Le coton, ce n’est pas toujours coton

Écrit par Catherine Keller La Grande Époque Genève
26.10.2006

  • Le coton, or blanc ou galère ?(攝影: / 大紀元)

Il y a 5.000 ans, l’Inde, la Chine ou le Pakistan

cultivaient déjà le coton. Des étoffes vieilles de 6.000 ans ont été

retrouvées au Mexique.

C'est-à-dire que le coton fait partie intégrante de nos vies depuis longtemps.

Chez nous, il a détrôné le lin trop rigide et si difficile à

repasser. Beaucoup de gens préfèrent le contact avec des produits

naturels tel le coton.

 

Comment est-il fabriqué ?

C’est environ 20 millions de tonnes de coton qui sont produites chaque année dans les régions chaudes. Sa culture réclame beaucoup d’eau et de main d’œuvre. Les paysans n’ont pas la possibilité de stocker leur récolte pour la vendre quand le prix est favorable. Cette situation est exploitée par les commerçants des pays industrialisés qui achètent le coton à un prix dérisoire laissant à peine de quoi survivre aux paysans.

Auparavant, la culture du coton était favorable aux paysans qui l’avaient développée au détriment de la flore locale, épuisant le sol. L’assèchement des nappes phréatiques est aussi une conséquence de l’irrigation à outrance réclamée par cette culture. Pour continuer à produire du coton, les paysans ont utilisé de grandes quantités de pesticides et d’engrais chimiques (la culture du coton représente 2,5 % de la production mondiale mais 25 % des pesticides utilisés). Avec la baisse du prix du coton, ces produits phytosanitaires sont devenus inabordables. Les paysans peuvent encore cultiver de quoi faire vivre leur famille, mais ils défrichent sans cesse. Tout ceci entraîne la désertification.

Des ONG et des entreprises ayant une démarche éthique du commerce équitable se sont lancées dans une démarche qui permet aux producteurs de vivre décemment, de sauver l’écosystème de ces régions et d’offrir aux consommateurs un produit de qualité de plus en plus recherché. Il s’agit de la « filière du coton bio ».

Le coton bio et équitable, une chance pour l’Afrique

Le coton bio représente 0,1 % de la production mondiale de coton. Les plus grands producteurs de coton bio sont la Turquie (47 %), l’Inde (11 %), les Etats-Unis (6,8 %), la Chine (6,7 %), la Tanzanie (2,2 %) et le Mali (0,3 %). Contrairement au coton cultivé avec des pesticides, le coton bio ne reçoit aucune subvention dans aucun pays. C’est la raison principale pour laquelle les produits issus de la culture biologique sont bien plus chers que ceux des filières traditionnelles.

Qu’est-ce que le coton bio ?

Pour recevoir le label bio, la culture doit passer par une reconversion durant laquelle la culture suit les règles de production bio sans en recevoir les avantages financiers. Après ce temps d’adaptation, au Mali par exemple, la culture du coton bio a pu trouver sa production de croisière. Elle était de 400 kg/ha à ses débuts, en 2002. Grâce à une meilleure connaissance de cette manière de cultiver, la production est passée à 520 kg/ha en 2005. L’idéal serait d’arriver à une production de 650 kg/ha.

La terre a besoin d’un certain laps de temps pour éliminer les pesticides et herbicides. Pour obtenir le label Ecocert, la culture doit être exempte de tout produit chimique. Les fertilisants naturels comme le fumier ou l’engrais vert sont utilisés. La rotation des cultures permet à la terre de garder sa fertilité. Pour lutter contre les parasites, des plantes pièges (Hibiscus esculentus) sont utilisées. Elles attirent les parasites qui n’iront pas sur le coton. Des extraits de plantes (Azadirachta indica) sont pulvérisés sur le coton exterminant les parasites sans affecter le personnel.

Les avantages sont grands pour les producteurs qui ne sont plus exposés aux produits chimiques. Des études ont prouvé que ceux-ci entraînent des cancers et des troubles génésiques. De plus, la terre ne s’épuise plus et n’est plus polluée. La variété des cultures (rotation avec le sésame et le karité) permet à la terre de retrouver son équilibre et aux paysans de diversifier leurs revenus. Le coton est aussi payé plus cher, ce qui permet à l’agriculteur de vivre plus décemment.

Du producteur au consommateur, quelle filière ?

Le travail de transformation du coton s’effectue principalement dans les pays où les salaires sont très bas. Les produits utilisés pour blanchir, teindre et appliquer des impressions sont toxiques. Dans ces pays, les normes de protection de l’environnement et des employés peu contraignantes sont rarement appliquées. Les ouvriers reçoivent très peu d’information sur les risques qu’ils encourent et de toute façon, ils n’ont pas d’autre alternative pour gagner leur vie. Soulignons au passage que les salaires ne leur permettent pas de subvenir à leurs besoins élémentaires, encore moins à ceux de leur famille. En tant que consommateurs, nous sommes la seule force capable de changer cette situation. Nous avons le pouvoir d’influencer le marché.

Comment ?

Nous pouvons soutenir les commerces équitables et les ONG qui oeuvrent dans ce secteur. Dans la limite de nos moyens, nous pouvons choisir les produits que nous achetons en privilégiant des marques comme Max Haveelar ou en refusant certains pays d’origine. Nous avons le droit d’exiger la transparence de la production en passant par toutes les étapes de production. Malheureusement, il est bien souvent très difficile de savoir d’où vient un produit. Il faut beaucoup d’opiniâtreté et de recherches. Plus nous serons nombreux, plus nos voix auront un poids. Nous pouvons également solliciter l’aide des associations de consommateurs.

Une exposition sur la filière du coton bio est également organisée par Helvetas. Elle se déroule à Genève du 24 octobre au 2 novembre 2006, dans le hall de Uni Mail, 102 bd Carl Vogt.

Information recueillie auprès de www.helvetas.ch