«Non» à l'impunité

Écrit par Irin News
25.12.2006

 

 

 

 

 

BURKINA FASO

DAKAR – Des milliers de personnes ont manifesté à Ougadougou, la capitale du Burkina Faso, pour exiger la fin de l’impunité et la réouverture du dossier du journaliste Norbert Zongo dont l’assassinat, il y a huit ans, avait entraîné des changements constitutionnels censés améliorer la situation des droits de l’homme dans le «pays des hommes intègres.»

  • Des sympathisants déposent des fleurs(攝影: / 大紀元)

 

«Nous dénonçons les exécutions extrajudiciaires qui ont cours au Burkina Faso et exigeons du gouvernement une réforme rapide du système judiciaire et la traduction des criminels et de leurs protecteurs devant les tribunaux», a confié à IRIN Tole Sagnon, le vice-président de la Coalition contre l’impunité.

Regroupant des partis politiques, des associations de la société civile et des organisations de défense des droits de l’homme, cette coalition a été créée après l’assassinat de Norbert Zongo pour exiger une enquête transparente et l’arrestation de ses assassins.

Le meurtre de ce journaliste avait déclenché des vagues de protestations au Burkina Faso, une ancienne colonie française connue pour ses régimes militaires et son bilan plutôt mitigé en matière de transparence et d’impartialité dans la conduite des élections.

Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo a été retrouvé mort et calciné dans sa voiture, alors qu’il enquêtait sur le meurtre du chauffeur du jeune frère du président Blaise Compaoré.

En juillet 2006, le procureur avait rendu une ordonnance de non-lieu lors du procès de M. Marcel Kafando, un ancien responsable de la sécurité présidentielle et seul suspect dans l’affaire Zongo, au motif que le principal témoin l’accusant n’avait pas pu fournir des indications précises concernant sa rencontre avec M. Kafando au cours des heures qui ont précédé le meurtre.

«Le message que nous voulons faire passer aux autorités est que nous n’acceptons pas que ce dossier soit classé sans suite et nous exigeons sa réouverture», a déclaré M. Sagnon.

Le mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) ont cité les meurtres, en octobre dernier, de trois commerçants – dont un négociant d’or – dans la région de Piela (Est) comme les événements les plus récents qui illustrent le climat d’impunité qui prévaut dans le pays.

«Nous ne devrions plus avoir à parler, aujourd’hui, de ces dérives qui auraient dû cesser», a déploré Chryzogone Zougmore, le secrétaire général du MBDHP. «Malgré nos protestations, ces pratiques continuent.»

Détenus dans les locaux de la police, ces trois commerçants étaient soupçonnés d’être des bandits. Cinq heures après leur arrestation, ils étaient abattus par la police.

Yarga Larba, membre influent du parti au pouvoir et ancien ministre de la Défense, a vivement protesté contre ces meurtres et, avec trois autres députés originaires de la région de Piela, il a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante.

Les quatre parlementaires accusent les agents de la police locale d’être impliqués dans les trois meurtres et exigent que ces policiers soient suspendus en attendant les conclusions de l’enquête.

Pour M. Larba, ces meurtres étaient prémédités. Près de 6,5 millions de francs CFA (13 000 $ US) et 3,5 kilos d’or auraient été pris au domicile du négociant d’or. M. Larba accuse notamment le chef de la police locale qui aurait ainsi cherché à dissimuler une dette qu’il avait envers le négociant.

Malheureusement, les récents meurtres font partie des nombreuses exécutions extrajudiciaires qui ont cours dans ce pays, ont déploré des groupes de défense des droits de l’homme.

En décembre 2005, la police aurait exécuté quatre ouvriers dans la banlieue de Ouagadougou parce qu’elle les soupçonnait d’être des bandits. En 2002, le MBDHP a révélé que 106 corps de personnes, vraisemblablement exécutées, ont été découverts dans différentes régions du pays.

Les autorités ont promis d’ouvrir une enquête, mais aucune suite n’a encore été donnée à ces affaires, ont fait remarqué les groupes de défense des droits de l’homme.