Démissions provoquées par les Neuf Commentaires : Pékin en crise
Alors que la série éditoriale de La Grande Époque « Neuf commentaires sur le parti communiste chinois (PCC) », ( « Jiuping
»), est largement diffusée en Chine, le PCC subit une pression sans
précédent, l’obligeant à tenter de remédier à l’influence des
commentaires et à la vague de démissions du parti.
De façon à
remédier à cela, le PCC a géré cette crise significative en janvier en
se basant sur ses « expériences » passées. D’urgence, le PCC a établi
une chaîne administrative prenant source dans les plus hauts échelons
pour mettre sur pied un groupe d’intervention spécial, appelé selon une
traduction littérale « groupe principal d’éducation pour maintenir la
nature supérieure des membres du PCC. »
He Guoqiang, chef du
Département d’organisation du comité central du PCC, a été nommé
représentant de ce groupe chargé de se concentrer sur la vague de
démissions ayant suivit la publication des Neuf commentaires.
Avant cela, à la mi-décembre, le Comité de politique et de lois avait
publié un document exigeant le renvoi de tous ceux qui quitteraient le
parti, mais cette procédure s’est avérée inefficace.
La publication de la série éditoriale par le journal Dajiyuan (version chinoise de La Grande Époque)
à la fin de l’année 2004 a exposé la nature perverse et corrompue du
PCC. L’audace de ce geste a bouleversé Pékin. Après une période de
silence prolongé, le PCC a publié un article intitulé « Réseau contre
la culture chinoise », sous-titré « Les Neuf commentaires de La Grande Époque peuvent-ils vraiment renverser le PCC? ». L’article avance que les Neuf commentaires sont « la plus sérieuse remise en question du gouvernement chinois dans l’histoire. »
Les démissions massives du parti suite aux Les Neuf commentaires ont apparemment créé une agitation défavorable pour lui. Depuis le 3 décembre, le site Internet de Dajiyuan http://tuidang.daijiyuan.com/
a reçu les déclarations de démissions de plus de 40.000 personnes.
Récemment, le nombre de personne se retirant de la Ligue jeunesse du
parti a augmenté brusquement, avec 5.000 à 6.000 personnes affichant
leur démission chaque jour sur le site Internet, la plupart provenant
de Chine continentale. La vague de démission, qui ne démontre aucun
signe d’essoufflement, entraîne de plus en plus de membre du PCC en
Chine continentale.
Historiquement, le PCC a formé un groupe
d’intervention spéciale au sein du système administratif du parti pour
pallier aux crises majeures. Les groupes spéciaux d’intervention sont
responsables de certaines politiques imposées, leur autorité surpassant
celle du Conseil d’État et la constitution nationale. Ils ont le
pouvoir de mobiliser l’armée et d’utiliser les ressources financières
de l’État. Certains de ces groupes spéciaux d’intervention utilisés par
le PCC ne sont autre que le groupe central de la Grande Révolution
culturelle et le Bureau 610, mis sur pied pour persécuter le Falun Gong.
Le
mois dernier, ce dernier groupe spécial d’intervention a établi 58
groupes chargés de surveiller la mise en œuvre à tous les niveaux de
gouvernements locaux dans leur application du mouvement. Présentement,
ils opèrent dans 31 provinces et municipalités et 115 départements
directement sous le contrôle du comité central du Parti, et aussi dans
le département central d’agence d’État et le comité central, dans les
institutions directement subordonnées au Conseil d’État, dans 14
organes financiers et dans 36 entreprises gérées par les chefs du
gouvernement central.
Des rapports indiquent que plusieurs de
leurs activités ont pour but la consolidation de l’organisation du
parti. Le 19 février, le quotidien Wenhui de Hongkong a
rapporté qu’environ 200 hauts fonctionnaires civils et militaires se
sont récemment rencontrés à l’École centrale du Parti de Pékin pour
écouter d’ « importants » discours prononcés par Hu Jintao, discours
ayant pour but d’unifier leur idéologie et de renforcer leur unité. La
Classe de formation à Guangzhou pour conserver la supériorité du parti
a débuté sa session le 8 février au Hall mémorial de Zhongshan. Le
représentant du groupe, Lin Shusen, est le chef du PCC à Guangzhou. Il
a révisé le serment d’adhésion au parti avec 30 000 acolytes et il a
donné l’ordre aux 400.000 membres du parti de la ville de regarder les
spectacles.
Le PCC a récemment mis au courant le cercle
restreint des membres de haut niveau du parti, au sujet du groupe
d’intervention spécial, essayant ainsi d’alléger la pression causée par
la vague de démissions et des Neuf commentaires. Une source
bien informée a révélé que l’intention du parti serait de rechercher la
coordination des membres pour redonner vie au PCC. Mais le parti cache
ses intentions aux médias locaux et à la population. D’un côté, le PCC
clame vigoureusement « maintenir la supériorité » pour essayer de
maintenir une harmonie dans la société et diminuer la vigilance des
gens.
Quand les civils voient la réaction du parti et la rééducation mise en œuvre, suite aux Neuf commentaires, ils sont encore plus impatients de lire la série éditoriale. Alors que le désir de lire les Neuf commentaires
perdure chez les civils et les membres du parti, la publication se
diffuse davantage dans la société. Beaucoup de membres du comité
demandent aux gens voyageant à l’étranger de ramener les Neuf commentaires avec eux et ont demandé à leurs familles et amis outre-mer de démissionner du PCC en leur nom.
À
présent, l’activité principale du groupe d’intervention spécial est
d’obliger les membres du parti à suivre des cours, à lire la
constitution du parti et la littérature historique. Par exemple, selon
le quotidien Szechuan, en date du 15 février, dans la province
du Szechuan, les dirigeants du PCC du comté et ceux de plus haut
niveau, ont donné plus de 300 classes, avec plus de 130 000
participants.
On peut s’interroger sur l’effet de ses actions. La
résignation du citoyen de Chine continentale, Huang Junfang, publié sur
le site internet de démission le 13 février dernier, offre une
description vivante de la participation aux classes du Parti et
pourrait même démontrer le point de vue le plus répandu chez les
membres du parti. Huang raconte: « Bien que j’occupe un poste dans
le gouvernement de cette secte perverse, je ne crois pas au PCC et
encore moins au spectre du communisme. Je ne voulais même pas que les
mots du leader entrent dans mes oreilles. Durant les deux heures de la
classe, j’étais assis dans le calme les yeux fermés et j’ai
silencieusement récité « Buddha Amitabha, Buddha Amitabha » tout le
temps. Je n’ai ouvert mes yeux qu’à la fin. »
Sur le site
internet où sont publiées les démissions, un Chinois du nom de Yang Cun
a publié une déclaration le 22 février au sujet de la Conférence
politique consultative du PCC. « D’après mes rencontres avec les
gens, il paraît que 3 membres du parti sur 10 sont tout à fait prêts à
quitter le PCC, 3 sur 10 veulent le faire sans oser le dire, 2 sur 10
ne veulent pas le quitter à cause des avantages matériels, et les 2 qui
restent sont dans un dilemme. Alors, je me demande, est-ce que chaque
démission représente une centaine ou un millier de membres du Parti? »
Version anglaise diponible ici.
Version chinoise disponible ici.