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Point de vue sur les JO à Pékin

Écrit par Radio Son de l'Espoir
25.12.2006
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Pour nous parler de la liberté de la presse en Chine, Vincent Brossels, responsable de la section Asie à Reporters Sans Frontières (RSF)

Notre correspondant de Paris a surtout voulu savoir comment RSF réagissait à la nouvelle réglementation adoptée par la Chine la semaine dernière. Cette réglementation accorde plus de liberté aux journalistes étrangers. Elle sera applicable du 1er janvier 2007 au 17 octobre 2008, soit une période beaucoup plus longue que les JO qui sont du 8 Août au 24 Août 2008.Elle prévoit notamment qu’il ne sera plus nécessaire d'obtenir une

autorisation pour effectuer des reportages hors Pékin, même dans des

régions sensibles comme le Tibet, et sont concernés tous les reportages

et non pas que ceux se rapportant aux JO.

  • Vincent Brossels, responsable de la section Asie à Reporters Sans Frontières(攝影: / 大紀元)

 

 De plus, tous les

journalistes détenteurs de la carte d'accréditation aux jeux et d'un

passeport pourront entrer en Chine sans visa.

« Ils ont modifié la régulation car ils étaient sous pression. Il y avait des critiques au niveau international par rapport à des promesses faites en 2001 quand ils ont eu les JO. Il était clairement écrit dans le dossier de Pékin que les journalistes auraient toute la liberté de travailler, avant, pendant et après les jeux. On savait que ce n’était pas vrai. Donc il y a eu de nombreuses critiques, au niveau des gouvernements, des organisations comme RSF, pour que la régulation soit changée. Les organisateurs avaient promis qu’en 2007 la régulation serait changée.

Le seul problème c’est que pour le moment ils ont donné une période qui commence en janvier 2007 et finit en octobre 2008. Ca veut dire que c’est une ½ victoire puisque on attendait un changement définitif et pas temporaire. Le changement est réel, car ce qui est écrit dans la nouvelle régulation c’est :

d’abord que les journalistes peuvent voyager dans tout le pays sans avoir à demander aux autorités de Pékin les autorisations.

Ils peuvent aller dans des régions comme le Tibet ou le Xinxiang qui étaient très difficiles d’accès pour les journalistes.

Ils peuvent interviewer les personnes sans avoir d’autorisation préalable.

Donc ce sont trois conditions que l’on avait exigées et qui ont été reconnues. C’est une évolution positive, sous la contrainte, mais une évolution positive quand même. Donc il faut la saluer.

Le problème, c’est que le même jour où ils annonçaient la nouvelle régulation, ils condamnaient Zhao Yan du New York Times à 3 ans de prison. Ca prouve qu’il y a un effort de fait par rapport aux journalistes étrangers, mais les journalistes chinois qui travaillent pour les médias étrangers n’ont pas la liberté pourtant promise en 2001. C’est une ½ victoire parce qu’elle n’est que temporaire, mais une victoire tout de suite entachée par une décision de justice, une décision en fait politique, qui est contraire aux engagements de la Chine.

La régulation telle qu’elle est maintenant bonne. Le problème, c’est son application. Car souvent ce qui est dit à Pékin n’est pas forcément appliqué en province. Que ce soit dans les provinces où il y des problèmes de sida, des problèmes d’accidents dans les mines ou des révoltes paysannes comme on a vu récemment dans la province du Guandong.

Maintenant on va voir comment les autorités locales appliquent la nouvelle régulation. On a un souci majeur : souvent ils ne sont même pas au courant de ce que décide Pékin , alors là, comment le policier de base, à son niveau, dans sa province, va faire face un journaliste étranger qui va réclamer de son bon droit se rendre sur place enquêter, rencontrer des gens sur des sujets qui jusque là étaient extrêmement tabous ?

Ca, ce sera notre travail de vérifier, de suivre et de dénoncer chaque fois qu’il y aura un journaliste étranger ou un journaliste chinois qui travaille pour un média étranger, qui sera dans une situation telle que arrestation, menace, agression ou expulsion. On le fera très précisément. On transmettra d’abord au CIO, car c’est quand même eux qui doivent faire attention à tout ça, aux diplomates, aux autorités chinoises et aussi à la presse internationale pour montrer que certes, il y a évolution de la régulation, mais pas forcément d’application dans les faits.

