La laïcité a 100 ans

Écrit par Frédérique Privat
15.01.2006

  • La laicite a l ecole(攝影: / 大紀元)

Le 9 décembre dernier, sonnait le centenaire en France de la loi sur la laïcité. En effet, c’est en 1905 que l’état français proclamait « le caractère indivisible et laïque de la République ». Depuis, ce mot a fait bien du chemin et reparu ces dernières années sur le devant de la scène.

Retour sur une idée qui a fait couler beaucoup d’encre depuis le XVIIIème siècle.

La révolution de 1789 marque un tournant dans les relations Eglise - Etat, puisque auparavant, ils étaient intimement liés l’un à l’autre : nobles et religieux étaient souvent frères et les rois toujours sacrés par l’ Eglise…N’était-on pas sous le règne de la monarchie du droit divin ?

Avec la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, c’est la prise de conscience du droit à croire et du droit à pouvoir choisir sa croyance.

Voltaire, qui était pourtant un athée convaincu, prônait tout de même (bien qu’avec une certaine réserve) une forme établie de la tolérance entre religions. Citons ce passage : « un roseau couché par le vent dans la fange dira-t-il au roseau voisin couché dans un sens contraire : « rampe à ma façon, misérable, ou je présenterai requête pour qu’on t’arrache et qu’on te brûle ? »

Un peu plus d’un siècle après, en 1905, la loi sur la laïcité séparant officiellement l’Etat de l’Eglise, était adoptée, mettant un terme à plusieurs siècles de violence au nom de la religion.

Depuis, cette idée s’est étendue à d’autres pays en Europe et dans le monde puisque le droit à la liberté religieuse est présent dans les Constitutions de plusieurs états. Cependant, certains ont instauré le principe de « religion d’Etat » qui n’interdit pas la présence d’autres religions sur son sol mais octroie des avantages (financiers, notamment) au clergé de la religion retenue ( en Italie avec le catholicisme, en Grande-Bretagne avec l’anglicanisme, au Danemark et en Suède avec le luthéranisme…)

En France, avec la commémoration prochaine du centenaire de la proclamation de 1905, un rapport de « la commission sur l’application du principe de laïcité dans la République » présentait au gouvernement, fin 2003, quelques propositions (26 au total), telles que : « la destruction des ghettos urbains, le renforcement des valeurs de laïcité dans l’éducation civique, l’intégration de l’esclavage, de la colonisation et de l’immigration dans l’enseignement »…

Une seule proposition fut retenue et votée en mars 2004, à savoir l’interdiction de port de signes religieux ostensibles à l’école.

L’école ! lieu de rencontre interethnique, interculturelle, devant favoriser, en toute neutralité, l’apprentissage des échanges et de la tolérance pour nos citoyens de demain. On se demande alors si cette loi retenue parmi tant d’autres, serait à elle seule capable de s’atteler à la tache immense que requiert l’application du principe de laïcité en 2005 ?

En effet, face à l’immigration massive entraînant parfois des situations de racisme et de rejet, face au regain de popularité des écoles privées ( de plus en plus de parents se sentant démunis face à l’offre du public, se tournent alors vers le privé…), n’aurait-il pas été préférable d’accorder une attention un peu plus soutenue à cette commémoration en faisant participer les principaux intéressés, la population française ? Car, qui dit « commémorer » implique alors « se souvenir pour mieux aller de l’avant ».

Pour conclure, l’application du principe de laïcité aura démontré qu’au-delà des divergences idéologiques et religieuses, il est nécessaire d’appliquer au sein de toute société les principes de tolérance et d’humilité face à la différence.