Hao Fengjun : Pourquoi je me suis échappé de Chine (partie III)

Écrit par Hao Fengjun, Collaboration spéciale pour La Grande Époque
20.06.2005

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Ma sympathie pour un vieux scientifique a tout déclenché

Juste

après le Nouvel An de l’année 2004, au Bureau de la Sécurité d’Etat où

je travaille nous avons reçu une instruction spéciale. Quatre ou cinq

policiers, dirigés par le chef du Bureau 610, Shi He, se sont rendus

dans la ville de Shijiazhuang dans la province de Heibei pour s’occuper

d’une «affaire » spéciale. Quand ils sont revenus, j’ai vu un homme aux

cheveux blancs, suspendu par des menottes dans la salle

d’interrogatoire.

  • Hao Fengjun, ex-officier du bureau 610(攝影: / 大紀元)

 

Plus tard j’ai appris qu’il s’agissait d’un haut

fonctionnaire de la province de Heibei du nom de Jing Zhanyi. L’idée

était de montrer au monde combien ce fonctionnaire regrettait de s’être

impliqué dans les affaires du Falun Gong.

Ce jour là, alors que l’interrogatoire était minutieusement mené,

je me trouvais derrière la porte. J’ai entendu le directeur adjoint du

Bureau de la Sécurité d’Etat, Zhao Yuezeng dire à Jing Zhanyi qu’ils

réduiraient sa peine s’il voulait bien lire quelques phrases qu’ils

avaient spécialement préparées pour lui mais que s’il refusait il

serait accusé de trahison et ferait face soit à une condamnation à vie

ou il sera fusillé par un peloton d’exécution. Le pauvre vieil homme a

cédé à leurs requêtes et est allé à la télévision critiquer le Falun

Gong avec leurs mots. Puis ils l’ont condamné à sept ans de prison.

La

journaliste m’a vu au moment où elle quittait la salle d’interrogatoire

et a voulu que je fasse des commentaires, espérant sans doute que je

ferais des commentaires soutenant la situation. Mais à sa grande

déception je lui ai dit « Ce ne sont que des mensonges, n’est ce pas ?

» et je suis parti la laissant sur place sous le choc.

Mon

commentaire à cette journaliste m’a valu beaucoup de tracas. Deux jours

après l’incident, le directeur adjoint Zhao Yuezeng est venu me voir et

m’a demandé ce que j’entendais par « mensonges ». Sans mâcher mes mots

je lui ai demandé « Pourquoi avez-vous menacé Jing Zhanyi ? » Il a tapé

sur la table et a dit que je me révoltais. Je savais dans mon cœur que

se quereller avec lui équivalait à jeter un œuf sur de la pierre, aussi

suis-je resté silencieux. Il a dit que je devrais me remettre en

question et écrire une auto critique avant de retourner à mon poste.

Je

fus alors gardé dans une cellule d’isolation dans la 7ème division du

Bureau de la Sécurité d’Etat, où il y a des cellules de confinement

destinées spécialement aux policiers. Au moment où je suis entré dans

la cellule j’étais complètement désespéré.

Ce fut la

première et la dernière fois que j’ai été enfermé dans une cellule. La

cellule de 10 mètres carrés n’avait aucune fenêtre. Une ampoule pendait

à une corde au plafond et restait allumée vingt quatre heures sur vingt

quatre, et les toilettes qui se trouvaient dans un coin émettaient une

puanteur constante. Le mois de février est extrêmement froid à Tianjin,

mais il n’y avait pas de chauffage dans la cellule. J’ai vécu

pratiquement un mois dans ces conditions. Quand je suis sorti de la

cellule, mes oreilles et mes mains étaient blessées par la température

glaciale : mes mains étaient enflées alors que du pus sortait

constamment de mes oreilles. Pendant ces trente jours je n’ai pas eu le

droit d’appeler ma famille, même pas une seule fois. J’ai été tourmenté

physiquement et moralement par ces gens jusqu’au stade de

l’effondrement. Malgré ça je n’ai pas écrit un mot de repentir.

Finalement un jour j’ai été libéré sans explication. Plus tard j’ai su

qu’ils essayaient de cacher cet incident de peur que je révèle qu’ils

torturent les pratiquants du Falun Gong et d’autres scandales.

Après

ma libération j’ai été muté à la salle du courrier, délivrant des

journaux et du courrier et faisant différentes tâches jusqu’à ce que je

me sauve à l’étranger. Ma fiancée a beaucoup souffert alors que j’étais

en cellule d’isolement. Elle sentait que quelque chose clochait mais

quand elle, ma mère et mon frère ont appelé le bureau pour demander

après moi, ils leur ont dit que j’étais en voyage d’affaire. J’ai eu le

cœur brisé quand j’ai appris cela. Ils sont tellement manipulateurs

qu’ils arrivent même à mentir à la famille de leurs propres employés !

