Stockwell Day sur l'avenir du communisme en Chine
Un hommage à La Grande Époque
À mon bureau, nous avons appris à attendre impatiemment l’arrivée de l’hebdomadaire La Grande Époque.
C’est une source d’informations et de commentaires abordant des sujets
qui m’intéressent, mais qui, tristement, sont rarement abordés ou sont
minimisés dans les médias canadiens.
Les éditeurs de La Grande Époque sont préoccupés par le
progrès de la démocratie à travers le monde et sensibles à la
souffrance humaine, peu importe le lieu. Les numéros précédents ont
exposé les comportements oppressifs des régimes de Birmanie (Myanmar),
du Népal, du Soudan, du Vietnam, du Zimbabwe et de plusieurs autres.
Cette couverture s’est révélée précieuse pour moi, car j’ai fait
pression sur le gouvernement canadien pour qu’il joue un rôle plus
important dans la promotion des droits humains à travers le monde.
Dans
nos journaux à grand tirage, la section des nouvelles internationales
rétrécit et se retranche de plus en plus vers la fin des cahiers. Les
éditeurs expriment souvent un authentique souci humain pour les gens
qui reçoivent l’attention des services de presse principaux. Toutefois,
dans les pages principales de ces mêmes journaux nous trouvons peu
d’indice qu’ils sont intéressés à couvrir plus de mauvaises nouvelles
qu’ils peuvent en contenir confortablement. Le tout à l’intérieur des
limites de nos préoccupations locales majeures concernant la santé et
la prospérité. Rarement démontrent-ils l’esprit d’enquête dont fait
preuve La Grande Époque.
Trop de gens ne semblent pas
réaliser que notre indifférence quant aux circonstances dans lesquelles
la plupart de la population mondiale évolue rend service à la
propagande des ennemis acharnés de notre mode de vie.
Je recommande la lecture régulière de La Grande Époque en tant qu’antidote au nombrilisme.
Les Neuf commentaires sur le Parti communiste
Le
thème que nous abordons aujourd’hui est la présente désillusion par
rapport au communisme de la République populaire de Chine. Alors qu’il
s’agit du sujet que les éditeurs de La Grande Époque et la plupart de ses lecteurs ont le plus à coeur, ce n’est pas une préoccupation paroissiale ou ethnique. La Grande Époque considère la question de la Chine dans un contexte global de lutte pour la démocratie et les droits humains.
La plupart d’entre vous connaissez les fondements de cette histoire.
La Grande Époque
a publié, tout d’abord en chinois (novembre 2004) et ensuite en
plusieurs versions traduites, un document intitulé «Neuf commentaires
sur le Parti communiste» qui est paru par la suite sur Internet. Ce
document passe en revue l’histoire du Parti communiste chinois exposant
les distorsions que le gouvernement de la République de Chine propage
et défend encore. Ces distorsions ont été, malheureusement, répétées
dans nos communautés savantes par les étudiants de l’histoire de la
Chine moderne, dans les commentaires éditoriaux et dans les cercles de
décision politique. Les effets de la publication des Neuf commentaires ont
été électrisants. En date du 10 mai 2005, 1,3 million de personnes
(maintenant près de 2 millions) avaient publiquement enregistré leur
démission du Parti communiste chinois. Chaque jour, 10 000 autres
démissions sont affichées sur ce site Internet. Des banderoles et des
affiches ont commencé à apparaître partout en Chine annonçant ces
démissions et des discussions ont lieu partout. Plusieurs des
signataires ont dû payer cher de leur peau, parmi lesquels ont retrouve
plusieurs professeurs, fonctionnaires, professionnels et autres.
Ces
événements bouleversants ont poussé l’École centrale du Parti
communiste chinois à envoyer d’urgence, dans chacune des 58 provinces
chinoises, des cadres pour organiser l’étude politique et pour
s’assurer d’une ré-allégeance au Parti communiste chinois. Il semble
que cette campagne en réaction aux pauline Neuf commentaires a
eu un effet boomerang. En effet, elle a fait davantage de publicité à
leur existence et ont donné d’autant plus de poids aux mots des
commentaires.
Le fait le plus étonnant de cette histoire – et
certainement, pour ma part, le plus décevant – est la négligence quasi
totale de la part de nos médias.
Nos journalistes, rédacteurs et
éditeurs ne considèrent-ils pas cela comme une histoire importante? Que
pourrait-il y avoir sur terre de plus important? Est-ce qu’ils en
questionnent la véracité? Peut-être ont-ils été inoculés par la
propagande que le Parti communiste chinois dispense généreusement quant
au miracle économique et aux enjambées constantes vers la prospérité du
peuple chinois? Il est bien de rappeler, dans ce contexte, le presque
total échec de nos journalistes, académiciens et commentateurs
professionnels à accepter l’augure de l’imminente chute de l’Empire
communiste européen en 1989. Ils avaient sous-estimé la demande de
démocratie, le rôle des dissidents et des refusniks. Même alors que le
communisme soviétique se fissurait, nos propres commentateurs niaient
la vitalité des puissantes forces régionales, basées sur des mémoires
traditionnelles de solidarité ethnique et rejetant la force de
l’appartenance religieuse après plus de 60 ans d’athéisme officiel
déclaré.
En général, les journalistes ont besoin d’une
perspective historique plus longue. En référence à nos intérêts ici,
ils doivent consulter l’histoire du désir de démocratie en Chine et
l’existence vitale des accomplissements démocratiques du passé.