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Une motion, deux nations

Écrit par Arthur Kelly (La Grande Époque)
05.12.2006
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Les opinions des experts diffèrent quant à savoir si la reconnaissance des Québécois comme nation est symbolique

Trente ans après que la souveraineté du Québec a fait son entrée sur la scène politique canadienne avec la prise du pouvoir par le Parti québécois, la Chambre des communes à Ottawa reconnaît maintenant que les gens du Québec forment une nation.

  • Gilles Duceppe.(攝影: / 大紀元)

 

Le premier ministre, Stephen Harper, a insisté, après le vote du 27

novembre dernier, sur le fait que la motion était symbolique et que le

temps de la réconciliation nationale était arrivé. Mais certains

experts et personnalités ont peine à accueillir ce revirement et

espèrent que cela n’affectera pas l’unité canadienne.

«Je n’ai pas d’objection à appuyer la notion que le peuple du Québec, en tant que groupe culturel et linguistique, représente une nation, mais cela doit être symbolique et doit s’arrêter là», a commenté aux journalistes le député libéral Mark Holland. «Nous devons nous assurer qu’après ce vote, la ligne soit tracée et que nous luttions pour un Canada fort, uni, et que nous ne permettions pas que cela aille plus loin.»

Toutefois, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a clairement affirmé que son parti utiliserait dorénavant cette motion comme appui pour qu’Ottawa tienne compte des préoccupations des Québécois. De plus, M. Duceppe croit que le Québec devrait maintenant avoir le droit de s’autoreprésenter sur la scène internationale.

L’unité canadienne a été remise en question par les référendums de 1980 et de 1995. Selon Errol Mendes, professeur à la faculté de droit de l’Université d’Ottawa, cette motion donnera un argument au Bloc advenant un troisième référendum.

«Pierre Elliott Trudeau se retourne probablement dans sa tombe, pensant : "Oh mon Dieu! Qu’est-ce qu’ils ont fait, ils ont ouvert la boîte de Pandore"», blague M. Mendes, se référant à la non-nécessité de relancer le débat constitutionnel.

Nelson Wiseman, professeur de sciences politiques à l’Université de Toronto, partage la même opinion : «La préoccupation principale du Canada anglais semble être de ne pas rouvrir la constitution, alors [les conservateurs] insistent sur le fait que cela n’a aucune implication légale ou constitutionnelle.»

Tandis que certains Canadiens ont des doutes sur la possibilité qu’il y ait plus d’une nation dans le même pays, le philosophe Michel Seymour a mentionné sur les ondes de Radio-Canada que plusieurs pays sont déjà multinationaux. Par exemple, le Royaume-Uni reconnaît la nation écossaise et l’Espagne la nation catalane.

En fait, le terme «nation» est lui-même ambigu.

«Au Québec, le mot français «nation» veut dire une collectivité liée par une histoire commune, une langue commune et une culture commune. Au Canada anglais, ça signifie un État-nation, un pays indépendant, avec un droit à la souveraineté sur les affaires internationales aux Nations Unies», a expliqué M. Mendes à La Grande Époque. Il a aussi expliqué que malgré les efforts des conservateurs pour convaincre le Canada anglais que la motion ne porte que la signification française de «nation», les linguistes suggèrent que le mot a deux significations : une collectivité liée par des liens ethniques et une «nation civique» d’un groupe de gens qui croit à une entreprise commune. Dans ce cas, les Canadiens anglais au Québec seraient exclus de ces deux définitions.

Donc, selon Lawrence Cannon, ministre des Transports et lieutenant de Stephen Harper au Québec, le mot «Québécois» est également utilisé dans la version anglaise de la motion «pour ne pas forcer quelqu’un qui ne se sent pas Québécois à adopter cette identité.»

Mais une telle reconnaissance ne pourrait être appliquée à d’autres groupes.

«En droit international, d’autres groupes comme les Ukrainiens ne pourraient réclamer le statut de nation, parce que seulement les peuples historiquement établis comme les Canadiens français, les Acadiens et les Premières Nations sont des nations fondatrices», affirme M. Mendes.

Alors que la motion est passée avec une grande majorité à la Chambre des communes, un récent sondage de Léger Marketing, effectué pour le réseau TVA, indique que 67 % des Canadiens refusent de reconnaître que les Québécois forment une nation. Au Québec, 64 % approuvent la motion, mais 71 % de ceux qui l’approuvent sont francophones.

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