La grippe aviaire se répand-elle déjà en Asie?

Écrit par Cindy Drukier et Jan Jekielek - La Grande Époque
04.08.2005

Le bilan des morts continue de s’alourdir alors qu’une maladie mystérieuse a tué au moins 34 personnes et a en rendu malades au moins 174 autres dans la province de Sichuan (Chine), a rapporté un média contrôlé par l'État chinois.

  • Un patient chinois(攝影: / 大紀元)

Les autorités sanitaires de la province de Sichuan disent que ni le H5N1, une variante du virus de la grippe aviaire qui pourrait causer une future pandémie, ni le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ne causeraient ces morts. Ils affirment qu'un facteur pathogène chez les cochons, une bactérie appelée Streptococcus suis, est responsable des infections rapportées dans 75 villes et 40 communautés, quelques-unes à proximité des grands centres urbains.

Pourtant, les évaluations contradictoires des experts ont mis en doute cette affirmation et ont mis en évidence le besoin de transparence dans le système chinois de contrôle des maladies.

Les sites Internet Promedmail.org et Recombinomics.com, qui surveillent de près les maladies infectieuses, suggèrent qu'une bactérie porcine ne serait probablement pas la cause. Selon eux, les symptômes rapportés, l’étendue de l'ensemble des territoires affectés, la vitesse à laquelle la maladie s'est répandue et la dernière éruption sporadique du Streptococcus suis, portent ainsi à croire que la cause serait plutôt virale.

Les modérateurs de Promedmail.org, tenu par l'«International Society for Infectious Diseases», déclarent que la maladie décrite par les officiels chinois ne ressemble pas à la grippe aviaire.

Pourtant, affirmer la vraie nature de la maladie est difficile puisque les autorités chinoises n'ont pas encore permis d’analyse indépendante du facteur pathogène dans la province de Sichuan.

«La situation dans la province de Sichuan est difficile à analyser à cause d'un manque d'information», déclare Dr Henry Niman, fondateur et président de « Recombinomics Inc.», le centre de recherche et de prédiction des changements viraux qui maintient le site Recombinomics.com.

À cause d’un manque d'information, certains craignent le pire. Des rapports non confirmés provenant de Chine sur Boxun.com («nouvelles abondantes» en français) décrivent des symptômes remarquablement similaires à certains associés à la pandémie de grippe de 1918. Des articles parus sur le site Internet suggèrent aussi que la maladie pourrait être dans la lignée de l'Ebola. Selon Niman, une souche de l'Ebola aurait échangé du matériel génétique avec le H5N1. C'est possible, pourtant peu probable, qu'une nouvelle souche d'une des deux maladies émerge.

Boxun ne clame pas avoir de l'information définitive, mais fait appel pour une enquête plus en profondeur.

Des incidents antérieurs démontrent que plus d'investigations sont nécessaires. En cachant le SRAS en 2002, le gouvernement chinois a permis à la maladie de se déchaîner pour finalement en perdre le contrôle. Le SRAS a tué 800 personnes partout dans le monde et 8000 autres en ont été atteintes. Le SRAS n'a été mondialement découvert que lorsque des comptes rendus de source sûre sont apparus sur les sites Internet de Boxun et de Da Ji Yuan (version chinoise de La Grande Époque).

Les experts font pression pour une isolation et une identification indépendante du facteur pathogène de la province de Sichuan, mais jusqu'à maintenant, rien n'a été permis.

On s’est buté à la même porte fermée pour une enquête sur les récents cas de H5N1 dans la population d'oiseaux sauvages de la réserve naturelle du lac Qinghai, à l'ouest de la province de Sichuan, de même qu’au Xinjiang.

Ni les données brutes ni les échantillons requis pour une évaluation génétique crédible n’ont été rendus disponibles.

«Autant que je sache, le ministère [chinois] de l'Agriculture n'a envoyé d'échantillons ni aux laboratoires de référence internationale ni aux centres de collaboration de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)», a déclaré Roy Wadia, porte-parole de l’OMS à Beijing, cité par le Telegraph Group du Royaume-Uni lundi dernier. Les enquêteurs de l’OMS se sont fait refuser l’accès à la région du Xinjiang également.

D'autres rapports suggèrent que d’autres rebondissements seraient en train de survenir. En juin, les chercheurs de l’OMS, lors de leur seule visite permise dans la réserve de Qinghai où les médias contrôlés par le gouvernement chinois avaient reconnu la mort de 1000 oiseaux migratoires, ont trouvé 5000 oiseaux morts. Le nombre de décès augmentait de 20 par jour.

