Cinquième anniversaire d’un coup monté meurtrier en Chine

Écrit par Caylan Ford et Jason Loftus, La Grande Epoque
28.01.2006

Une enquête indépendante a démontré que l’auto-immolation est un coup

monté meurtrier. Toutefois, très peu de gens connaissent les faits

véridiques.

Il y a cinq ans, un groupe de cinq Chinois est apparu sur

les écrans de télévision du monde entier dans ce qui semblait être une

tentative de suicide.

  • Cette photo, prise des images de la télévision d’État chinoise (CCTV), révèle que contrairement aux affirmations du régime communiste chinois, Liu Chunling n’est pas morte brûlée, mais bien d’un coup porté à sa tête avec un objet dur. Le reste de la séquence démontre que le coup a été porté par un homme revêtant un habit militaire.(攝影: / 大紀元)

 

Les reportages affirmaient que les cinq individus

s’étaient auto-immolés, croyant que ce geste allait leur permettre

d’aller au paradis. L’histoire, telle que racontée par les médias du

gouvernement en Chine, où le Falun Gong est la cible d’une persécution

bien documentée, essayait d’associer l’incident au Falun Gong. C’est

devenu l’argument principal du régime communiste chinois pour dire que

le Falun Gong est dangereux et que la persécution est donc justifiée.

Résumé

C’était en janvier 2001. Le régime chinois

essayait de maintenir sa persécution, qui durait déjà depuis dix-huit

mois, contre la pratique spirituelle Falun Gong. Lorsque l’ancien

dirigeant Jiang Zemin, en 1999, a lancé une campagne politique contre

la pratique, on a rapporté qu’il avait annoncé qu’elle serait éliminée

en trois mois. L’armée, la police secrète et les médias, tous contrôlés

par le gouvernement, ont participé à l’oppression. Malgré cela, non

seulement le Falun Gong n’avait pas été écrasé après dix-huit mois,

mais des voix divergentes, des plus bas aux plus hauts échelons du

gouvernement, demandaient à mettre fin à la campagne de persécution.

«Honnêtement,

les gens qui étaient en charge au niveau local n’aimaient pas faire

cela [ce genre de persécution]», a raconté Hao Fengjun dans une

entrevue avec La Grande Épique en juin 2005.

M. Hao est

un ex-officier du Bureau 610 en Chine, une agence créée pour mener la

persécution du Falun Gong et des croyants des Églises clandestines

(croyants catholiques fidèles au Vatican et au pape, etc.). Il s’est

enfui en Australie en février 2005 et a contacté La Grande Époque pour divulguer son histoire l’été dernier.

Il

a décrit la difficulté du Parti communiste à appliquer la persécution

du Falun Gong en régions. «Les policiers vivent très près du peuple à

ces endroits. Par exemple, peut-être que nous pourrions être voisins et

nous nous verrions tout le temps [...] Si ces gens ne font rien de mal

et ne violent pas la loi, auriez-vous le coeur à les arrêter?»

Le 11 janvier 2001, un article du New York Times intitulé La Chine attaque le Falun Gong dans un nouvel effort de relations publiques

(«China Attacks the Falun Gong in New Public Relations Effort»)

relevait en détail de quelle manière le régime augmentait sa propagande

contre le Falun Gong avec plus de vigueur dans le but de rallier

l’opinion publique à la campagne.

Moins de deux semaines plus tard, le 23 janvier, l’agence Xinhua

(Chine Nouvelle) – porte-parole officiel du régime chinois – annonçait

que cinq personnes s’étaient auto-immolées sur la Place Tian An Men. Xinhua

a immédiatement affirmé que les cinq personnes étaient des pratiquants

de Falun Gong et qu’elles avaient été incitées par le Falun Gong à

commettre un suicide religieux.

Bien que les médias du

gouvernement aient initialement rapporté que cinq personnes avaient été

impliquées dans l’immolation, ils ont par la suite augmenté le nombre à

sept, incluant une fille de douze ans, Liu Siying, dont on dit que la

mère Liu Chunling était morte brûlée dans l’incident.

Cette

«auto-immolation» avait pour but de faire croire que le Falun Gong

était une «secte perverse» qui méritait d’être éradiquée.

Les

médias chinois ont fait circuler la nouvelle avec une vitesse

inhabituelle et l’ont diffusée presque quotidiennement pendant des

mois. À peine deux heures après l’incident – ce qui contraste avec la

lenteur reconnue des médias d’État chinois – Xinhua a envoyé

un communiqué de presse en anglais blâmant le Falun Gong pour ce qui

était survenu. Les médias étrangers ont repris l’histoire, malgré

qu’ils ne pouvaient confirmer indépendamment sa véracité et n’ayant pas

accès aux victimes. Seuls les médias du gouvernement chinois ont eu la

permission d’interviewer les victimes.

