Analyse : Quelle direction pour Damas ?

Écrit par Yohanan Ben Yaakov, Collaboration Spéciale
04.10.2006

ISRAËL – Après le récent conflit israëlo-libanais et ses conséquences politiques, la Syrie se sent de plus en plus isolée et menacée. En dépit des messages rassurants diffusés à travers les médias par les responsables israéliens pendant la guerre et depuis que celle-ci est terminée, les autorités syriennes montrent une grande tension et une certaine nervosité. Pour preuve, le renforcement massif et la concentration de forces armées syriennes dans la région se situant entre le plateau du Golan et la Syrie.

  • attaque terroriste le 12 septembre 2006 contre l'ambassade américaine à Damas, Syrie(攝影: / 大紀元)

 

La Syrie a également placé une bonne partie de son armée en alerte maximale et la médiatise avec des interviews des représentants de celle-ci à la télévision nationale. Le pouvoir syrien s’est senti très gêné lorsque les avions de guerre israéliens ont bombardé les camions conduits par le Hezbollah transportant des armes et des munitions. Ces attaques menées par les Israéliens ont ajouté à la peur de la Syrie de voir Israël attaquer des zones où les munitions sont concentrées et stockées plus profondément dans leur territoire.

Vers l'extrémisme

Le 1er août 2006, le président syrien, Bachir el Assad, a parlé lors de la conférence annuelle des journalistes à Damas. Les mots du président étaient très agressifs et s'adressaient à toutes les parties : les pays occidentaux – pour avoir soutenu ou laissé faire les bombardements de Beyrouth; la Jordanie, l'Égypte et l'Arabie saoudite – pour avoir condamné le Hezbollah; et l’Iran - pour avoir jeté de l’huile sur le feu lors du conflit.

Il a également attaqué verbalement les leaders libanais et le premier ministre Siniora, spécialement en ce qui concerne sa coopération avec «l’ennemi sioniste» et pour avoir accepté l’humiliant accord de cessez-le-feu – la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unis. Cette résolution qui inclut le déploiement des forces armées de plusieurs nations ayant autorité pour désarmer le Hezbollah et l’empêcher de sécuriser ses positions dans le sud du Liban, au sud de la rivière Litani, est une épine dans le pied de la Syrie.

Le pouvoir syrien voudrait utiliser l’organisation chiite libanaise pour, grâce à son appui politique et militaire, s’opposer à Israël et lui faire évacuer le plateau du Golan. Le président syrien a également affirmé que si les forces multinationales se déploient le long de la frontière libano-syrienne, la Syrie fermerait alors sa frontière et la rendrait imperméable. Il faut dire que la zone est stratégique pour les approvisionnements du Hezbollah par la Syrie et l’Iran.

Mais il est prudent de dire aussi que Bachir al Assad se sent menacé, d’une façon ou d’une autre, par les changements le long de la frontière libanaise et par sa perte de contrôle sur l’activité intérieure du Liban. La détresse d’Assad vient de différentes directions et de pays sur lesquels il avait l’habitude de pouvoir compter. Au moment où le soutien jusqu’ici inconditionnel des pays arabes – et tout ce que ce soutien implique – commence à décliner et que la brèche ouverte par l’opposition commence à s’ouvrir, l’isolement et la détresse du pays grandissent, ce qui amène à une recrudescence de l’extrémisme et une clémence vis-à-vis des pays extrémistes.

Portes de sortie?

Étant donné la situation difficile, voire désespérée du pouvoir syrien, les arabes proaméricains font valoir que c’est une opportunité en or pour tenter d’offrir un package de soutien économique et politique similaire à celui donné à la Lybie afin de l’isoler des régimes extrémistes comme l’Iran et la Corée du Nord, qui soutiennent actuellement la Syrie aussi bien militairement qu’économiquement. Un des éléments de ce package est le départ des Israéliens du plateau du Golan.

Il y a cependant des problèmes avec une offre de ce type. Le premier est assez évident et concerne la politique des États-Unis envers la Syrie avant l’invasion de l’Irak. La Syrie avait alors permis à des milliers d'insurgés d’entrer en Irak en traversant leur frontière commune pour combattre les Américains, à la grande frustration de ces derniers.

Les opposants à cette offre arguent que la Syrie pourrait demander trop. Par exemple, de récupérer le contrôle du Liban, ce qui ferait alors obstacle à la fragile démocratie libanaise. Les Syriens pourraient également demander la fin de toute forme de procédure d'enquête internationale à leur encontre au sujet de l'assassinat de l’ancien premier ministre libanais, Rafik El-Hariri, et de les exonérer de toute mesure punitive. Une autre demande d'Assad pourrait être l'arrêt des pressions américaines concernant la question des droits de l'homme dans le pays.

Actuellement, la politique de la Syrie laisse peu de doutes sur ses intentions concernant la région. Son attitude militante et intransigeante affirme que le seul moyen de voir Israël se retirer passe par la soumission militaire. Le fait que le pays continue à accueillir des organismes terroristes comme le Hamas ou le Jihad islamique à Damas, ainsi que sa volonté affichée de garder le Hezbollah armé, ne laisse pas de doute sur la direction que prend le gouvernement. Cette voie n'est certainement pas celle de la modération. Ce n'est pas non plus la route qui pourrait mener à des accords politiques pouvant faire sortir le pays de son isolement et de sa détresse grandissante.