Écrit par Kat Piper, La Grande Époque

Tandis que le costume qui permet à l’homme-araignée de grimper les murs demeure toujours du domaine des rêves, un nouveau matériel à haute friction inspiré par les geckos (sorte de lézard) et développé par une équipe de chercheurs menée par l’Université de Californie à Berkeley rapproche les scientifiques un peu plus de cet imaginaire.

 

Le matériel, appelé un «spectre de microfibre», est basé sur les millions de poils microscopiques qui recouvrent la plante des pieds des geckos.

Lorsque les ingénieurs ont artificiellement créé les poils qui sont cent fois plus fins que les poils humains, ils ont découvert que les microfibres de plastique possédaient une des deux propriétés qui caractérisent les pieds des geckos, soit la haute friction ou l’habileté de ne pas glisser sur une surface.

Pour démontrer ceci, l’équipe colle une pièce de vingt-cinq cents à un morceau de vitre incliné à 80 degrés.

Les poils de geckos ont aussi le pouvoir d’adhésion (la résistance d’être arrachés d’une surface), ce qui leur permet de grimper les murs et de courir au plafond. Malheureusement, les microfibres n’ont pas cette caractéristique, ce qui veut dire que l’habit rêvé de Spiderman n’est toujours pas à notre portée.

Mais, disent les scientifiques, les propriétés de haute friction et de faible adhésion des spectres de microfibres pourraient toujours être utilisées à bon escient, par exemple, dans la conception de semelles de souliers, de pneus d’autos et d’équipement athlétique.

Les spectres ont l’avantage de ne pas devenir «collants» comme le caoutchouc et s’usent moins rapidement. Aussi, la quantité de friction fournie par les spectres peut être facilement ajustée en changeant l’épaisseur des fibres. Pour obtenir de tels changements au caoutchouc, il est nécessaire d’en altérer sa composition chimique.

Il y a six ans seulement que les scientifiques ont compris pourquoi les pieds d’un gecko sont si «collants». Ils croient que c’est à cause de faibles forces intermoléculaires qui agissent entre chaque poil et la surface, créant ainsi une importante force collective. Cependant, la façon dont les pieds des geckos sont capables de s’attacher et de se détacher d’une surface demeure toujours un mystère.

Les scientifiques essaient d’imiter les poils de geckos depuis longtemps, car le matériel obtenu serait un adhésif sec et durable qui pourrait coller sur n’importe quelle surface, même sous l’eau et dans l’espace. Les geckos ne sont pas les seuls animaux qui excitent la curiosité des scientifiques. Dans les universités autour du monde, un domaine de recherche florissant appelé la biomimétique trouve son inspiration dans les poissons, les papillons, le plancton, les méduses et la soie des araignées pour des applications dans des projets comme des robots et le développement de senseurs.

La première conférence internationale sur la biomimétique a été tenue à Georgia Tech aux États-Unis en mai dernier. Pour en savoir plus sur les liens entre la nature et l’inspiration des scientifiques, visitez le site : [www.cbid.gatech.edu].