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Où sont passés les bébés?

Écrit par Sharda Vaidyanath et Caylan Ford, La Grande Époque
12.10.2006
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Imaginez-vous : c'est l'an 2025 et, pour la première fois dans l'histoire canadienne, le nombre de décès surpasse le nombre de naissances, alors que la génération des baby-boomers atteint l'âge d'or.

  • taux élevé d’avortements au Canada, soit 100 000 par année dont 30 000 au Québec seulement.(攝影: / 大紀元)

La majorité des femmes nées au Canada continuent d'enfanter bien en deçà de la moyenne mondiale, tandis que les nouveaux arrivants et les citoyens plus religieux font seulement gonfler légèrement les chiffres.

La population continue d'augmenter surtout grâce à l'arrivée toujours plus soutenue d'immigrants venant d'Afrique, de Chine et d'Asie du Sud, qui fuient leurs terres d'origine surpeuplées et polluées, à la recherche de nouvelles opportunités. Et opportunités il y a : le départ des boomers du marché du travail laisse un vide que le gouvernement est anxieux de combler. Mais avec les opportunités viennent aussi les impôts, laissant aux jeunes le fardeau de supporter un système de santé surchargé.

Cela peu sembler le portrait peu reluisant d'une économie qui peine à éponger le départ massif des baby-boomers, mais si la tendance se maintient, il se pourrait bien que ce soit l'avenir du Canada.

Comme la plupart des pays industrialisés, le Canada continue d'afficher des taux de fertilité (définis par le nombre d'enfants par femme) bien en dessous de la moyenne mondiale et en bas du taux de renouvellement naturel de la population établi à environ 2,1 enfants par femme. Ici, le taux est estimé à 1,6.

C'est un problème qui a atteint un point critique dans certains pays européens. La Russie, par exemple, affiche une décroissance annuelle de la population d'environ 750 000 personnes et aucun pays de l'Europe de l'Ouest atteint la barre du taux de renouvellement naturel.

Pour s'attaquer au problème, des pays comme la France et la Suède ont investi dans des meilleurs services de garde pour enfants. L'Allemagne évalue le coût pour l'implantation de programmes pour aider les parents qui restent à la maison. L'Australie, Singapour et la Pologne, quant à eux, offrent des «bonus bébés» : 4000 dollars en Australie.

«C'est une inquiétude pour tous, qu'en tant que communauté, il y ait assez de gens pour continuer de faire fonctionner la société», mentionne Margaret Somerville, auteur de The Ethical Imagination et directrice fondatrice du Centre de médecine, éthique et droit de McGill. Pour Mme Somerville, la racine du problème est que la société a dévalorisé la famille. Il en résulte qu'avoir des enfants «n'est plus considéré comme une contribution majeure à la société».

Roderic Beaujot, directeur du Population Studies Centre à l’Université de Western Ontario, est d'accord pour dire que le taux bas de natalité au Canada pourrait avoir des conséquences à long terme. Toutefois, il indique que la population est présentement en croissance et que, pour maintenant du moins, il y a plus de naissances que de décès.

Frank Trovato, professeur de démographie et population à l'Université de l'Alberta, croit qu'un «état critique» ou une dépopulation se produira seulement si le pays ne peut plus miser sur l'immigration. D’après Statistique Canada, en 2005-2006, l'immigration internationale continue d'alimenter la croissance de la population canadienne et est responsable pour environ les deux tiers de sa croissance.

Toutefois, alors que de plus en plus de baby-boomers prennent leur retraite, les problèmes de population du Canada deviendront plus sérieux. Contrairement à d'autres pays industrialisés, les décideurs des politiques canadiennes ne semblent pas avoir réfléchi longuement au problème du taux peu élevé des naissances.

«Notre gouvernement croit que les travailleurs plus âgés sont pour l'économie canadienne un atout important et souvent négligé», a répondu Colleen Cameron, responsable des relations avec les médias au ministère des Ressources humaines et du Développement social, lorsqu'elle a été interrogée sur les actions entreprises par le gouvernement pour gérer le problème. «Le gouvernement canadien s'est aussi engagé à construire sur les succès de l'immigration.»

En d'autres mots, la présente stratégie du Canada est d'augmenter l'immigration et d'encourager les baby-boomers à demeurer sur le marché du travail plus longtemps. Ce n'est pas une stratégie viable à long terme, particulièrement lorsque l'on considère le nombre impressionnant de nouveaux arrivants qui seront nécessaires pour combler les postes disponibles. Dans un article qu'elle a coécrit pour The Hill Times, Judi Varga-Toth, des Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques, mentionne que 3,5 millions de nouveaux immigrants seraient nécessaires à chaque année pour contrer les effets du vieillissement de la population.

Mme Varga-Toth croit que les politiciens et les bureaucrates hésitent à parler des taux bas de natalité, «de peur d'êtres perçus comme suggérant un retour en arrière lorsque les femmes avaient plus d'enfants et moins de droits».

