Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Résurgence de violence à craindre au Liban

Écrit par Yohai Sela, Collaboration spéciale
29.11.2006
| A-/A+

 

ISRAËL - Le Liban a vécu sa fête de l’Indépendance dans le deuil la semaine dernière, bouleversé par l’assassinat d’un autre leader politique, le ministre chrétien Pierre Gemayel.

Avec sa population de chrétiens et de musulmans sunnites et chiites, le Liban est un microcosme du monde arabe dans toute sa diversité. En tant que tel, le petit pays sert d’arène de compétition entre différents pays arabes et certains pays occidentaux.

  • Des Libanais en deuil (攝影: / 大紀元)

 

 

Le fragile équilibre sectaire au Liban, pays qui se remet encore d’une longue et violente guerre civile qui a pris fin en 1990, a été encore ébranlé lorsque Pierre Gemayel a été assassiné le 21 novembre 2006. M. Gemayel, un chrétien maronite, avait le poste de ministre de l’Industrie au sein du gouvernement du premier ministre Fouad Siniora, un musulman sunnite.

Pierre Gemayel, fils de l’ex-président libanais Amin Gemayel, était l’un des leaders jeunes et prometteurs du pays. Il était membre des «Forces du 14 mars» qui critiquent ouvertement l’ingérence syrienne au Liban, directement ou indirectement, par des mandataires comme le Hezbollah.

Son meurtre pourrait être lié à la décision des Nations Unies d’établir un tribunal international pour enquêter un autre assassinat politique, soit celui de l’ex-premier ministre libanais Rafik Hariri en février 2005.

La réaction du Hezbollah à la décision de l’ONU

Le 10 novembre dernier, l’ONU a recommandé au gouvernement libanais la mise sur pied d’un tribunal international pour juger les gens impliqués dans l’assassinat d’Hariri.

Un rapport intérimaire de l’ONU, publié plus tôt cette année, avait soulevé la suspicion que des politiciens syriens haut placés et proches du président Bashar al-Assad auraient été impliqués dans la planification du meurtre. La suggestion de l’ONU d’établir un tribunal a donc rendu les Syriens quelque peu nerveux.

Le jour suivant, en réponse à la recommandation onusienne, les partis prosyriens chiites au Liban, Amal et Hezbollah, ont annoncé leur retrait du gouvernement Siniora mené par les sunnites.

La Constitution libanaise, basée sur une formule attentionnée pour amenuiser les tensions sectaires, requiert que le gouvernement inclue des représentants chiites. Donc, suite à l’annonce des deux partis, les dirigeants chiites ont appelé à des élections pour la formation d’un nouveau gouvernement. En même temps, certains chefs ont implicitement menacé d’une prise du pays par les chiites.

«Nous pouvons causer une révolution au Liban et le prendre», a déclaré un représentant haut placé du Hezbollah. «Mais nous ne voulons pas faire ça.»

La tête du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a dit à des milliers de partisans que la démission des ministres chiites pourrait mener à la chute du gouvernement Siniora et à la création d’un «gouvernement plus propre». Ce que le Hezbollah et la Syrie espèrent apparemment est que de nouvelles élections puissent faire balancer le pouvoir en leur faveur de manière à empêcher la mise sur pied d’un tribunal.

Le meurtre de Pierre Gemayel était un avertissement

Tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU se préparait à une autre ronde de discussions sur la création du tribunal, la Syrie et le Hezbollah ont senti que l’herbe leur était coupée sous le pied malgré leurs efforts d’arrêter le processus.

Le meurtre de Rafik Hariri, en février 2005, a été suivi par une série d’autres assassinats de politiciens, journalistes et chefs spirituels libanais reconnus pour leur opposition à la Syrie. Ce qui est différent du cas de Gemayel est qu’il a été tué par un tireur plutôt que par une bombe sous sa voiture ou sur le côté de la route.

Immédiatement après le meurtre, un groupe appelé, les «Combattants pour l’unité d’Al-Sham [la grande Syrie] et sa liberté», l’a revendiqué.

«Allah nous a donné le succès aujourd’hui aussi dans l’assassinat de l’agent Pierre Gemayek, un de ceux qui a incessamment craché son venin contre la Syrie et contre la Résistance [i.e. Hezbollah], sans honte et sans frayeur», a déclaré le groupe dans un communiqué aux médias libanais, selon le Middle East Media Research Institute. «Nous avons rayé cet agent [Pierre Gemayel] de notre liste de cibles et, tôt ou tard, nous allons faire payer le reste des agents…»

Réactions au meurtre de Gemayel

L’assassinat a bouleversé les Libanais, de même que les gouvernements occidentaux. Sa’d al-Hariri, fils de l’ex-premier ministre, a exprimé à CNN qu’il croyait que la Syrie était derrière le meurtre en raison du délai très court avec la discussion du Conseil de sécurité au sujet du tribunal.

[La Syrie] veut se débarrasser de chaque homme libre et renouveler la série de meurtres qu’elle a promis», a-t-il suggéré.

La France a aussi laissé entendre que la Syrie était derrière l’assassinat; le premier ministre britannique, Tony Blair, a dit que cela démontrait le besoin urgent de l’établissement d’une politique globale stratégique au Moyen-Orient qui appuierait ceux qui sont en faveur de la démocratie et la résolution pacifique des conflits.

Les dangers côtoient l’espoir

L’assassinat de Gemayel démontre que le Liban est exposé à des forces centrifuges qui menacent de briser le pays en parties sectaires, dont certaines sont en lutte depuis des décennies. Côtoyant le danger que la stabilité du pays durement acquise s’écroule, existe l’espoir de l’unification. C’est ce qui est arrivé à la suite du meurtre de Rafik Hariri. Des milliers de Libanais ont manifesté pacifiquement contre la Syrie, menant au retrait des troupes syriennes au Liban après une présence de 25 ans.

L’assassinat est un choc pour le système fragile, mais il y a encore une chance que, grâce à l’appui international pour les forces démocratiques du pays, le Liban puisse émerger de cette crise.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.