Analyse d'un expert : la Banque Mondiale aide-t-elle la Chine à sortir de la pauvreté ?

Écrit par Voice Of America
24.10.2006
  • hu Jintao et Paul Wolfowitz(Pool: Pool / 2005 Getty Images)

La Banque Mondiale va prêter à la Chine 1,5 milliard de dollars chaque année. Le but est d'aider les régions pauvres en Chine. Quel effet peut produire ce prêt pour effacer la pauvreté dans les régions pauvres en Chine ?

Le projet de la Banque Mondiale est d'aider le gouvernement chinois dans certains projets pour remédier à la pauvreté, et permettre à la Chine de rejoindre la voie économique mondiale, en luttant contre la pauvreté et le déséquilibre entre les pauvres et les riches, en gérant rationnellement le changement d'environnement, en renforçant le système financier de la Chine, en améliorant les fonctionnalités du marché. La Banque Mondiale a planifié d'aider les constructions basiques en Chine, d'offrir aux hommes d'affaires étrangers des garanties pour attirer des capitaux étrangers en Chine.

Le revenu moyen chinois équivaut à 4% de celui des USA

Le rapport de la Banque Mondiale a dit aussi que la Chine est un pays en plein développement. Mais environ 135 millions de chinois ne dépensent pas plus d'un dollar par jour : surtout à la campagne.

Bien que la Chine, avec une population de 1,3 milliard d'habitants, soit la 4ème puissance économique mondiale, le revenu moyen par habitant n'y est que de 1740 dollars, ce qui représente 4% du revenu moyen aux Etats-Unis.

Quel effet peut produire ce prêt pour effacer la pauvreté dans les régions pauvres en Chine ?

La Chine est généreuse pour aider l'Asie et l'Afrique

La plupart des médias pensent que ces mesures ne vont pas beaucoup aider, car le phénomène de la pauvreté dure depuis longtemps : depuis au moins une dizaine d'années, peut-être même une vingtaine d’années. La Chine pourrait trouver des solutions sans cet apport de 1,5 milliard de dollars. Les hauts fonctionnaires, en visite à l'étranger, ont offert des soutiens généreux à des pays africains et asiatiques. Par exemple pour le Cambodge, ils ont offert plusieurs milliards de dollars. Idem pour des pays africains. Si le gouvernement a autant d'argent à dépenser dans ses relations avec des pays étrangers, alors, en économisant un peu, le 1,5 milliard est déjà là. Peut-être que 15 milliards, 150 milliards sont là. Mais le gouvernement chinois ne veut pas le faire.

Le capital destiné à la campagne s'amoindrit à chaque échelon administratif

Pendant les deux conférences, le Premier Ministre chinois, Wen Jiabao, a indiqué que les capitaux doivent être dorénavant principalement investis à la campagne. Concernant ce point, Dr Cheng Xiaonong de l’Université de Princeton aux Etats-Unis a déclaré, lors d'une interview à la BBC, que cette déclaration du Premier Ministre Wen Jiabao est seulement un voeu pieux, sa réalisation en étant très difficile. Mr Wen le sait très bien lui-même. Alors que l'on prétend investir à la campagne, ou bien mettre l'accent sur la campagne, en réalité l'argent est détourné à chaque échelon administratif.

Selon Mr Cheng Xiaonong, lors du cheminement des capitaux vers la campagne, chaque échelon du gouvernement en prélève une partie. Si le gouvernement investit 1 milliard, il n'est pas sûr que les

paysans puissent recevoir 0,1 ou 0,2 milliard en fin de compte. D'abord, le gouvernement provincial, puis chaque administration régionale en prélève une partie à chaque niveau.

Cheng Xiaonong indique que le problème, maintenant, n'est pas le manque d'investissement pour la campagne. Il existe un système officiel qui exploite les paysans. Si ce système ne se désintègre pas, n'importe quelle aide financière, y compris l'aide financière de la Banque Mondiale, se traduira à la fin par peu de chose dans la poche des paysans.

Selon Cheng Xiaonong, la Banque Mondiale aide Pékin à établir de fructueuses affaires avec l’étranger.

D'un côté, le gouvernement chinois investit d'importants capitaux à l'étranger, par exemple, il a investi 1 milliard de dollars pour aider le projet du chemin de fer au Nigéria. D'un autre côté, il accepte un prêt important de la Banque Mondiale pour aider les régions pauvres chinoises.

D'après Mr Cheng Xiaonong, le gouvernement chinois considère que l'argent de la Banque Mondiale est donné, et que s'il ne le prend pas, il n'a pas gagné. C'est la Banque Mondiale qui l'a offert de sa propre initiative. Il n'envisage pas de le refuser. Ce n'est pas une question de politique. Dans les faits, la Banque Mondiale a offert de l'argent qui permet au gouvernement chinois d'investir davantage dans d'autres pays étrangers et d’y établir des relations fructueuses. En se substituant au gouvernement chinois pour aider les pauvres en Chine, la Banque Mondiale permet au gouvernement chinois de sortir de l'argent hors de Chine pour établir des relations fructueuses. La Banque Mondiale contribue donc au financement de la politique étrangère de la Chine.

Alors la Banque Mondiale doit-t-elle arrêter la politique d'aide à la Chine ? Cheng Xiaonong dit : "Le problème est que ces organismes n'ont pas la capacité de contrôler le gouvernement chinois. Cela ne veut pas dire que la Banque Mondiale utilise mal cet argent : c'est que la Banque Mondiale n'a pas les moyens de gérer la dictature chinoise."

La Banque Mondiale prévoit que, cette année, les organismes privés vont investir plus de 500 millions de dollars en Chine. Il est mentionné dans le planning de la Banque Mondiale que, pendant la procédure de transfert à l'économie de marché des 27 dernières années, la Chine a réussi à faire que 400 millions de Chinois quittent la pauvreté.