Mais les naissances et la participation au marché du travail ne sont pas nécessairement mutuellement exclusives. Comme Judi Varga-Toth l'indique dans son article dans le Hill Times, les pays européens, où les femmes sont davantage sur le marché du travail, ont des taux de natalité légèrement plus élevés que ceux du Canada, grâce à des politiques de l'enfance abordables et fiables.

En 1997, un sondage Gallup dans seize pays sur quatre continents a trouvé qu'autant les hommes que les femmes auraient plus d'enfants si leur société favorisait les familles plus grandes. Les Canadiens qui ont participé à cette enquête ont admis que la famille idéale devrait avoir trois enfants ou plus. Selon Statistique Canada, les femmes canadiennes répondent généralement qu'elles aimeraient avoir en moyenne 2,2 enfants, soit la même réponse donnée par les femmes américaines.

Il y a à quelque part une incongruité. Les femmes canadiennes et américaines interrogées lors du sondage disent peut-être vouloir le même nombre d'enfants, mais les femmes canadiennes ont en moyenne 1,6 enfant, tandis que les Américaines 2,1.

«Les sondages produisent des réponses fantaisistes et ne représentent pas ce que les gens veulent vraiment», explique Mme Somerville. Elle donne l'exemple des sondages sur les dons d'organes où 80 % des répondants disent qu'ils aimeraient faire un don d'organe, mais seulement 15 % d'entre eux signent l'arrière de leur carte d'assurance-maladie ou leur permis de conduire, autorisant le don.

Alors pourquoi les Américains, qui ont le plus haut taux de natalité parmi les pays du G8, sont-ils si près d'atteindre leur taille de famille idéale?

Kevin McQuillan, du département de sociologie à l’Université de Western Ontario, note que «les taux de natalité plus élevés aux États-Unis sont davantage causés par des facteurs culturels que par une politique gouvernementale».

Le plus grand écart de natalité entre les États-Unis et le Canada se trouve parmi les jeunes femmes. Comparés à la plupart des pays industrialisés, les États-Unis ont des taux de natalité relativement élevés chez les femmes âgées entre quinze et dix-neuf ans. Selon Statistique Canada, chez les femmes 20-24 ans, les Américaines ont des taux 75 % plus élevés que les Canadiennes. Chez les femmes 25-29 ans, le taux est de 15 % plus haut.

C'est une tendance assez nouvelle. Entre 1979 et 1999, les taux de natalité chez les femmes canadiennes âgées entre 20 et 24 ans a chuté d'environ 40 %. Aux États-Unis, par contre, les taux sont demeurés stables chez ce même groupe d'âge.

Une des explications possibles de cet écart est que les femmes américaines se marient en moyenne à l'âge de 27 ans, soit deux ans plus tôt que la moyenne des femmes canadiennes. Les Canadiennes sont aussi portées à utiliser des méthodes de contraception plus efficaces que les femmes aux États-Unis.

Deux des facteurs les plus immédiats ayant contribué au déclin des taux de natalité dans les 50 dernières années sont l'avènement des moyens de contraception plus efficaces et l'accès plus facile à l'avortement. Frank Trovato indique qu'il y a plus de 100 000 avortements chaque année au Canada, dont près de 30 000 au Québec seulement. Alors que le nombre d'avortements aux États-Unis a diminué dans les années 90, au Canada, le nombre a augmenté durant la même période selon l'historien Ian Dowbiggin de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard.

Démographie changeante

La croissance de la population aux États-Unis est soutenue par un grand nombre de minorités ethniques qui ont historiquement des taux de natalité plus élevés que les Caucasiens. Les femmes caucasiennes aux États-Unis ont un taux moyen de natalité de 1,85 (encore beaucoup plus élevé qu'au Canada) et les minorités le font grimper à environ 2,1.

Une tendance similaire peut être observée parmi les minorités ethniques au Canada. Particulièrement chez les immigrants de première génération, les taux sont habituellement plus hauts.

«Ce sont des gens qui ont amené avec eux des systèmes de valeurs traditionnelles, fortement influencés par des facteurs religieux, qui sont portés à favoriser des familles plus grandes», explique Ian Dowbiggin.

Selon Alain Bélanger de Statistique Canada, les familles hindoues, musulmanes, sikhes et juives ont des taux de natalité plus élevés que le reste de la population.

Kevin McQuillan explique que pratiquement tous les groupes religieux sont au moins modestement pro-famille. «Mais peut-être que la chose la plus significative est que les gens plus religieux ont tendance à être dans des mariages plus stables et c'est là que sont nés les enfants.»

Combinée à des hauts niveaux d'immigration, la tendance selon laquelle les minorités ethniques et religieuses ont de plus grandes familles mènera à un changement de la démographie canadienne. Les présentes projections suggèrent qu'en 2017 une personne sur cinq appartiendra à une minorité visible.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.