Peu après, Boxun.com a rapporté 121 morts d’humains près du comté de Gangca, de même qu’une quarantaine militaire effectuée à cet endroit. Cette allégation a été niée par les médias d’État. Peu de détails ultérieurs sont apparus sur Boxun, sauf pour une brève le 5 juin à propos de l'arrestation des journalistes qui avaient publié les nouvelles précédentes.

Dr Yi Guan, un chercheur sur le H5N1 à l'université de Hong Kong, a analysé des échantillons génétiques d'oiseaux contaminés par la grippe aviaire et a publié ses découvertes dans la revue Nature, le 25 mai. Lui et ses collègues chinois et américains ont décrit de fortes similarités entre les gènes viraux trouvés dans les oiseaux sauvages dans l'ouest de la Chine et le H5N1 des fermes de volailles trouvé plus tôt dans le sud de la Chine. Ils ont aussi découvert que les oies de Qinghai contenaient des «gênes virulents» créant un taux de mortalité de 100 %, tant chez les poules que chez les souris.

L'étude conclut ensuite qu'il y avait un «... danger que le H5N1 puisse être amené avec la migration hivernale des oiseaux vers les zones densément peuplées du sous-continent sud asiatique, une région paraissant ne pas souffrir de ce virus, et se répandre par les corridors migratoires reliés à l'Europe».

Le jour suivant la publication de l’article, le directeur général du bureau vétérinaire du ministère chinois de l'Agriculture, Jia Youling, a critiqué les découvertes et nié l'existence d'une quelconque épidémie de grippe aviaire dans le sud-ouest de la Chine. Quatre jours plus tard, le «Joint Influenza Research Center» où le Dr Yi a conduit son étude sur la grippe aviaire a été obligé de cesser ses recherches sur le H5N1. Le média d’État PRC a rapporté que c'était parce que le laboratoire souffrait d'un manque «de conditions de base pour la sécurité biologique», une affirmation niée par le centre.

Actuellement, l’OMS évalue le risque d'une pandémie mondiale de grippe aviaire à 3 sur une échelle de 6, indiquant que des infections humaines ont déjà eu lieu. Puisque l'ONU doit attendre une confirmation officielle avant qu'un incident puisse être reconnu, cette évaluation pourrait très bien être conservatrice.

Dr Niman dit que l’OMS doit aussi être prudente à déclarer prématurément une pandémie mondiale suite à son expérience avec le SRAS.

Le SRAS avait le potentiel pour devenir une pandémie atroce, mais ce n’est pas arrivé en 2003. En conséquence, des inquiétudes surgissent à propos d'une possible réaction démesurée et de la difficulté de prédire précisément quand un virus comme le H5N1 deviendra transmissible d'humain à humain.

Dr Niman a analysé un modèle apparent de nouvelles éruptions qui, selon lui, rayonneraient à l'extérieur de la réserve de Qinghai, en théorie un résultat de la migration des oiseaux. Près de la région où sont les oiseaux du Qinghai, se trouvent aussi d'autres sites épidémiques du H5N1, en plus d'une région en Mongolie où 400 moutons sont morts d'une maladie mystérieuse au début de juin. Si le coupable était la grippe aviaire, alors le tableau des animaux affectés par le H5N1 inclurait désormais les oiseaux domestiques et sauvages, les cochons et les moutons.

Aussi à l'intérieur de cette région se trouve Novosibirsk (Russie), avec plus de 1000 morts causées par la grippe aviaire dans un volailler domestique (nouvelle rapportée le 26 juillet), et Jakarta (Indonésie), chez les humains, trois membres d'une famille sont morts rapidement un après l'autre suite à l'infection du H5N1 plus tôt ce mois-ci. Les médias ont rapporté à la fin de juin que la grippe aviaire a refait surface dans une ferme de volailles près de Tokyo (Japon).

Tout cela soulève la question à savoir si la grippe aviaire pourrait déjà être devenue une pandémie en Asie.

Le 22 juillet, l’OMS a émis un autre avertissement selon lequel la pandémie de grippe aviaire était imminente. Selon ses résultats, il y a eu 109 cas confirmés de grippe aviaire, causant 55 morts chez les humains au Vietnam, en Thaïlande, au Cambodge et en Indonésie,