Ma fuite vers la liberté et la démocratie

Normalement

en Chine les fonctionnaires de police ne sont pas autorisés à aller à

l’étranger. S ils vont à l’étranger c’est après une période de «

préservation de secrets » qui pour un fonctionnaire du Bureau de la

Sécurité d’Etat est égal à au moins à cinq ans après sa démission.

Sinon on est traité comme coupable de trahison. En conséquence obtenir

un passeport a été pour moi un véritable problème car je ne voulais pas

alerter mon unité de travail. J’ai eu recours à un ami qui a changé les

détails de mon unité de travail sur mon certificat familial et j’ai pu

avoir un passeport facilement.

En février 2005 j’ai enfin

obtenu un visa pour l’Australie. J’ai commencé à préparer mon voyage.

Je suis allé à l’aéroport de Beijing à 9h00 du matin le 14 février et

j’ai pris un avion le même jour pour Shenzhen, espérant passer la

douane et arriver à Hong Hong à 18h30.

Alors que

j’attendais de passer le contrôle de frontière à Shenzhen, j’avais peur

d’être fouillé parce que j’avais sur moi un grand nombre de dossiers

enregistrés sur mon MP3 contenant des informations sur la persécution

organisée du Falun Gong par le gouvernement chinois. J’ai appelé ma

famille et leur ai dit que si je ne les appelai pas vers 19h30, cela

voudrait dire que je n’avais pas pu passer le contrôle de frontière et

que j’étais en danger.

C’est en tremblant que ma fiancée

et moi-même sommes montés dans l’avion de Hong Kong pour l’Australie.

C’est avec un grand soulagement que nous avons atterri le 15 février,

sur une telle terre de beauté, de liberté et de démocratie.

Maintenant

mon unité de travail a compris que j’étais parti et ils ont commencé à

faire pression sur ma famille pour qu’ils me convainquent de retourner.

Ils ont promis « qu’ils s’occuperaient de tout » si je retourne en

Chine. Le plus dur c’est qu’ils trompent et menacent aussi la famille

de ma fiancée. Je sais que nous ne devons pas retourner. Ils

utiliseront les moyens les plus méprisables pour traiter avec nous.

J’ai envoyé une lettre de démission à mon unité de travail mais ils ont

refusé de l’accepter et ont préféré me licencier. Ils ont aussi menacé

ma fiancée et moi-même à travers nos familles, « ne racontez pas de

bêtises » ou les choses iront mal pour nos familles en Chine.

Ni

ma fiancée ni moi-même ne pouvons téléphoner à nos familles parce que

les téléphones sont sur écoute. Le seul moyen que j’ai pour communiquer

avec la famille est d’appeler mon frère à son bureau. Au téléphone mon

frère ne parle jamais de la situation de la famille mais il essaie

seulement de me réconforter en disant que tout va bien. Pourtant je

sais qu’ils font face à des difficultés et au danger. Je me sens

vraiment mal de voir les épreuves que je fais subir à nos deux

familles. Je ne sais si nous nous reverrons un jour.

Inspiré par les “Neufs Commentaires” et la défection de Chen Yonglin j’ai décidé de me lancer

Je

suis tout à fait certain que le gouvernement chinois ne laissera jamais

ma famille et moi-même tranquilles. Depuis que je suis arrivé en

Australie j’ai lu les Neufs Commentaires et j’ai été profondément

touché. Parmi les articles et les événements mentionnés dans les Neufs

Commentaires j’en ai vu certains et pas d’autres. Mais les citoyens

chinois ordinaires ne pourront jamais voir ces articles. Les Neufs

Commentaires exposent les aspects noirs de la Chine basés sur des

faits. Après les avoir lus j’ai ressenti l’urgence d’en sortir.

Il

y a quelques jours, à une manifestation en mémoire du massacre du 4

juin, j’ai appris que Chen Yonglin ex Consul général chinois en

Australie a révélé ouvertement en public l’infiltration du gouvernement

chinois à l’étranger. Cela m’a profondément inspiré. J’ai pensé que

Chen Yonglin en tant que diplomate du régime communiste chinois avait

fait un choix courageux et j’ai été fier de lui, ce qui m’a incité à

faire un pas en avant pour soutenir Chen Yonglin par ma propre action.

Je

suis heureux d’avoir trouvé une harmonie de nouveau dans ma vie. Je

crois fermement que la poursuite de la justice est le but perpétuel de

ma vie.

Je remercie ma famille et la famille de ma

fiancée de nous avoir donnés du courage et de la force. Je remercie

aussi tous les gens bienveillants qui nous ont aidés.