyons creusées par des courants d’eau, roches transformées par l’eau, trace d’une mer salée peu profonde, et tout récemment blocs de glace sous la surface loin des pôles.

  • Roche martienne(Handout: NASA / 2004 AFP)

Mars ressemblait à la Terre

Il y a 3,8 milliards d’années, la planète rouge avait certainement un tout autre visage. Son atmosphère aujourd’hui si fine devait être beaucoup plus dense, et son climat chaud et humide. Mais il y a 3,5 milliards d’années, un évènement soudain et extrêmement rapide a transformé cette planète si apte à recevoir la vie en une planète froide où une très faible pression règne. A ce moment là, l’eau liquide potentielle en surface a disparu.

Le spectromètre à l’oeuvre

Selon un scientifique travaillant sur la mission de l’orbiteur Mars Express, la présence de formaldéhyde dans l’atmosphère martienne vient d’être prouvée. Il l’a annoncé à l’occasion de la conférence scientifique sur Mars Express à Noordwijk aux Pays-Bas, le 24 février dernier. Le formaldéhyde, selon Vittorio Formisano, est ici presque synonyme de Vie. Vittorio Formisano est responsable du spectromètre planétaire Fourier à l’Agence Spatiale Européenne. L’analyse de la fréquence de la lumière infrarouge dans l’atmosphère martienne permet d’identifier les composés chimiques présents.

Beaucoup trop de méthane

La présence de méthane, ou gaz naturel, (CH4) dans l’atmosphère de la planète rouge était déjà connue. Etant donné que le formaldéhyde (CH2O) est un produit direct de l’oxydation du méthane et que l’atmosphère de Mars est oxydante, les chercheurs ne sont pas trop surpris d’en découvrir la trace sur Mars. Par contre, la quantité surprenante de formaldéhyde avancée par Dr Formisano a de quoi éveiller l’attention des plus récalcitrants. En effet, il affirme avoir trouvé 10 à 20 fois plus de formaldéhyde que de méthane ! Une conclusion s’impose : Les estimations de la production en méthane de la planète rouge doivent être revues à la hausse, une hausse telle qu’aucun processus géologique ne pourrait l’expliquer. D’autres sources de méthane doivent être alors envisagées et parmi elles la présence d’êtres vivants, telles les colonies bactériennes créant du méthane peuplant les endroits les plus insolites de notre planète Terre. Bien sûr, la présence de vie sur Mars est encore loin d’être prouvée, mais les indices s’accumulent. La difficulté inquiétant les scientifiques est que les possibles êtres vivants pourraient vivre plusieurs dizaines ou centaines de mètres en dessous du sol martien, rendant les investigations difficiles.

La recherche du Dr Formisano a été rejetée par le grand journal scientifique , comme nombre d’autres études dont les conséquences pourraient être dérangeantes et contestées. Néanmoins, cette étude sera bientôt publiée dans le journal Planetary and Space Science.