Tour du monde : les jumelles à Istanbul

Écrit par Adélaïde et Caroline Poussier Collaboration spéciale
20.12.2006

 

Nous sommes deux sœurs jumelles parties à la rencontre de nos semblables dans le monde. Après Moscou, le Transsibérien, la Chine, Hong Kong, nous voici maintenant en Turquie.

Byzance, Constantinople, aujourd'hui Istanbul, comment ne pas tomber sous le charme de cette vieille cite au passe légendaire ? Empire ottoman depuis 1453, la ville d'Istanbul a cédé sa place de capitale sans rien perdre de sa beauté incontestée. Son luxe, sa richesse, son patrimoine, son

histoire, sa culture l'ont élue "ville des villes" voila plus de mille ans, d’où l'expression "c'est Byzance".

  • Port d'Istanbul(攝影: / 大紀元)

 

Ouverte sur le Bosphore au confluent de la mer Noire et de celle de Marmara, la ville s'étend sur deux rives jumelles pour laisser place à une mégalopole accueillante et hospitalière tout comme ses habitants. Les minarets pointent à l'horizon comme le clocher de nos églises. Dans chaque quartier, une mosquée. Aux portes de l'Asie et a la frontière de l'Europe, Istanbul profite de ses multiples influences pour se définir comme une ville a part. Istanbul cosmopolite, Istanbul paisible, Istanbul nocturne, Istanbul fascinante. Mélange d'orient et d'occident, ville aux mille-et-une nuits, Istanbul nous est apparue comme un conte. Sentiment étrange de se sentir si bien dans une ville dont on ne connait pas le nom de ses rues.

EDA ET SEDA SÜMER

Avec un prénom si proche, nous nous attendions a rencontrer deux sœurs identiques. Eda et Seda n'ont rien de "très jumelles". Physiquement elles ne se ressemblent pas ; un air de famille tout au plus. Elles ne se fréquentent pas et ne ressentent ni le besoin de se voir ni même celui d’échanger sur leurs vies respectives. Elles disent ne pas avoir grand chose en commun. Des amitiés et des goûts différents, un mode de vie opposé, aucune anecdote de jumelles à raconter. A les écouter, on ne les penserait même pas sœurs.

Ces deux jeunes femmes, jumelles non-identiques de 30 ans, sont nées à Istanbul. Eda travaille dans les relations publiques alors que Seda, après plusieurs années en publicité, travaille aujourd’hui dans une galerie de peinture. Seda est mariée, Eda vit chez sa mère. Elles ont une sœur ainée de cinq ans plus âgée avec laquelle elles entretiennent de bonnes relations.

Apres cette rencontre, nous nous sommes posées la même question : comment peut-on se sentir si détachée quand on est jumelles ? Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avions encore jamais rencontré de jumeaux aussi indifférents l’un à l’autre. La plupart sont partagés entre l’amour et la haine et il reste toujours quelque chose de passionnel. Entre Seda et Eda nous n’avons rien senti de tel. Difficile pour nous de comprendre cette indifférence ; nous qui partageons beaucoup et plus encore depuis le début de l’aventure « Jumelles sans frontières ». Cette rencontre nous aura également appris que l’on peut être jumeaux sans pour autant se ressembler, que chaque paire est unique et que la complicité n’est pas donnée a tous.

SOUPER CHEZ LES DAGOGLU

Nous avons rencontré les sœurs Dagoglu, Nergiz et Gulbiz, jumelles identiques de 26 ans, nées à Istanbul. Elles nous ont accueillies chez elles le temps d’une soirée interculturelle. Nous avions pris contact avec Nergiz et Gulbiz voilà quelques semaines. Comme pour chacune de nos rencontres, nous avions envoyé un message aux ambassades, écoles et associations francophones. Un professeur de l’Université Galatasaray [1] a fait suivre notre demande jusqu´à Nergiz, étudiante en médecine (radiation oncologie) à Istanbul, dans l’une des plus prestigieuses écoles américaines de Turquie. L’échange s’est donc fait en anglais.

Sa sœur, Gulbiz, étudie aussi en médecine, mais dans une spécialité différente (radiologie), à Ankara, la capitale, où elle habite depuis quatre ans. Elle retourne tous les quinze jours dans sa ville natale à laquelle elle se sent très attachée. Elle envisage d´ailleurs de revenir y vivre après ses études. Nous avions bien compris que les résidents d’Istanbul affectionnaient particulièrement leur ville, et avec raison.

À l’inverse des jumelles Eda et Seda que nous avions rencontrées la semaine précédente, Nergiz et Gulbiz sont très liées. Pour autant, elles ne sont pas le stéréotype des jumelles qui pensent ou ressentent la même chose au même moment. Elles ne cherchent ni à se ressembler ni à se différencier, elles vivent simplement leur gémellité sans trop se poser de questions. Elles partagent les mêmes valeurs et s’entendent sur un même mode de vie. Elles ont toutes deux reçu une éducation qui leur assure aujourd’hui un avenir prometteur. Elles aiment passer du temps ensemble et avoir des activités communes, elles n´appréhendent pas leur avenir de jumelles et savent que, quoiqu´il arrive, elles resteront complices.

Finalement, au cours de la soirée, nous nous sommes éloignées de notre sujet principal pour profiter d’une rencontre interculturelle. Issues d´une riche famille musulmane, Nergiz et Gulbiz sont venues nous chercher à notre hôtel pour nous conduire chez elles, dans une belle maison dominant Istanbul et le Bosphore. Elles nous ont invitées à partager le souper familial en période de ramadan. Reçues avec beaucoup d´hospitalité, nous avons vécu là un moment inoubliable de notre voyage en Turquie.

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