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Des Tibétains fuyant la Chine sont tirés «comme des chiens»

Écrit par Noé Chartier - La Grande Époque Montréal
31.10.2006
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  • un Tibétain qui s’effondre après avoir été tiré (Stringer: STRINGER / 2006 AFP)

En 1959, le chef spirituel tibétain, le Dalaï-lama, fuyait sa terre d'origine en traversant la plus haute chaîne de montagnes du monde : l'Himalaya. Les troupes du régime communiste chinois mataient à cette époque un soulèvement dirigé contre leur présence au Tibet. Près de 50 ans plus tard, les Tibétains qui fuient le «génocide culturel», dont ils sont victimes, sont encore nombreux. C'est à travers les montagnes, dans les pas de leur chef, qu'ils tentent d'atteindre le Népal, puis finalement Dharamsala en Inde, siège du gouvernement tibétain en exil, lieu de résidence du Dalaï-lama et site d'une grande communauté de réfugiés tibétains.

Parcours périlleux

C'était le 30 septembre dernier. Un groupe d'environ 70 Tibétains s'aventurait à la file indienne dans la passe de Nangpa près du mont Everest, une route fréquemment utilisée pour fuir leur pays. Non loin de là, le camp de base avancé du mont Cho Oyu, un endroit très fréquenté par les alpinistes dans la haute saison. C'est de là que le cameraman Sergiu Matei, de la station de télévision roumaine Pro TV, a pu capturer sur vidéo des images bouleversantes.

«Ils les tirent comme des chiens», peut-on entendre dans les premières secondes de la vidéo de Pro TV, disponible à cette adresse ici.

Des coups de feu, puis le Tibétain qui menait le groupe dans l'ascension s'effondre dans la neige blanche. D'autres images nous montrent des soldats chinois, postés bien plus haut, en train de tirer des rafales de balles sur la colonne de Tibétains sans défense. Puis une autre silhouette s'écroule, qui sera identifiée plus tard comme celle de Kelsang Namtso, une adolescente de 17 ans.

Le groupe d'alpinistes regarde la scène, impuissant. D'autres images nous montrent que, plus tard dans la journée, un Tibétain ayant échappé à l'attaque des soldats s'est réfugié dans la toilette de fortune des alpinistes. L'un d'eux lui offre vêtements et nourriture, mais son sort futur n'est pas explicité, car les soldats ont visité le camp de base après leur fusillade.

Suite aux événements, l'agence de presse officielle du régime chinois, Xinhua, a écrit que les soldats chinois avaient tiré les Tibétains en autodéfense, mais les images montrent que les victimes se font tirer dans le dos à une très longue distance.

Bilan du drame : une jeune Tibétaine morte, un Tibétain grièvement blessé emporté par les soldats, et environ une vingtaine d’autres faits prisonniers dont le sort est inconnu jusqu'à présent. Selon un communiqué de presse d'associations françaises de solidarité avec le Tibet, des témoins occidentaux de l'événement estiment le nombre de morts à huit environ.

Le reste du groupe aurait atteint l'Inde sain et sauf, selon Khedroob Thondup, membre du Parlement tibétain en exil, cité par l'agence de presse Reuters.

L'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), a condamné le geste des autorités chinoises et demandé l'ouverture d'une enquête indépendante. «Malgré son engagement envers l'État de droit, la Chine n'a jamais dirigé une enquête crédible et transparente au sujet des agissements douteux de ses forces de sécurité», explique dans un communiqué de presse Sophie Richardson, vice-directrice de la division Asie de HRW.

L'organisation rapporte qu'environ 3000 Tibétains fuient la Chine chaque année et que ce n'était pas la première fois que les gardes frontaliers chinois faisaient feu. Cette fois, la vidéo de Pro TV est une pièce à conviction indiscutable.

 

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