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Négligence des conservateurs quant aux changements climatiques dans l’Arctique

Écrit par Sharda Vaidyanath, La Grande Époque Ottawa
25.10.2006
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La décision, le mois dernier, du ministre des Affaires étrangères, Peter McKay, de retirer la participation de deux ambassadeurs à la Conférence circumpolaire inuit (CCI) fait partie d’une tendance grandissante du gouvernement de réduire la participation du Nord, signalent les critiques. Un manque de consultation du Nord sur les questions environnementales est la composante-clé de cette tendance, affirment-ils.

  • Les changements climatiques affectent tout l’écosystème.(攝影: / 大紀元)

«Si nous ne gardons pas ce niveau de représentation [par le nombre d’ambassadeurs], cela indique aux autres nations de l’Arctique que nous donnons moins de priorité aux questions du Nord et de l’Arctique», a déclaré la présidente de Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) et ancienne ambassadrice de CCI, Mary Simon. L’ITK est l’organisation nationale canadienne inuite, représentant plus de 45 000 Inuits dans quatre régions canadiennes principales. L’ICC est leur organisation internationale, représentant les Inuits vivant au Canada, en Alaska, au Groenland et en Russie.

«C’est malheureux que le gouvernement conservateur se débarrasse des autochtones et mette des bureaucrates dans des situations où les représentants du Nord pourraient interagir avec d’autres Nordiques dans le monde», déplore Dennis Bevington, membre du NPD au parlement pour la région ouest de l’Arctique.

Selon M. Bevington, les conditions polaires sont délicates sur le plan politique, qu’elles soient relatives à des questions de souveraineté, de développement économique, d’exploitation de ressources naturelles ou de changement climatique.

En ce qui a trait à cette dernière question, la présentation de la Loi canadienne sur la qualité de l’air par le gouvernement est un cas illustrant bien la situation. L’ITK n’a pas été consultée au sujet de cette loi, déplore Mme Simon à La Grande Époque.

«À notre point de vue, nous devrions être consultés sur ces types de questions parce qu’elles nous concernent quotidiennement dans les communautés», a-t-elle déclaré.

Shannon Haggarty, porte-parole de la ministre de l’Environnement, Rona Ambrose, a cependant indiqué que les collectivités autochtones et inuites, incluant l’Inuit Tapiriit Kanatami, faisaient partie du processus de consultation.

Mais les détails de la loi laissent M. Bevington dans le doute à savoir si la voix nordique a effectivement été entendue.

«La loi sur la qualité de l’air a pour but de réduire certaines pollutions de l’air dans les villes canadiennes, mais elle ne répond pas au besoin de diminuer la pollution portée par l’air dans le Nord», regrette-t-il.

«Cela ne répond certainement pas aux questions du changement climatique qui sont mondiales de nature», déplore Bevington.

On ne sait pas si la prétendue réduction de la participation des Nordiques résulte spécifiquement du gouvernement conservateur ou d’une tendance au sein du gouvernement en général.

«Plusieurs belles paroles ont été prononcées durant les campagnes électorales sur l’importance du Nord et le besoin d’agir là-bas (…) mais elles sont rarement suivies d’actions», a souligné un rapport 2005-2006 de la Commission canadienne des affaires polaires, un organisme gouvernemental chargé de la recherche et de l’éducation dans les régions polaires.

«Malgré des coûts s’élevant régulièrement, la Commission n’a pas eu d’augmentation pour son budget annuel en huit ans. Le budget de fonctionnement est en fait inférieur à celui qu’il y avait lors de la fondation de la Commission en 1991», a rapporté le président du conseil d’administration de la Commission, Tom Hutchinson.

La perspective nordique

Plus tôt ce mois-ci, des scientifiques spécialisés dans l’Arctique, des chasseurs, des écrivains et des politiciens ont tenu une conférence de presse sur la colline parlementaire pour transmettre un message : la vie des Inuits change rapidement en raison du changement climatique.