Le régime venait de remporter sa plus grande bataille de propagande dans sa guerre contre le Falun Gong.

Dans

l’espace d’une soirée, la population chinoise est passée de

l’indifférence – ou même de la sympathie – envers le Falun Gong, à

l’hostilité. Les brèves sympathies envers la pratique persécutée ont

vite été remplacées par la colère et l’appui de la population à la

campagne d’élimination du régime.

Davantage de Chinois ont

commencé à dénoncer leurs collègues, leurs voisins et même les membres

de leur famille qui pratiquaient le Falun Gong, croyant que le groupe

était vraiment dangereux. Il est rapporté que des foules de citoyens en

colère ont même activement aidé la police à traquer et à harceler les

adhérents du Falun Gong. À l’intérieur du Parti communiste, l’appui

pour la persécution s’est solidifié et les autorités locales avaient de

nouveaux stimulants pour suivre la ligne de parti.

Le nombre de

pratiquants de Falun Gong torturés à mort au cours des dix-huit

premiers mois de la persécution par le régime allait presque triplé au

cours des douze mois suivants.

«Avant l’auto-immolation, j’étais

indifférente au sujet du Falun Gong», a dit Li Xiang, 25 ans, une

étudiante diplômée de Toronto qui était à Beijing à l’époque. Elle a

demandé d’utiliser ce pseudonyme, car elle planifie retourner en Chine.

Comme beaucoup de Chinois, son opinion a changé après l’auto-immolation.

«Je

pensais que le Falun Gong était vraiment dangereux et mauvais», a dit

Mme Li. J’ai été bouleversée quand j’ai appris que la jeune étudiante

en musique s’était immolée. Elle était belle. Je me rappelle encore de

son nom.»

En plein assaut médiatique, pas une seule télévision,

radio ou journal n’a rapporté la version des faits du Falun Gong. Les

Chinois ne pouvaient se renseigner sur le Falun Gong en empruntant un

livre à la bibliothèque, car les autorités avaient déjà confisqué et

détruit des millions de livres. Les sites Internet étaient bloqués et

les dissidents arrêtés. Les Chinois n’avaient droit qu’à la version des

faits provenant du gouvernement. S’ils avaient pu avoir accès à

d’autres sources, ils auraient su que le meurtre et la violence vont à

l’encontre des principes de base de la pratique et n’auraient pas cru à

l’auto-immolation.

Plus important peut-être pour le régime,

l’incident a diminué la pression venant des gouvernements et médias

étrangers, eux qui avaient remarqué la répression. À partir de ce

moment, les écrans de télévision et les journaux autour du monde ont

été balayés d’images de la soi-disant auto-immolation ainsi que

l’histoire, telle que dictée par Xinhua, décrivant comment le Falun Gong avaient mené le groupe à s’immoler.

Ce n’est pas surprenant si les échos de l’auto-immolation sont encore perçus en Occident. Pas plus tard que l’année 2005, Associated Press

publiait un article au sujet de l’auto-immolation, suivant presque

parfaitement la ligne du Parti communiste et n’indiquant que d’une

brève note les conditions suspectes sous lesquelles les médias

étrangers ont eu le droit de questionner un supposé auto-immolé.

Considérant

l’impact que l’incident a eu en aidant à soutenir la torture et le

meurtre de milliers de pratiquants de Falun Gong, les médias

occidentaux auraient mieux fait de porter attention aux inconsistances

frappantes du scénario mis de l’avant par les médias d’État chinois.

Des trous dans l’histoire

Immédiatement

après que la nouvelle de l’auto-immolation se soit répandue, des

pratiquants de Falun Gong à l’étranger ont émis des doutes à savoir si

les victimes étaient des vrais adeptes de la méthode, suggérant même

que l’incident était un coup monté. Ils indiquaient que toutes les

protestations contre la persécution du régime avaient été pacifiques et

que le Falun Gong interdit strictement le meurtre ou le suicide.

Les

pratiquants d’outre-mer ont indiqué que Wang Jindong, le seul

auto-immolé qui apparemment faisait les exercices du Falun Gong sur la

place, ne pouvait même pas exécuter correctement les plus simples des

mouvements du Falun Gong; malgré cela les médias d’État avaient

déterminé (et immédiatement rapporté) qu’il pratiquait depuis 1996.

Les identités des victimes ont été davantage remises en question lorsque le Washington Post

a publié un article sur Liu Chunling (la femme qui était morte dans les

flammes) et sa jeune fille. Un journaliste de ce quotidien était allé

dans la ville natale de Mme Liu, Kaifeng, seulement pour conclure que

«personne ne l’avait jamais vue pratiquer le Falun Gong».