Et puis ça c’est un point, nous avons 10 points à modifier avant les JO , notamment la libération des prisonniers politiques et des journalistes, ça c’est extrêmement important, la fin de la censure Internet, la fin du brouillage des ondes radios. Donc on a 10 points, là on a obtenu 1 point. Ca prouve bien que jusqu’à août 2008 il y a encore beaucoup de travail à faire. Les autorités ne suivront peu-être pas tout cela, mais au moins il faut, tant au niveau des gouvernements étrangers que du CIO ou de l’opinion publique, qu’ il y ait un maintien de la pression car nous avons l’impression que c’est stratégique de la part du gouvernement de donner des droits aux journalistes étrangers pour espérer qu’ils se taisent et fassent moins de reportages sur les problèmes des droits de l’homme et donc moins de pression avant Août 2008.

- 1 : c’est la libération des prisonniers politiques.

- 2 : c’est la fin de la régulation extrêmement stricte pour les journalistes étrangers : on l’a déjà obtenue.

- 3 : c’est le département de la propagande qui impose toute une série de censure sur le fond et une espèce de tutelle idéologique des médias.

- 4 : le brouillage des ondes.

- 5 : la censure des sites Internet

- 6 : les lois régulant l’activité sur Internet pour les internautes : les 11 commandements d’Internet.

- 7 : le monopole de l’agence de presse officielle Xinhua

- 8 : la fin des blocages des sites Internet des médias ou des organisations des droits de l’homme.

- 9 : le problème des listes noires c’est à dire les journalistes ou les militants des droits de l’homme interdits de séjour en Chine ; il y a encore des journalistes étrangers interdits de séjour en Chine

- 10 : la légalisation des organisations de journalistes et des militants des droits de l’homme.

Donc ce sont les 10 points que nous défendons comme conditions préalables pour la fin d’un mouvement sur « Non à Pékin », sur le boycott des jeux de Pékin.

L’assemblée populaire avait commencé à examiner un projet sur les situations de crise qui notamment imposait une censure préalable très forte sur tous reportages des médias chinois - quand on parle de situations de crises, ce sont aussi bien les catastrophes naturelles que les manifestations, en gros toute l’information qui est critique par rapport au gouvernement devait être censurée au préalable. Dans les faits c’est déjà malheureusement le cas, mais là, ça allait permettre de sanctionner les médias qui ne respectent pas çà et de créer un préalable de censure qui peut être extrêmement dangereux. Ca c’est un point précis qui pourrait concerner précisément les JO car si il y avait un évènement climatique ou social durant les jeux, les autorités auraient le droit d’imposer la censure préalable, que ce soit sur la presse chinoise que sur la presse étrangère, ce qui serait aussi ridicule que dangereux.

Nous, dès 2000, nous avons fait campagne contre les JO de Pékin ; malheureusement, on a perdu en 2001, mais on a toujours continué à expliquer tant aux autorités chinoises qu’aux gouvernements étrangers et aux athlètes, si on peut avoir accès à eux. Ce n’est pas à nous de décider le boycott mais aux athlètes et aux pays de considérer que le boycott pourrait être une possibilité. Moscou a été boycotté en 1980, pourquoi pas Pékin ? Quand on compare la situation politique, sociale et en matière de droits de l’homme il n’y a pas de grande différence. Il faut que ce soit une alternative . C’est vrai que les enjeux financiers, politiques et internationaux sont tels qu’il y a peu de gouvernements qui peuvent directement se mobiliser et s’exprimer sur l’enjeu du boycott. On sait que c’est quelque chose qui est une épée de Damoclès : il y toujours une peur au niveau des autorités chinoises qu’un mouvement de telle ampleur se créée à 1 an, 1an ½, surtout s’il y a des évènements disons conflictuels en Corée du Nord, à Taiwan ou au Tibet. C’est quelque chose dont ils ont peur et ils sont assez nerveux par rapport à ça ».

Depuis cette interview, les autorités chinoises ont libéré de façon anticipée le journaliste Gao Qinrong condamné en 1999 à treize ans de prison pour avoir dénoncé un scandale de corruption impliquant de hauts responsables de la région du Shanxi. Reporters sans frontières a exprimé son immense soulagement et a fait la déclaration suivante : "Condamné injustement à une très lourde peine de prison, Gao Qinrong aura payé très chèrement son travail journalistique sur la corruption qui gangrène la Chine populaire. Nous nous réjouissons de sa libération, mais il est important de rappeler que le journaliste a passé plus de sept ans de sa vie en prison, et que 31 autres journalistes sont actuellement détenus pour avoir voulu informer librement la population".

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.