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Critique de spectacle : De l’orgue au hip-hop

Écrit par Louis St-Onge, La Grande Époque
03.10.2006
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Un public varié a assisté à un mariage des plus surprenants, le jeudi 28 septembre, à l’église Saint-Nom-de-Jésus, entre l’orgue et le hip-hop. Un arbitre officialisait la cérémonie en présence d’un animateur, quatre organistes, deux rappeurs/improvisateurs, deux breakdancers et deux graffiteurs. Une belle tentative du 8e Festival d’automne Orgues et Couleurs de rapprocher les cultures classique et urbaine.

Sous le toit de cette impressionnante église, la puissance des orgues et l’habileté des organistes ont fait collision avec la dextérité des danseurs et des rappeurs. Une pierre, deux coups! On a découvert un autre style de hip-hop créatif, constructif et enchanteur et le côté moins connu de l’orgue classique devenu un instrument chargé en émotions, très versatile et malléable à toutes les circonstances… même à un show d’improvisation hip-hop!

Deux équipes formées de deux organistes, un danseur et un rappeur, tous habillés soit en vert soit en noir, créaient des ambiances musicales et racontaient des histoires à tour de rôle. Le public choisissait l’équipe gagnante avec un carton vert ou noir. Le combat était serré.

Contraints à des thématiques et à des styles variés comme «La feuille d’érable», «Coupes à blanc», «Les fables de La Fontaine et Le thon et la canne», Maybe Watson et Korbo ont, de manière originale, jonglé avec les mots tandis que les deux breakers (Dingo et Speedy), à tour de rôle, exprimaient le plus fidèlement possible les propos des rappeurs. Ces derniers avaient aussi souvent recours au monologue, procédé qui ne fonctionnait pas tout le temps, mais qui permettait à l’auditoire de découvrir une autre facette du hip-hop «à l’ancienne», la capacité de raconter des histoires impliquant toutes sortes de personnages.

Les organistes Philippe Bournival, Marc D’Anjou, Dominique Lupien et Dany Wiseman ont aussi improvisé dans des styles prédéterminés, permettant en quelques minutes de voir les particularités de chaque instrumentiste.

L’orgue est pourtant un instrument très imposant. Parfois, l’alliage au rap se faisait avec difficulté, vu les complexités de l’instrument et le côté «carré» et répétitif des rythmes hip-hop.

Pour ce qui est du cadre du spectacle, au détriment des artistes, on a trop lié le profane au sacré. Des graffitis sombres (masques à gaz, ak-47) et des skateboards convertis en œuvres d’art étaient affichés tout autour de l’église, dégageant une aura peu plaisante dans cet endroit déjà bien rempli d’art sacré. Aussi, certaines thématiques imposées par l’arbitre n’étaient pas très appropriées. Ainsi, le thème de «La résurrection de Freddy» donnait des frissons non parce que cela faisait peur, mais parce qu’on le faisait dans un endroit solennel où l’on parle habituellement de la résurrection du Christ. Il s’agissait vraisemblablement d’un manque de respect envers les hôtes de l’événement.

Le spectacle s’est conclu avec la présentation des deux peintures créées au cours de la soirée par Monk-e et Zeck ayant comme thème «la guerre», ainsi que des performances de chansons de May Be Watson avec Monk-e, graffiteur et excellent joueur de lyre francophone. Il a aussi récité, sans musique, un texte poétique très touchant sur le tiers-monde.

Cet événement a permis de voir les cultures classique et hip-hop sous un nouveau jour, au-delà des stéréotypes. Les deux mondes si éloignés se sont rapprochés un peu, pour le temps d une soirée où les règles de jeu étaient différentes.

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