Asile pour Han Guangsheng
Une cour canadienne sur l’immigration a récemment refusé la demande de
statut de réfugié de l’ex-officier chinois Han Guangsheng, sur la base
qu’il avait été complice de son gouvernement en commettant des crimes contre l’humanité.
Han,
qui a fui la Chine en venant au Canada en 2001, est un ancien chef du
Bureau judiciaire de la ville de Shenyang dans la province de Liaoning.
Il était le responsable de la supervision de quatre camps de travaux
forcés et de deux prisons dans la région du nord-est. Les camps, en
période culminante, pouvaient contenir jusqu’à 500 pratiquants du Falun
Gong, détenus sans procès pour leur refus de renoncer à leur croyance.
Han
dit qu’il sait que des cas de tortures existaient vraiment dans ses
camps, bien qu’il agissait selon ses pouvoirs pour essayer de les
arrêter.
Le jugement de la cour disant que des membres du
système de sécurité chinois sont complices des crimes contre l’humanité
est bienvenu. Il est temps que les gouvernements occidentaux cessent de
parler si gentiment des choses évidentes : le Parti communiste chinois
viole systématiquement les droits humains d’une grandes partie de la
population de la Chine.
Mais le cas de Han demande plus de réflexion.
Dans
un environnement où les ordres concernant le Falun Gong viennent non
pas de ceux du niveau de M. Han, mais directement des hauts dirigeants
communistes, et où la compensation des officiers est liée à leur
efficacité dans la «transformation» des pratiquants du Falun Gong, des
membres de l’Église et des dissidents politiques, les efforts de Han
pour alléger la répression méritent reconnaissance.
Il a
relâché plus de 150 pratiquants du Falun Gong d’un camp de travail sans
avoir reçu l’ordre de le faire et il n’a pas poursuivi les pratiquants
qui s’étaient échappés. Il déclare avoir congédié un agent de sécurité
qui regardait et n’arrêtait pas la torture d’une fille de 15 ans par
choc électrique dans un de ses camps.
Han a aussi soumis aux
autorités, au déplaisir de ses supérieurs, des rapports de sévères
tortures et de mauvais traitements des femmes dans le camp de travail
Masanjia, le seul camp à Shenyang qu’il ne supervisait pas.
Sachant
que le manquement à suivre les ordres d’en haut pourrait mettre en
danger sa propre position et sa sécurité, M. Han semble avoir fait un
effort honnête.
En 2001, malgré le mépris de ses collègues, il
a troqué son poste élevé, son chauffeur et ses avantages
gouvernementaux pour une chambre dans un sous-sol de Toronto et une
meilleure conscience.
La décision rendue suite à la demande de
statut de réfugié de M. Han aura un impact important sur d’autres
officiers qui pourraient suivre son exemple. Han Guangsheng se voit
lui-même comme un Oskar Schindler qui protégeait des Juifs pendant la
terreur nazi en Allemagne. S’il est retourné en Chine, il sera sans
aucun doute puni pour sa position maintenant rendue publique. Quel sera
le message qui sera ainsi envoyé aux autres officiers dont la
conscience leur dicte de ne pas se ranger du côté des oppresseurs
communistes, mais qui manquent de courage pour prendre une telle
position?
En fait, M. Han a été inspiré d’exprimer publiquement
son histoire par Chen Yonglin, l’ex-premier secrétaire du consulat
général à Sydney qui avait annoncé sa désertion au début juin, et par
Hao Fengjun, un ex-membre du «Bureau 610» qui a fait de même. Il y a
quelques jours seulement, une autre désertion d’un officier chinois
haut gradé était annoncée en Belgique. Autant que nous sachions, il a
été inspiré par M. Han.
Han Guangsheng mérite le statut de
réfugié au Canada. Lui donner un tel statut pourrait aussi être un des
plus grands pas que le Canada peut faire pour promouvoir la cause des
droits humains en Chine. Cela aiderait à donner aux autres le courage
de rompre avec le Parti communiste chinois et ses méthodes brutales de
persécution.