Un «après-goût» du Salon du livre de Montréal
Quiconque s’est rendu au Salon du livre de Montréal a pu constater l’état du paysage littéraire francophone québécois, dominé par les livres-conseils, les biographies et les ouvrages de non-fiction. Au-delà de ce constat, il y avait beaucoup à découvrir. Trop pour une fin de semaine. Chacun a vécu une expérience différente, puisqu’il y avait 1450 auteurs à rencontrer au Salon, du 16 au 20 novembre. Ayant comme thème principal l’histoire de l’Amérique du Nord, le Salon du livre de Montréal avait beaucoup plus à offrir dans ses centaines de kiosques et plusieurs forums de discussion, conférences et tables rondes.
La liberté, un concept extrêmement subjectif abordé plus que nulle part ailleurs dans la littérature, était aussi un thème important du Salon. |
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La journaliste, conteuse et écrivaine Micheline Lachance était présidente d’honneur de l’événement pour la deuxième année consécutive.
Dans une allocution au coup d’envoi du Salon, Micheline Lachance explique : «L'écrivain flotte sur son petit nuage, plonge dans son univers, recrée le monde à son goût... Parfois, il s'insurge contre ce qui lui semble inacceptable. Il prend alors ouvertement parti pour ou contre un sujet d'actualité, tente même d’influencer le cours des événements. Toujours, il se sent libre de livrer le fond de sa pensée, car il n'a de comptes à rendre à personne, sinon à lui-même.»
Livres comme l’air Dans d’autres régions du monde, s’exprimer en pleine liberté mène à la prison. Pour souligner les efforts des auteurs qui se sont fait emprisonner pour leurs idées, dix écrivains québécois ont été jumelés à dix auteurs prisonniers de conscience. Suite à l’invitation d’Amnesty international, plusieurs intervenants du monde de la littérature ont, pour la septième année consécutive, supporté cette initiative. Chacun des auteurs québécois d’un «Livre comme l’air» a dédié son livre à un auteur avec qui il avait été jumelé. Les auteurs ont eu la chance vendredi, le 17 novembre, de lire leur dédicace devant le grand public, lors du Salon du livre.
Dix livres d’auteurs québécois jumelés à dix auteurs emprisonnés Francine Ruel et Lydia Cacho Ribeiro (Mexique) Dominique Blondeau et Ipek Çalislar (Turquie) Pan Bouyoucas et Victor Rolando Arroyo Carmona (Cuba) Jean-Marc Desgent et Yang Maodong (Chine) Élisabeth Vonarburg et Zheng Yichum (Chine) Jacques Godbout et Sakit Mizra Zakhidov Bryan Perro et Yusif Ruzimuradov Jean-François Poupart et Nguyen Vu Binh (Viêt-nam) Danièle Simpson et Elham Afroutan (Iran) Denis Vaugeois et Rakhim Essenov (Turménistan) Rappelons que le 15 novembre est la Journée internationale des écrivains emprisonnés. Cette initiative est malheureusement toujours très liée à l’actualité, puisque le mois dernier l’écrivaine et journaliste russe Anna Politkovskaïa a été victime d’un assassinat politique.
Échanges internationaux On avait également de la visite cette année. Nos cousins de l’Europe avaient leurs propres kiosques où les curieux ont pu les entendre lire leurs oeuvres dans leur langue. Il y avait des invités du Danemark, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas et de l’Italie. Ces auteurs sont venus non seulement pour promouvoir leurs nouvelles oeuvres, mais aussi pour s’exprimer dans un dialogue international, participant à plusieurs tables rondes sur le monde du livre.
Lors de ces rencontres de discussions concernant les sources d’inspiration, certains auteurs ont expliqué qu’ils s’intéressaient davantage à la psychologie des personnages tandis que d’autres, dont la Québécoise Lucie Pagé, ont exprimé leur besoin d’avoir des sources factuelles.
«Pour moi, la documentation est cruciale, qu’elle soit écrite ou orale», affirme l’auteure qui s’est penchée sur les problèmes humains de l’Afrique du Sud post-apartheid.
La poésie prend le métro Cette initiative entreprise en 2002, qui a cessé un certain temps, reprend un nouveau souffle, au bénéfice des nombreux usagers de la Société de transport de Montréal (STM), qui pourront «mettre leurs griffes» au métro. «Le métro est un musée souterrain», lance André Harvey, ancien député fédéral et adjoint président de la STM. Il souligne que ces efforts font partie de la vision globale de l’actuel président du conseil d’administration, qui tente d’intégrer l’art au métro de Montréal. «Monsieur Claude Trudel est un gestionnaire avisé qui teinte à nos valeurs économiques des valeurs culturelles», explique M. Harvey.
Ayant comme vision qu’il «n’y a pas de genre mineur», le Salon du livre de Montréal a rassemblé une grande partie de l’industrie culturelle du livre, sans discrimination pour la «grande» ni la «petite» littérature. D’ailleurs, plusieurs auteurs choisissent ce point crucial de l’automne culturel pour lancer leurs livres et les présenter au grand public. |