Le KGB mène la Russie

Écrit par Noé Chartier, La Grande Époque
19.12.2006

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Politiciens et chefs d’entreprise sont reliés aux services secrets 

  • Le président russe, Vladimir Poutine, s’exerce au tir (攝影: / 大紀元)

 

Dans nos activités quotidiennes, lors de nos déplacements, de nos conversations téléphoniques, rares sont ceux d’entre nous qui ont le sentiment d’être épiés ou écoutés. Le monde des espions est associé davantage aux œuvres cinématographiques et certains se disent que même s’ils étaient surveillés, à quoi bon s’inquiéter s’ils n’ont rien à se reprocher?

La récente saga du meurtre de Litvinenko, l’ex-agent secret russe, assassiné avec une substance rare, hautement radioactive, nous rappelle que l’espionnage est présent en force et que la réalité peut dépasser la fiction. Le développement de cette histoire se suit comme un thriller et fascine particulièrement les Britanniques.

Scotland Yard, rejointe récemment par l’Interpol, poursuit toujours l’enquête pour déterminer les responsables.

Si Litvinenko avait, avant sa mort le 23 novembre 2006, accusé le président russe, Vladimir Poutine, de l’avoir fait tuer, sa veuve, Marina Litvinenko, n’accuse pas Poutine directement. «De toute évidence, ce n'était pas Poutine lui-même, bien sûr que non», a-t-elle déclaré au journal britannique Mail on Sunday. «Mais avec ce que Poutine fait autour de lui en Russie, il est possible de tuer un Britannique sur le sol britannique. Je crois que cela a pu être les autorités russes», a-t-elle précisé.

La dernière hypothèse suggérée publiquement par un ami de Litvinenko est qu’il aurait été tué en raison d’un dossier de huit pages compromettant qu’il avait monté sur une personnalité importante du Kremlin…

Étude accablante

Vladimir Poutine a, depuis son entrée sur la scène politique russe et internationale, une réputation de dur. Si certains ont pu, dans les dernières années, minimiser ou passer outre  son vécu en tant qu’agent des services secrets soviétiques (KGB), une récente étude confirme que quatre hauts fonctionnaires et administrateurs publics sur cinq en Russie sont de présents ou ex-membres des services secrets ou de l’armée.

L’étude a été menée par Olga Kryshtanovskaya, une sociologue du Centre pour l’étude de l’élite au sein de l’Académie des Sciences en Russie. Les curriculums de 1061 personnalités importantes ont été étudiés pour établir les conclusions.

Depuis des années, elle étudie les cercles de pouvoir et, bien avant 2006, Poutine avait-il commencé à s’entourer d’anciens collègues. En fait, peu de temps après sa victoire aux présidentielles en 2000, il était allé au quartier général de l’ancien KGB (maintenant le FSB) et avait déclaré devant 300 agents que «La leçon numéro un sur l’obtention complète du pouvoir était terminée», rapporte le Belfast Telegraph.

Non seulement l’administration publique est-elle noyautée par l’influence du KGB, mais la situation dans les grandes entreprises est la même. C’est le cas particulièrement dans les grands monopoles d’État comme Gazprom, la plus grande firme de gaz naturel au monde.

À présent, le KGB est tout-puissant. On aurait pu croire que l’époque soviétique était son âge d’or, avec la guerre froide battant son plein, mais le contexte actuel est encore plus propice à son épanouissement. Ce sont maintenant les gens du KGB eux-mêmes qui donnent les ordres, et non le politburo du parti communiste.

Yevgenia Albats, professeure de science politique à l’Université d’État de Moscou et experte des services secrets russes, a été interviewée récemment par le magazine Foreign Policy au sujet du cas Litvinenko et du monde secret russe en général.

Ce qu’elle avance est très inquiétant pour la Russie et les autres pays également. Elle décrit le KGB comme une institution jamais réellement réformée, présente dans toutes les sphères de pouvoir de la société et ne répondant qu’à un seul homme : Vladimir Poutine.

Selon Albats, quelles sont les priorités des agences héritières du KGB? Difficile à dire. Elle ne croit pas qu’elles soient préoccupées par la sécurité intérieure et paraphrase les responsables américains accusant l’ambassade russe à Washington d’être un nid d’espions «comme dans le bon vieux temps».

«Maintenant, plusieurs d’entre eux [agents secrets] sont impliqués dans différentes entreprises. Parfois, ils ont plus l’air d’hommes d’affaires que d’agents de renseignements», explique Albats, mettant en lumière la guerre économique que peuvent se livrer les entreprises multinationales.

Au Canada

Un supposé espion russe a récemment été intercepté à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau et devait être expulsé incessamment. Mais deux semaines après l’ordre d’expulsion, aucune nouvelle encore de son départ. L’homme, qui se faisait passer pour Paul William Hampel, serait – selon le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) – un agent de la Sluzhba Vneshney Razvedki (SVR), un des services résultant de la «réforme» du KGB.

Le SCRS a indiqué que ces agents pouvaient être à la recherche d’informations dans les domaines militaires, économiques, politiques et autres.

Ailleurs

Si la lumière est récemment sur le KGB et ses successeurs, c’est parce qu’ils ont pris en main la Russie. Il ne faut pas oublier que tous les pays se livrent à l’espionnage, que leurs opérations soient connues ou non.

Ce n’est pas avant 1994 que la Grande-Bretagne a admis l’existence du légendaire MI6, qui opère dans le monde, luttant dans l’ombre contre le terrorisme et la criminalité, ou pour les intérêts économiques de ses maîtres.

Au chapitre des opérations gouvernementales clandestines, les États-Unis mènent le bal avec une quinzaine d’agences, dont la plus connue est la CIA.

Et puis il y a Echelon, longtemps considéré comme le fruit de l’imagination d’amateurs de conspirations. Il s’agit d’un réseau de satellites pouvant intercepter n’importe quelle télécommunication dans le monde sur la base de mots-clés. Selon le réseau de télévision américain CBS, la US National Security Agency (NSA) gère le système avec la Grande-Bretagne et d’autres pays du Commonwealth britannique (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande).

Les États-Unis et la Grande-Bretagne nient à ce jour l’existence d’Echelon. Un responsable australien de la sécurité a confirmé à la BBC, en 1999, la participation de son gouvernement.