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Corée du Nord : l'arme atomique, mais le ventre vide

Écrit par Chowa Choo, La Grande Époque
07.11.2006
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  • Le petit Jong Song Chol, souffrant de malnutrition(攝影: / 大紀元)

Kim Young n’avait pas de nourriture à faire cuire dans son chaudron d’eau bouillante. Alors ses enfants affamés sont allés au marché pour trouver, à travers les détritus jetés par les commerçants, des restes d’aliments comestibles. Ils en ont trouvé à peine pour remplir une petite boîte et sont retournés à la maison. Young a écrasé les restes, ajouté quelques herbes et servi deux bols de soupe pour ses enfants.

Cet aperçu de la vie que menaient une mère et ses enfants en Corée du Nord avant de gagner le Laos en 2005 a été publié par une organisation de Séoul, l’Alliance des citoyens pour les droits de l’homme en Corée du Nord. Le régime communiste nord-coréen fait des pieds et des mains pour développer des armes nucléaires, tandis que d’autres enfants, comme ceux de Kim Young, continuent de fouiller les poubelles pour manger.

Chaque année, des milliers de personnes comme Kim Young risquent leur vie pour s’enfuir vers des pays voisins. Des témoins oculaires affirment que ceux qui sont capturés par les gardes frontaliers sont souvent sévèrement punis sur le champ avant d’être envoyés dans des camps de travail. Plusieurs femmes et enfants deviennent les proies des trafiquants d’humains qui les vendent comme esclaves sexuels ou épouses aux familles chinoises de l’autre côté de la frontière. Le nombre de ceux qui sont morts en tentant de fuir la terreur et la faim demeure inconnu.

Une nation qui souffre depuis longtemps

Le Programme alimentaire mondial et l’UNICEF ont mené une enquête en 2004 qui a démontré que 37 % des enfants nord-coréens souffraient de malnutrition chronique, le tiers des mères étant mal nourries et anémiques.

L’économie nord-coréenne s’est rapidement détériorée après la chute de l’Union soviétique en 1991. À part quelques périodes limitées d’améliorations, elle ne s’est toujours pas redressée complètement. La famine désastreuse des années 90 a fait entre un et deux millions de morts. Même pendant cette période de calamité à l’échelle nationale, le régime communiste avait encore les moyens de procéder à des tirs d’essai de missiles en 1993 et 1998.

Les réformes économiques et sociales du régime ont échoué, et le manque de nourriture demeure répandu, créant des conditions favorables au marché noir, à la corruption et à l’inflation galopante. Il est rapporté que beaucoup de Nord-Coréens ont désespérément besoin d’aide parmi la population de 23 millions.

Dans un récent livre blanc sur les droits de l’homme, Park Young-Kyu, président de l’Institut coréen pour l’unification nationale (KINU), a dit que la plupart des Nord-Coréens trouvent des manières de vivre alternatives pour survivre pendant la pénurie alimentaire.

«Plusieurs d’entre eux ont enfreint la loi pour trouver de la nourriture et des biens essentiels et d’autres ont choisi de s’enfuir en Chine», explique-t-il. «Dans le processus, les autorités nord-coréennes ont arrêté, torturé et exécuté leurs propres citoyens.» Selon Amnesty International, les Nord-Coréens qui, motivés par la faim, volent de la nourriture sont exécutés publiquement, et les écoliers sont souvent forcés de regarder la scène.

En juillet et en août 2006, de fortes pluies ont encore causé des inondations et détruit les récoltes dans la moitié de la partie nord de la péninsule coréenne. Les organisations humanitaires internationales ont averti que la Corée du Nord se dirigeait vers une autre crise alimentaire.

Vers le nucléaire

Alors que le régime de Kim Jong-il faisait les dernières préparations pour tester une bombe nucléaire au début d’octobre, il savait que ce geste pourrait mener à des sanctions de l’ONU. De nombreuses personnes croient que ces sanctions vont accentuer la pénurie de nourriture.

