Un champion de lutte remplit sa promesse

Écrit par Joan Delaney
18.10.2006

Alors que Daniel Igali se tenait sur le podium pour recevoir la médaille d’or en lutte libre pour le Canada aux Jeux olympiques de Sydney en 2000, il a fait une promesse : il allait construire une école dans le village pauvre du Nigeria où il a grandi. Six ans plus tard, et après de multiples levées de fonds, la première phase de l’Académie Maureen Mathent à Enawari est maintenant devenue une réalité.

  • Le lutteur canadien Daniel Igali aux JO(攝影: / 大紀元)

L’école en brique contient onze pièces, dont une bibliothèque, un laboratoire d’informatique et un gymnase, soit complètement l’opposé de la cabane d’une pièce à toiture de chaume où Daniel Igali a passé ses jours d’écolier du primaire.

«Jusqu’à ce que Dieu me rappelle, mon souhait dans la vie est de m’assurer que l’Académie Maureen Mathent devienne un phare d’espoir pour les enfants, pour qu’ils puissent bénéficier d’une éducation de première classe dans cette partie du monde où ils n’auraient autrement pas une prière», s’est confié M. Igali qui était à Eniwari, où il finalise les choses avant de retourner au Canada pour travailler sur sa maîtrise à l’Université Simon Fraser de Vancouver.

Eniwari est un des villages les plus pauvres du Nigeria : il n’y a pas d’électricité et l’eau potable provient de la même rivière d’où s’écoulent les égouts. La nourriture est insuffisante, tout comme elle l’était quand M. Igali était enfant. À cette époque, parmi une famille de vingt enfants, même un œuf devait être partagé.

Bien que la cérémonie d’ouverture officielle ait eu lieu le 19 août dernier, Daniel Igali dit qu’il y a encore «plusieurs défis» à relever avant le début des classes à la fin d’octobre. La bibliothèque n’est pas encore complètement fournie, la génératrice n’a pas encore été achetée et les 100 ordinateurs attendent encore à Seattle les 16 000 $ qui doivent être amassés pour pouvoir être expédiés.

De plus, à l’approche de la date fatidique, l’école a encore besoin d’effectifs. Elle a besoin de professeurs, de techniciens informatiques et d’entraîneurs, de même que de lits et de literie pour les étudiants qui seront en pension. Même si M. Igali est en discussion avec des fonctionnaires gouvernementaux au sujet de l’embauche de professeurs et l’établissement d’un programme d'enseignement, il est de plus en plus inquiet que la date du début des cours doive être reportée.

«Les choses bougent très lentement au Nigeria», mentionne Daniel Igali. «Je crains que nous ne soyons pas en mesure d’obtenir le matériel nécessaire et les professeurs à temps pour cette année, ce qui serait vraiment honteux.»

La lutte, qui sera inscrite au programme d'enseignement de l’école, fait partie de la culture tribale traditionnelle ijaw, et même enfant Daniel Igali y excellait. Il a commencé par remporter des bourses d’études locales, il s’est entraîné intensément et a éventuellement remporté le championnat national du Nigeria en 1990. Il est devenu le capitaine de l’équipe de lutte et a voyagé à Victoria, Colombie-Britannique, pour les Jeux du Commonwealth en 1994. Quand les jeux se sont terminés, ses coéquipiers sont partis, mais lui est resté.

Le Nigeria étant à l’époque sous une dictature militaire, Igali a pu obtenir le statut de réfugié au Canada. Il a déménagé à Burnaby, où un ami immigrant et amateur de lutte, Satnam Johal, lui a offert un endroit pour habiter gratuitement afin qu’il puisse consacrer tout son temps à l’entraînement. Il avait alors débuté à l’automne au Collège Douglas puis avait ensuite été transféré à l’Université Simon Fraser grâce à une bourse offerte par Paul Nemeth, un ex-administrateur de Nike. M. Nemeth, étant lui-même venu au Canada en tant qu’immigrant en difficulté, utilise sa fortune à bon escient en aidant les jeunes athlètes avec des bourses d’études.

Ce n’est pas l’unique occasion où Igali a bénéficié de la générosité de Nemeth.

Contrairement à la situation dans d’autres pays, gagner aux olympiques au Canada n’apporte pas nécessairement la richesse. Bien qu’il avait quelques commanditaires et qu’il dédiait la majorité de ses revenus à ses efforts de levée de fonds, M. Igali n’avait pas encore atteint ses objectifs financiers. S’il pouvait seulement amasser la moitié des 500 000 $ qu’il croyait au départ nécessaires pour bâtir l’école, CUSO (Canadian University Students Overseas), une organisation canadienne de coopération internationale pour étudiants universitaires d’outre-mer, allait y ajouter un autre 250 000 $.

En mars 2003, après avoir lu un article dans le Vancouver Sun au sujet des problèmes de levée de fonds d’Igali, M. Nemeth, alors âgé de 96 ans, lui a donné les 50 000 $ nécessaires pour obtenir la bourse de CUSO. M. Nemeth est mort quelques mois plus tard, mais pas sans avoir présenté au lutteur une personne qui allait avoir un profond impact sur sa vie : Ella Warrington.

Mme Warrington, une survivante de Ravensbruck – un camp de concentration spécifiquement pour les femmes et enfants construit par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale – a été impressionnée par la bonté d’Igali et son sens de la justice, et ils sont devenus amis. Après qu’Igali lui ait garanti que l’école serait mixte, Mme Warrington lui a remis 10 000 $, dont une portion a été destinée à la construction d’un puits vital à Eniwari.

En 2004, le jeune lutteur a mis sur pied la Fondation Igali, qui a pour objectif d’«améliorer les conditions de vie des enfants défavorisés dans des situations défavorisées».

«Mon ambition dans la vie est de m’assurer que les opprimés aient une voix», dévoile M. Igali. «C’est important qu’il y ait des personnes qui soient passionnées par l’état des autres personnes.»

C’est environ à ce moment qu’Igali a rencontré Milton Wong, le chancelier de l’Université Simon Fraser. Connaissant l’importance de l’éducation, M. Wong a voulu aider et il a organisé un souper-bénéfice à l’université, qui a amassé plus de 100 000 $. Daniel Igali avait à ce moment environ 600 000 $, soit finalement assez pour construire l’école.

M. Wong dit que si les universités veulent avoir un «impact sur la conscience des étudiants» et stimuler leur intérêt pour le développement humain, ils ont besoin d’établir une relation pratique avec les gens des pays en voie de développement. Ceci pourrait être réalisé, croit-il, si les universités canadiennes décidaient de parrainer des villages dans ces pays.

La deuxième phase de l’école d’Igali inclut un projet d’agrandissement pour accommoder 500 étudiants provenant de partout au Nigeria. Il veut également établir un programme de bourses pour permettre aux étudiants d’aller à l’université et pour aider les familles qui ne peuvent payer les frais d’admission ou les uniformes scolaires.

«En deux mots, mon histoire se résume à dépasser les probabilités», raconte Igali, qui demeure inébranlable malgré les défis. «Nous avons vécu beaucoup de déceptions avant d’en arriver là et nous avons encore beaucoup à faire.»

Quiconque aimerait contribuer ou faire un don peut contacter le Projet d’école Daniel Igali à CUSO ou donner directement à la Fondation Igali Inc.