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La permanence médicale permet-elle les soins ?

Écrit par Dr François Carnot pour La Grande Époque
16.12.2006
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Nous avons tous l’image du « bon » médecin avec sa totale disponibilité envers ses patients, qui passe ses jours et soirées, et même parfois ses nuits à leur service. Mais nous savons bien tous que cette époque est totalement révolue. Où en est-on actuellement?

Voici un médecin de petite ville (9.000 habitants), soignant avec ses dix autres confrères de la ville la population locale élargie à la campagne environnante. Il a une forte disponibilité depuis le début de son exercice vers la fin des années 80.

L’absence de téléphone portable, puisque seule la radio permettait le

contact entre le secrétariat et le médecin, était un très gros

handicap. Mais, il était malgré tout, qu’il neige ou qu’il vente, très

vite au chevet de son malade.

  • Un médecin à l'écoute d'un homme aux cheveux blancs(攝影: / 大紀元)

 

Ce médecin devait être capable de tout faire, même les accouchements à domicile. Vous vous rendez compte de l’engagement aveugle de ce médecin. Bien sûr, ce n’était pas sans dommages, mais la population l’acceptait alors bien. Notre médecin de petite ville fut l’un des premiers à refuser les accouchements de ses patientes à domicile, car il se rendait bien compte des limites de ses compétences. Et ce fut le commencement du grand changement, lent, mais profond.

Alors, la médecine de ville s’organisa de plus en plus vers une médecine, non de 80 heures, mais seulement de 60 heures. Les gardes s’organisèrent entre les médecins d’une même ville, puis entre les médecins de même canton. Les accouchements se sont faits souvent loin du domicile (jusqu’à soixante kilomètres).

Et maintenant où en est-on ? C’est très simple, prenez la place d’un malade. Il a besoin d’un médecin et il est 22h30. Il habite à dix kilomètres dans la campagne. Il appelle son médecin dit « traitant » et il tombe sur le répondeur : « Le cabinet médical est fermé pour la nuit. Pour avoir le médecin de garde, merci d’appeler la permanence de soins au numéro 00.00.00.00 ». Le malade n’a pas retenu le numéro (il est malade !) et il rappelle après avoir trouvé un papier et un crayon (chaque département a son numéro d’appel, ce n’est pas très pratique quand on habite entre deux départements). Il n’y arrive pas, il ne lui reste plus que le recours de faire appel au service des grosses urgences, le 15. Gentiment, ce service lui transmet directement la permanence département de soins.

Là, dans cette grande salle, un médecin de garde à plusieurs dizaines de kilomètres de là, interroge, évalue et conseille avec la consigne d’éviter au plus le transfert vers le médecin de garde sur les cantons de sa responsabilité. Eh oui, maintenant, le médecin de garde sur place est responsable des malades sur 4 à 5 cantons. Du fait des distances, il ne se déplace plus, mais impose au malade de se déplacer jusqu’au local de garde à défaut de son cabinet médical. Si le malade ne le peut pas, certaines caisses de sécurité sociale sont prêtes à leur offrir le transport en ambulance. Mais ne cherchez plus à avoir le médecin de garde après minuit, il n’y a plus personne. Seul le service d’urgence des hôpitaux fonctionne après minuit.

Quoi qu’il en soit, le malade, bien fatigué de sa garde au médecin disponible se trouve alors face à son ordonnance. Et là, c’est la même galère qui se présente à lui : une pharmacie de garde pour plusieurs cantons (parfois à plus de 30 kilomètres) avec éventuellement l’obligation de téléphoner avant à la gendarmerie, pour en obtenir l’ouverture.

Avec un peu de réflexion et de recul, il est très facile de lire les nouvelles statistiques : 1/ de moins en moins de soins de ville de 20h à 24h (il faut trouver le bon numéro, il faut passer le cap de la régulation, il faut trouver le local où se trouve le médecin de garde sur plusieurs cantons...), 2/ il n’y a quasiment plus de soins de ville de 0h à 8h (il n’y a pas de permanence !).

Mais curieusement, il n’y a pas de statistiques sur les comparaisons entre les nécessités de soins et les soins qui ont pu être réalisés. Les statistiques révèlent que la demande de soins a « fondu ». Il n’y a donc presque plus de vrais malades la nuit.

Oui, cela interroge. Alors que se passe-t-il ailleurs ? Par exemple dans les services d’urgences des hôpitaux. La demande y est forte et les soins se font attendre. Trois sur une chaise dans le couloir suite à une perte de connaissance inexpliquée, cela a bien lieu dans de nombreux hôpitaux. Alors on s’interroge.

Que nous disent nos responsables politiques ? La médecine française coûte cher et la dépense médicamenteuse est plus importante que partout ailleurs. La médecine se trouve à un tournant et à regarder l’avenir, il n’y aura presque plus de médecins dans nos campagnes et les petites villes auront un seul cabinet de groupe (tel un dispensaire) (avec dans certaines localités trois fois moins de médecins par habitant que maintenant).

Il serait intéressant pour nous tous de savoir quel type de médecine nous désirons et ainsi de pouvoir transmettre nos « cahiers de doléances » à nos politiques avant les prochaines élections. La question de la permanence de soins se pose, la question du remboursement des médicaments aussi. La médecine de ville est-elle une gêne pour le service public ? Mais dans tous les cas, il y a lieu de tout faire pour préserver le choix des médecines disponibles. Il y a des moyens différents de soigner et il serait dangereux de tomber dans la proposition d’une médecine unique.

NB : afin de facilité le rapprochement entre le malade et le médecin de garde, par le biais de la « permanence de soins », il serait utile de soutenir la proposition d’un numéro unique pour la médecine de ville : le 33 33.

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