Néanmoins, le 9 octobre dernier, Pyongyang a fait exploser une bombe nucléaire sous la terre. Le ministère des Affaires étrangères nord-coréen a annoncé qu’il avait complété avec succès un test nucléaire alors que «tout le peuple dans le pays faisait un grand bond en avant pour bâtir une grande, prospère et puissante nation socialiste.»

La phrase du ministère «grand bond en avant» rappelle le Grand bond en avant chinois, un projet zélé de Mao Zedong de rendre la Chine rapidement industrialisée et radicalement communiste et qui s’est soldé par la mort de 30 à 40 millions de Chinois suite à la famine au début des années 60.

Lors d’une session parlementaire le 11 octobre, Benita Ferrero-Waldner, commissaire de l’Union européenne, a questionné les motifs du régime nord-coréen. Elle ne pouvait concevoir que le fait de développer l’arme nucléaire pourrait «servir les intérêts de sa population qui fait preuve d’une patience à toute épreuve.»

Le 15 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé à l’unanimité d’imposer des sanctions à la Corée du Nord, visant à bloquer les importations d’armes, de même que l’équipement et les technologies militaires dans ce pays. Une sanction sur les articles de luxe est dirigée contre le dirigeant nord coréen, Kim Jong-il, et sa famille qui vivent dans l’opulence tandis que des millions de citoyens vivent dans la pauvreté.

Les sanctions comprennent aussi le gel de fonds, des avoirs financiers et des ressources économiques ainsi que l’interdiction des exportations d’armes nord-coréennes.

Aide alimentaire et dilemmes quant aux droits de l’homme

Des organisations internationales bénévoles sont pressées d’opérer en Corée du Nord pour contrer la malnutrition, mais ceci est difficile car le régime empêche les travailleurs humanitaires étrangers d’accéder à certaines régions.

De plus, les donateurs deviennent de plus en plus réticents à fournir plus d’aide, craignant que les ressources servent à endurcir le régime hostile et soient détournées à des fins militaires. Mais une réduction de l’aide alimentaire serait de mauvais augure pour les habitants défavorisés, selon l’expert de l’ONU, Vitit Muntarbhorn.

M. Muntarbhorn a critiqué la Corée du Nord dans le passé au sujet de ses investissements massifs dans la défense aux dépens du bien-être de la population. Lors d’une conférence de presse à New York le 23 octobre, il a dit que la situation des droits de l’homme dans ce pays était extrêmement sombre, particulièrement pour les femmes, les enfants et les invalides, tous des groupes sérieusement touchés par la pénurie alimentaire.

«Le régime a divisé les gens en trois catégories : la classe de l’élite, la classe flottante dans le milieu et ceux considérés comme des ennemis du régime», a-t-il écrit dans un rapport spécial. «L’inquiétude particulière concerne la situation du troisième groupe qui est parfois puni en raison de son association avec des proches considérés comme hostiles au régime… et ils se retrouvent bannis ou sont envoyés dans des camps de détention politique avec le reste de leur famille.»

Le professeur Woo Seong-ji, de l’Université Kyung Hee à Séoul, suggère que le gouvernement sud-coréen améliore sa politique discrète concernant les droits de l’homme au Nord, qui avait été adoptée pour apaiser le régime antagoniste et promouvoir la paix.

«Alors que l’aide humanitaire doit être maintenue, nous devons demander plus de transparence du régime de Pyongyang», commente M. Woo. «Il n’y a pas de raison de ne pas commencer un dialogue des droits de l’homme entre la Corée du Nord et la Corée du Sud immédiatement.»

«Malgré des preuves accablantes, l’administration Roh [le président sud-coréen] s’est détournée des questions des droits de l’homme, seulement au bénéfice du régime oppressif et aux dépens du bien-être du commun des Nord-Coréens», renchérit-il.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.