Le livre de Darren Keith et de Jerry Arquiq, Inuit knowledge of polar bears (Connaissance inuite des ours polaires), a été lancé au Festival international d’écrivains d’Ottawa le jour de la conférence de presse.

Le coauteur Darren Keith, de Yellowknife, a affirmé que la compréhension des gens de la région est cruciale par rapport à la question des ours polaires.

Même la salutation traditionnelle inuite «C’est une belle journée» est tombée en désuétude.

Les Inuits du Canada ne se saluent plus de cette manière traditionnelle parce que les résidants de l’Arctique chassent et pêchent de moins en moins et partagent moins la nourriture de la façon qu’ils avaient l’habitude de faire, a commenté un chasseur d’ours polaires, Jerry Arquiq.

«Nous survivons grâce aux animaux, c’est pourquoi nous sommes venus sonner l’alarme à Ottawa», explique M. Arquiq.

«Les toxines dans le Nord ont donné une teinte jaunâtre à la viande rouge de l’ours polaire, détériorant la santé des ours et des gens qui mangent leur viande», a-t-il confié.

M. Arquiq et plusieurs autres personnes ont averti les politiciens de la rapidité de la fonte des glaces, de l’élévation du niveau de la mer et de l’extinction imminente des ours polaires. Leur message : «Sans glace, il n’y a pas de nourriture pour les ours.»

Depuis les dix dernières années, des ours polaires maigres et affamés se sont déplacés dans les communautés vers le sud à la recherche de nourriture, et les histoires d’ours mutilant des personnes à mort deviennent monnaie courante, relève M. Arquiq.

«Personne n’a une meilleure connaissance ni une meilleure compréhension [plus respectueuse] des relations avec les ours polaires que l’Inuit», a-t-il avancé.

L’ancien commissaire du Nunavut, Peter Irniq, a fait comprendre que la fonte du pergélisol était la cause de plusieurs accidents, incluant des chasseurs tombant à travers la glace ainsi que l’engloutissement de maisons et de communautés.

Avec le printemps arrivant plus tôt et l’automne plus tard, certaines espèces inconnues de la région, tels les rouges-gorges, migrent vers le nord à Rankin Inlet, explique M. Irniq. Inversement, plusieurs espèces locales, tel que le caribou, sont en déclin.

«Ils n’ont pas la faculté de s’adapter aux changements climatiques», a signalé M. Bevington, mentionnant qu’il y a eu une réduction de 60 % à 70 % de la taille des troupeaux.

Les sujets de la conférence de presse ont répété les constatations révélées dans le rapport de l’Évaluation de l’impact du changement climatique dans l’Arctique (EICCA) 2004, qui avait conclu que l’Arctique se réchauffait à une plus grande vitesse que nulle part ailleurs sur terre, indubitablement à cause de l’émission de gaz à effet de serre par l’activité humaine. Il a ensuite été affirmé que cet «effet de serre» dans l’Arctique accélérait la fonte des glaces et avait un effet négatif sur les espèces animales ainsi que sur les gens dont les styles de vie traditionnelle dépendent d’une eau qui demeure gelée.

«Nous devons, en tant que Canadiens, être conscients de cette réalité et prendre la décision difficile, mais nécessaire, de changer notre mode de vie produisant le gaz à effet de serre», soutient Arquiq.

Assistant aussi à la conférence de presse, Mary Simon a admis que le développement dans la région est inévitable et peut être positif. Cependant, il doit être surveillé de près et être soumis à un contrôle strict.

«De nombreux développements dans le Nord sont non durables parce que des évaluations environnementales adéquates et l’impact sur les gens de la localité ne sont pas pris en considération», a-t-elle expliqué.

Les 45 000 Inuits canadiens vivent dans 53 communautés arctiques dispersées à Nunatsiavut (Labrador); Nunavik (Québec); Nunavut ainsi que la région peuplée Inuvialuit des territoires du Nord-Ouest.

 

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