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La Russie : partenaire controversé, mais incontournable de l'Union européenne

Écrit par Zora Ait El Machkouri (La Grande Époque)
28.11.2006
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Sur fond de discordes étouffées, le Sommet entre l'Union européenne et la Russie, tenu à Helsinki le 24 novembre 2006, s'est soldé par un bilan plutôt décevant.

Le Sommet devait permettre des négociations avec le partenaire russe, notamment concernant son embargo sur la viande polonaise. José Manuel Duaro Barroso, le président de la Commission européenne, a estimé que ce boycottage était «disproportionné d'un point de vue sanitaire». 

 

 

  • l’ambassade de Russie à Paris(攝影: / 大紀元)

 

En guise de réponse, la Pologne s'est opposée à négocier un vaste accord de partenariat euro-russe sur l'approvisionnement énergétique. Pour ne pas faire paraître trop de discordances, la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a assuré que les relations entre l'Europe et la Russie n'étaient aucunement «gâchées» par ce blocage de la Pologne.

En revanche, elle a aussi précisé que l'Union européenne attendait que «la Russie accepte des principes comme la transparence, l'accessibilité du marché et la réciprocité», a-t-elle ajouté.

Les Européens ont de moins en moins le choix de ne pas négocier avec le géant russe. En effet, l'Union européenne achète plus de 40 % de ses importations en gaz et plus de 30 % du pétrole à Moscou. Le futur accord de partenariat en jeu à Helsinki pourrait prendre plusieurs années à négocier selon des diplomates européens, puisqu'il doit inclure un volet énergétique crucial pour les Européens de plus en plus inquiets de leur dépendance envers les hydrocarbures russes.

Vladimir Poutine a cependant concédé la disparition des surtaxes exigées par son pays pour le survol de la Sibérie. Cette décision faisait partie pour les Européens des conditions sine qua non de l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Ces taxes, dont les compagnies aériennes réclamaient l'abolition depuis vingt ans, représentaient en moyenne 350 millions de dollars chaque année pour les compagnies européennes et, en 2006, elles ont même atteint 430 millions de dollars selon le commissaire européen aux Transports, Jacques Barrot.

Mais cette concession russe a renforcé l'idée qu'Helsinki était avant tout un Sommet d'affaires au point d'occulter les différentes contestations que suscite Moscou.

Droits de l’homme

En matière de négociation, tout doit être fait pour ne pas heurter la sensibilité du partenaire, et l'Union européenne l'a bien compris. Les dirigeants européens ne comptaient surtout pas entrer dans les détails avec le président russe dans l'affaire de l'empoisonnement de l'ex-espion russe anti-Poutine, Alexandre Litvinenko, mort le 23 novembre 2006 à Londres. À l'évocation de cette affaire, le premier ministre finlandais, Matti Vanhanen, a répondu être «désolé» pour sa famille, mais ne pas savoir grand chose sur cette affaire.

Directement incriminé par les proches de Litvinenko, Vladimir Poutine a répondu aux journalistes : «Rien ne prouve le décès par mort violente. Absolument rien. Il n'y a aucune base pour parler d'assassinat.»

En outre, lorsqu'une autre journaliste lui a demandé si l'investigation sur le meurtre de la journaliste enquêtant sur les crimes en Tchétchénie, Anna Politkovskaïa, progressait, il a tout simplement éludé la question et piqué ses partenaires européens : «C'est un problème pour nous tous. Si seulement vous pouviez voir ce que fait la mafia dans d'autres pays européens.»

Les associations de défense des droits de l'homme ont évidemment saisi l'occasion du Sommet pour rappeler à l'Union européenne les dérives de Moscou en matière de défense des droits les plus fondamentaux. Amnesty International a demandé à l’Union européenne d'envoyer un message fort au président Poutine en ce qui concerne les droits humains.

Dans un nouveau rapport, rendu public le 22 novembre 2006, intitulé Torture and forced “confessions” in detention (Tortures et «confessions» forcées en détention), Amnesty International décrit comment la torture est utilisée dans les centres de détention russes en s'appuyant sur des témoignages et des dossiers médicaux prouvant que la torture est utilisée en Russie.

Le rapport fait état non seulement de coups, de décharges électriques, mais aussi de l'utilisation d’une «salle de viol» spécialement aménagée avec une table métallique équipée d’entraves pour obtenir des «aveux» sous la contrainte. En 2005, des organisations non gouvernementales (ONG) russes ont recensé plus de 100 cas de torture en Russie. Dick Oosting, le directeur du Bureau européen d'Amnesty International, demandait clairement à l'Union européenne «d'exhorter le président Poutine à montrer qu’il est prêt à s’attaquer à ces problèmes et à enclencher des changements. Cette étape est d’autant plus importante que l’Union européenne est en train d’approfondir ses relations avec la Russie par le biais du renouvellement du partenariat stratégique».

Les pratiques d'enlèvements et de tortures se poursuivraient en effet en Tchétchénie en toute impunité selon un rapport de l'ONG russe Memorial et de la Fédération internationale des droits de l'Homme, présenté le 22 novembre 2006 à Paris et à Moscou. Depuis le début de l'année, Memorial a enregistré 143 cas d'enlèvements, dont 54 personnes portées disparues.

Entre 2002 et 2005, Memorial, dont le travail ne porte que sur 25 à 30 % du territoire tchétchène, a répertorié 1804 cas d'enlèvements parmi lesquels 986 disparus et 181 morts dont les corps ont été retrouvés. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Manfred Nowak, a renoncé au début d’octobre à une visite en Russie et notamment en Tchétchénie, les autorités russes ayant refusé sa demande de s'entretenir en privé avec des détenus. Cette visite devait être la première d'un rapporteur spécial sur la torture en Russie depuis 1996.

L'avenir énergétique de l'Union européenne est devenu une priorité politique, quitte à mettre temporairement de côté les agissements du partenaire russe devenu indispensable.

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