Pendant

ce temps, la condition rapportée de la jeune fille Liu Siying,

maintenant orpheline, soulevait des questions dans les cercles

médicaux. Une entrevue diffusée par China Central Television (CCTV)

montrait la fille, complètement couverte de bandages, chantant une

chanson pour une journaliste de la CCTV, seulement quatre jours après

avoir subi une trachéotomie.

«De toute ma carrière, je n’ai

jamais vu un tel exploit», a dit après l’incident Yu Jianmei, l’ancien

chirurgien en chef à l’hôpital Xuanwu de Beijing, à une station de

télévision située aux États-Unis. «Après avoir subi une trachéotomie,

cette patiente en si mauvais état pouvait encore projeter une voix

claire et pouvait même chanter.»

«De plus, a continué M. Yu, les

patients ayant été brûlés devraient avoir leurs brûlures exposées...

parce que si vous enveloppiez les brûlures, ce serait très difficile

pour l’infirmière de les nettoyer et d’appliquer des traitements. Les

brûlures seraient aussi très propices à s’infecter.»

Malgré la

récupération miraculeuse initiale de la jeune fille, quelques mois plus

tard sa condition s’est soudainement aggravée et les autorités ont

annoncé qu’elle était morte.

Les analystes des bandes vidéo au

ralenti de l’incident, filmé par les médias d’État, suggèrent que la

mort de la mère n’était pas survenue comme indiqué par le gouvernement.

Liu Chunling ne serait pas morte dans les flammes, mais par un coup

porté à sa tête, donné par un homme portant un manteau militaire.

Mais,

comme c’est souvent le cas en Chine, aller au fond de l’affaire s’est

prouvé difficile pour les reporters étrangers. Au début, le régime

permettait seulement aux médias d’État de parler aux victimes de

l’immolation. Plus tard, toutes les victimes étaient soit mortes

(certaines mystérieusement) ou avaient été complètement isolées des

médias.

Il y a toutefois eu une seule exception. Lors du premier

anniversaire de l’auto-immolation en 2002, une des victimes, Wang

Jindong, a été amenée devant les médias pour parler lors d’un événement

strictement chorégraphié. L’homme, dont le visage était déformé par les

brûlures, a expliqué comment le Falun Gong l’avait poussé à faire cette

tentative de suicide.

Néanmoins, un an plus tard, des chercheurs

de l’université nationale de Taiwan ont analysé la vidéo de l’entrevue

que Wang avait eue avec la presse en 2002 et la vidéo de

l’auto-immolation montrant Wang sur la Place Tian An Men en 2001, et

ont conclu qu’il ne s’agissait pas de la même personne.

Les endroits où se trouvent le vrai Wang et les autres survivants ne sont pas connus.

Avec

le temps, les analystes ont découvert d’autres inconsistances. Par

exemple, les policiers étaient sur la Place Tian An Men avec 25

extincteurs dans l’espace de quelques secondes après l’immolation de la

première victime. Toutefois, la police ne transporte habituellement pas

d’extincteurs sur la place. Les dispositifs le plus près pour combattre

les incendies étaient à plus de 20 minutes aller-retour de la scène.

Le combat pour la vérité

Les

preuves démontrant que l’auto-immolation avait été orchestrée

s’accumulaient, et les adeptes du Falun Gong en Chine sont devenus plus

déterminés que jamais à rectifier les faits qui avaient tant nui à leur

réputation. Le régime communiste était pour sa part déterminé à les

arrêter.

En mars 2002, des pratiquants ou des sympathisants du

Falun Gong dans la ville de Changchun au nord-est de la Chine ont

intercepté les ondes de télévision pour diffuser au ralenti les images

de l’immolation du gouvernement. Les autorités ont réagi sévèrement.

Plusieurs biographies de l’ex-dirigeant Jiang Zemin affirment qu’il a

personnellement organisé la réponse à l’incident.

La loi martiale

a été décrétée à Changchun, des points de contrôle ont été établis et

un très grand nombre de pratiquants de Falun Gong ont été arrêtés,

selon un communiqué urgent d’Amnesty International publié à l’époque,

avertissant que ceux arrêtés risquaient la torture.

Des sources

affirment que 5000 personnes ont été arrêtées, la plupart torturées et

plusieurs torturées à mort. Une des personnes les plus connues nommée

dans le communiqué était Liu Chengjun qui a été emprisonné et est mort

suite à la torture le jour après Noël 2003.

Les Chinois qui ont

vu la vidéo au ralenti de l’auto-immolation clarifient pourquoi les

autorités communistes étaient si anxieuses.

L’étudiante Li Xiang a vu la vidéo au Canada.

«J’ai

été bouleversée, a-t-elle dit. Je ne pouvais imaginer comment un

gouvernement d’un si grand pays pouvait mentir sans se sentir

embarrassé de quelque manière que ce soit. Ça m’amène à me questionner

sur tout ce qu’il m’ont dit.

Pour visionner l’incident au ralenti, visitez www.falsefire.info