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La France et le gaullisme ambigu

Écrit par Marc Gadjro, La Grande Époque
19.12.2006
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Après les primaires socialistes et le triomphe de Ségolène Royale face aux «éléphants» de son parti, la mode du «forum interne» gagne maintenant le grand parti de la droite française. Mais loin d’entretenir le suspens sur la désignation du candidat officiel de l’UMP (Union pour un mouvement populaire), le second débat télévisé du 15 décembre dernier annonce le spectaculaire affrontement auquel vont se livrer, directement ou indirectement, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy au cours des cinq prochains mois qui nous séparent de l’élection capitale. 

  • Nicolas Sarkozy, chef de l’UMP en France(攝影: / 大紀元)

 

Au cœur d’une tradition politique où «le favori des sondages» est rarement celui qui s’impose au final, le plébiscite de Nicolas Sarkozy au sein du parti ne fait aucun doute. Mais la défaite du clan Chirac est loin d’être consommée. Au contraire. À droite, «la course à la chefferie version française» n’aura finalement pas lieu. La campagne présidentielle commence déjà.

«En ordre de bataille»…

Avec 39 candidats officiellement déclarés et une grosse poignée de candidatures non encore officielles, le record des seize prétendants établi lors de la présidentielle de 2002 devrait être balayé. Le pluralisme idéologique franco-français n’a jamais été aussi théâtralement illustré même si la plupart de ces candidats ne passeront pas le traditionnel cap des «500 signatures» (les fameux parrainages communaux conditionnant l’éligibilité à la présidentielle).

Les survivants devraient disparaître sous l’impitoyable broyage médiatique des grandes familles politiques et idéologiques qui affûtent leurs armes depuis de longs mois.

«La gauche de gouvernement» semble d’ores et déjà organisée en ordre de bataille derrière Ségolène Royale, «la Jeanne d’Arc des socialistes». Elle se distingue ainsi de l’hétéroclite extrême gauche «anti-libérale» affaiblie par ses multiples candidats.

La droite apparaît plus divisée, mais ne manque pas d’ambitions. Entre la traditionnelle fronde du centre droit (dominé par l’Union pour la démocratie française-UDF de François Bayrou) et une extrême droite plus vigoureuse que jamais (personnalisée par le Front National-FN de Jean-Marie Le Pen), l’UMP, le grand parti de la droite au pouvoir, est irrémédiablement scindé en deux.

«La rupture», le thème de campagne martelé par Nicolas Sarkozy, symbolise justement l’opposition entre les deux principaux clans de la droite française.

«La guerre des droites»

D’un côté, le tonitruant ministre de l’intérieur en appelle à un quasi-changement de régime et prône une profonde réforme de la société française. De l’autre, le président de la République, Jacques Chirac, et ses principaux lieutenants, le premier ministre Dominique de Villepin, la ministre de la Défense et – à un degré moindre – le ministre des Affaires sociales, Jean-Louis Borloo, incarnent résolument le traditionnel «modèle social français».

Ce thème conservateur, qui avait assuré la victoire du «Non» lors du référendum sur la Constitution européenne, est carrément devenu le cheval de bataille de Michèle Alliot-Marie, la future candidate de la famille Chiraquienne (elle officialisera sa candidature dans deux semaines, à moins que le président de la République, 74 ans, ne tente finalement de se succéder à lui-même).

Le nouveau credo Chiraquien

Traumatisé par la terrible crise du CPE (Contrat de première embauche) d’avril dernier au cours de laquelle il prétendait «réformer la France à la hussarde», Dominique de Villepin martèle avec conviction la nouvelle ligne conservatrice du «chiraquisme». Fraîchement converti, il recycle sans complexes, aux côtés de l’universitaire Emmanuel Todd et du «très social» Jean-Louis Borloo, les vieux thèmes de la «fracture sociale», qui firent le succès de Jacques Chirac en 1995 et s’opposent aujourd’hui à l’ultralibéralisme de la mondialisation.

Très présente dans les multiples opérations dans lesquelles l’armée française est impliquée (en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, au Liban ou encore récemment en Centrafrique et au Tchad) Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin, qui s’illustra à la tribune des Nations Unies dans de célèbres envolées lyriques au sujet de la guerre d’Irak, incarnent aussi l’ambition internationale d’une France nostalgique de la puissance que symbolisait le général de Gaulle.

«Une certaine idée de la France»

Or, c’est précisément cet «héritage gaullien», auquel de nombreux Français demeurent attachés, que Jacques Chirac va exploiter face au «populisme» que représente, selon ses partisans, Nicolas Sarkozy. Critiqué pour son discours ultrasécuritaire et «communautarisant», identifié à l’ultralibéralisme anglo-saxon et accusé de s’être montré trop proche de George W. Bush lors d’un récent voyage au États-Unis, le tonitruant Nicolas Sarkozy qui n’hésite pas à enrôler le rockeur Johnny Hallyday ou le rappeur Doc Gynéco incarnerait, selon les conformistes chiraquiens, «la peopolisation» de la campagne, qui discrédite l’engagement politique au profit de l’image.

Ce dernier argument pourrait renvoyer dos à dos Nicolas Sarkozy et Ségolène Royale, et imposer en recours, une fois encore, la «figure paternelle» de Jacques Chirac, ou à travers lui celle de Michèle Alliot-Marie. Mais la paradoxale lassitude des Français vis-à-vis d’un modèle en faillite, qu’ils ne semblent pas pressés de voir disparaître, illustre néanmoins toute l’incertitude qui règne autour d’un scrutin qui s’annonce capital. 

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