Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Pékin et Téhéran main dans la main

Écrit par Denis Charleton, La Grande Epoque Washington
05.10.2006
| A-/A+

Le partenariat dérangeant entre la Chine et l’Iran a été le sujet de discussion principal de la commission sécurité et économie États-Unis/Chine à la mi-septembre. Ilan Berman, expert sur l’Iran et Vice-président à l’American Foreign Policy Council, y a fait quelques rappels importants sur le programme nucléaire iranien et pointé les raisons qu’a Pékin de paralyser l’imposition de sanctions à Téhéran.

Pékin a, ces dernières années, constamment affaibli les réponses de l’ONU concernant les ambitions nucléaires de l’Iran. Récemment, le régime communiste chinois s’est opposé aux sanctions contre l’Iran après le 31 août, date limite donnée par le conseil de sécurité pour que la république islamique cesse ses activités d’enrichissement d’uranium.

Non seulement Téhéran n’a pas respecté cette date, mais est allé jusqu’à développer le projet Arak, une usine de production d’eau lourde dont les sous-produits peuvent permettre la production d’armes nucléaires. La découverte, quelques jours plus tard, de traces d’uranium enrichi à la déchetterie de Karaj est tout aussi alarmante.

Face aux lourds soupçons de développement de la bombe atomique par l’Iran, face aux déclarations belliqueuses et aux parades militaires à répétition organisées par le président Ahmadinejad et les mollahs extrémistes de Téhéran, alors que la plupart des pays croient essentiel de mettre un frein aux ambitions du régime iranien, la République Populaire de Chine (RPC), elle, se place dans une position différente sinon inverse ; les raisons en sont aussi bien géopolitiques que commerciales.

  • assistance substantielle au programme de missiles balistiques iraniens. (攝影: / 大紀元)

 

Les motivations de Pékin

La RPC, en pleine surchauffe économique, est le plus gros consommateur de pétrole de la planète, absorbant goulûment 7,4 millions de barils frais par jour. L’ensemble des accords commerciaux sur l’énergie entre la Chine et l’Iran représente un montant de 120 milliards de dollars – et pour cause, puisque l’Iran détient 10 % des réserves mondiales de pétrole et la seconde plus grande réserve de gaz naturel. Ce partenariat ne donne pas seulement à la Chine une grande partie de l’énergie dont elle a besoin, mais offre également à l’Iran un garde-fou contre la chute des prix, comme celle survenue à la fin des années 1990.

L’économie iranienne gravitant autour du pétrole et du gaz, la moindre baisse des prix risque de la mettre à genoux.

Avec sa dépendance grandissante au pétrole iranien, la dernière chose que souhaite la Chine est l’arrêt de son approvisionnement. C’est donc avec une parfaite logique commerciale que la Chine s’oppose aux sanctions économiques contre l’Iran discutées à l’ONU. Le témoignage de Berman ajoute également un point important : « le résultat de ces sanctions pourrait être une escalade militaire du conflit, ce qui pourrait faire perdre à la Chine un allié contre les Etats-Unis. »

Depuis la chute de l’Union Soviétique, la politique de la Chine communiste a été de mettre à l’épreuve et de restreindre le plus possible l’influence des États-Unis dans le monde. Pour cela, Pékin a recherché des partenaires et des alliances avec tous les régimes ayant un tant soit peu d’antagonisme avec les États-Unis. L’Iran en fait partie et les politiciens et les diplomates de la RPC ont travaillé à construire de bonnes relations avec les régimes de ce type, comme par exemple Mugabe au Zimbabwe ou Hugo Chavez au Venezuela. La plupart des alliés de Pékin en Afrique, en Asie et en Amérique du sud peuvent être décrits – d’une façon, ou d’une autre – comme des régimes violents.

Pétrole contre missiles

Le renversement de Saddam Hussein a été un beau cadeau pour l’Iran qui a vu ses principaux opposants fuir la région. Mais, la présence des troupes américaines en Irak et en Afghanistan a inquiété Téhéran qui a intensifié ses recherches de soutien politique. « Cette tendance a trouvé son expression dans un partenariat solide et abondant avec la Chine, ainsi que l’intégration de l’Iran dans les structures de sécurité et de dominations chinoises », interprète Berman.

Par exemple, l’Iran a désormais le statut d’observateur à l’organisation de coopération de Shanghai (SCO), tout comme le Pakistan, l’Inde et la Mongolie. Cette organisation est composée de la Russie, de la RPC et de quatre anciennes républiques soviétiques et a pour objectif de contrôler l’influence américaine en Asie. Le président iranien était invité d’honneur du sommet de la SCO en 2006 et y a donné un discours typique demandant à cette organisation de combattre ouvertement « la menace du pouvoir dominant » que Berman interprète comme « une référence voilée aux Etats-Unis ».

Mais il y a un aspect plus sinistre dans l’axe Chine-Iran que les questions de diplomatie et de simple coopération économique. Berman affirme : « Les marchandises fournies par la RPC comprennent des missiles de croisière anti-navire, des missiles sol-air, des avions de combats, des vaisseaux patrouilleurs d’attaque ainsi que des technologies avancées conçues pour étendre la polyvalence de l’arsenal grandissant de missiles de croisière de l’Iran. »

En assistant l’Iran dans son programme de missiles, Pékin a violé les termes du régime de contrôle de technologie des missiles, un accord passé avec les Etats-Unis en 1994. De la même façon, il est passé outre les termes du traité de non prolifération nucléaire qu’il a signé en 1992. « En résumé, ce que la Chine apporte à l’Iran est mauvais et va de pire en pire », martèle l’expert.

Le programme d’armes chimiques iranien est, d’après les Américains, le plus actif au monde. Et, en dépit de la signature en 1993 de la convention sur les armes chimiques, les entreprises chinoises sont engagées activement dans la fabrication et la vente de technologies de fabrication d’armes chimiques. La possibilité que ces armes tombent aux mains de terroristes est particulièrement inquiétante.

Lors du récent conflit au Liban, un vaisseau israélien a été touché par une variante iranienne du missile chinois C-802 Silkworm (ver à soie). Les services secrets occidentaux n’avaient pas identifié ce type de missile comme faisant partie de l’arsenal du Hezbollah.

Cette présence accrue de la Chine au cœur des conflits du Moyen-Orient n’est pas pour rassurer les responsables américains. Une nouvelle guerre froide commence-t-elle en filigrane du conflit israélo-palestinien et de la « guerre contre le terrorisme » ?

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.