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Qui a tué l' ex-espion russe?

Écrit par Sonya Bryskine, La Grande Époque
05.12.2006
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Plus de questions que de réponses dans l’enquête sur la mort d’Alexandre Litvinenko.

L’assassinat d’un ex-agent secret russe au Royaume-Uni, qui a été empoisonné avec une substance radioactive rare, a sans aucun doute ravivé des mémoires de la guerre froide. Mais les coupables courent toujours et l’histoire est enveloppée de mystère. 

Les raisons du meurtre d’Alexandre Litvinenko, 42 ans, demeurent

inconnues, alors que les services de renseignement et de police

britanniques continuent de chercher des indices. Le centre de l’enquête

tourne maintenant autour du retraçage du polonium-210, un élément

hautement toxique et radioactif qui a été utilisé pour intoxiquer M.

Litvinenko.

  • Le consultant italien, Mario Scaramella,(攝影: / 大紀元)

 

Le 1er décembre 2006, le gouvernement britannique a averti l’Italie qu’un de ses citoyens, Mario Scaramella, était aussi empoisonné au polonium. Le jour où M. Litvinenko est tombé malade, les deux hommes s’étaient rencontrés dans un restaurant japonais. Ils auraient alors échangé des informations sur le meurtre de la journaliste russe, Anna Politkovskaya. M. Scaramella aurait également remis à M. Litvinenko une liste de «cibles» des services secrets russes, sur laquelle leurs deux noms étaient inscrits.

Selon l’Agence France-Presse, M. Scaramella «est un personnage mystérieux dont les activités et les relations avec les services de renseignements russes et italiens ne sont pas claires».

Le Kremlin derrière l’assassinat?

Le polonium est une substance extrêmement rare et peut seulement être obtenu en quantité suffisante par l’entremise de laboratoires spécialisés ou peut provenir d’un réacteur nucléaire. Il est connu qu’il a été utilisé dans des armes soviétiques et dans de la machinerie spatiale, mais avec une faible pénétration alpha, il est difficile à détecter et peut facilement être transporté clandestinement au-delà des frontières.

Un tel niveau de sophistication a fait poindre des doutes suggérant que l’assassinat soit une opération ayant été bien planifiée, nécessitant un sérieux appui gouvernemental.

«Ce n’est pas le genre d’arme que n’importe quel amateur pourrait fabriquer», a commenté au New York Times Andrea Sella, une conférencière en chimie non organique au University College de Londres. «Cela nécessiterait de vraies ressources pour le faire.»

Les doigts se sont tout de suite pointés vers le FSB (service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie), principal service secret russe, successeur du KGB soviétique (Comité à la Sécurité de l'État). Et ensuite, bien sûr, sont venues les allégations de Litvinenko lui-même, qui a accusé son ancien collègue du KGB – maintenant président de la Russie – Vladimir Poutine.

«Vous pouvez peut-être réussir à faire taire un homme. Mais des cris de protestations vont résonner dans vos oreilles, M. Poutine, jusqu’à la fin de votre vie», a-t-il dit dans une déclaration enregistrée par des membres de sa famille avant sa mort.

Au premier coup d’œil, les indices semblent converger : Litvinenko était reconnu comme étant un fervent critique du président Poutine et de son administration. Il était une épine dans le pied de Poutine depuis des années, accusant le FSB et le président de corruption généralisée.

Il est aussi l’auteur d’un livre dans lequel il affirme qu’une série d’attentats à la bombe dans des immeubles résidentiels de Moscou, en 1999, était le fait d’opérations soutenues par le gouvernement et non par des terroristes tchétchènes comme il avait été rapporté à l’époque. Les attentats avaient aidé Poutine à justifier sa campagne impopulaire dans la république musulmane séparatiste, alors qu’il menait la deuxième guerre de Tchétchénie en 2000.

Récemment, Litvinenko avait blâmé Poutine pour la mort d’un autre opposant du Kremlin, soit la journaliste Anna Politkovskaya, et il s’était impliqué personnellement dans l’enquête.

Quelconque preuve de l’implication de Poutine dans cette affaire lugubre serait un sérieux coup porté à l’homme qui, malgré son passé au sein du KGB, a essayé d’établir sa légitimité sur la scène internationale.

Pourquoi la publicité?

Ce qui demeure flou dans cette histoire est la raison pour laquelle un assassin choisirait le polonium comme arme dans un effort de faire taire un opposant des plus virulents.

Si Litvinenko avait vraiment trouvé une information qui puisse nuire à Poutine, appelant son assassinat, pourquoi ne pas avoir utilisé une méthode plus discrète comme un accident de voiture ou d’autres poisons disponibles qui ne laissent pas de trace?

C’est ce que l’analyste britannique en sécurité Glenmore Trenear-Harvey, qui a rencontré le transfuge russe à plusieurs reprises, a mentionné à la BBC.

«Il n’y avait aucun avantage pour Poutine ou les services secrets russes d’avoir une opération publicisée comme ça», a-t-il dit.

La mort immédiate n’était pas dans les plans

Il est clair que le but de quiconque a ordonné l’assassinat n’était pas la mort immédiate de Litvinenko. Même s’il a une demi-vie très courte, le polonium-210 agit tout de même graduellement pour relâcher de larges doses de radiation dans le corps, mettant lentement hors d’état les organes vitaux.

C’est ainsi que trois semaines ont été nécessaires pour achever l’ex-agent russe, lui laissant amplement le temps de révéler les informations qu’il aurait pu posséder au sujet du gouvernement Poutine ou de la mort controversée d’Anna Politkovskaya.

Pourtant, les seules déclarations publiques qu’il a faites sont venues quelques jours avant sa mort, lorsqu’il a accusé Poutine de ce meurtre «violent».

On aurait cru que s’il voulait vraiment discréditer son ancien collègue du KGB, cela aurait été le temps opportun pour le faire en révélant toutes les preuves en sa possession.

Une théorie présentement explorée est que Litvinenko a lui-même manipulé la substance toxique avant de l’ingérer par accident. Ceci pourrait expliquer pourquoi des traces de polonium ont été découvertes dans trois endroits qu’il a visités le jour où il est tombé malade : sa maison, un restaurant japonais (où il a rencontré M. Scaramella) et un café (où il a bu du thé avec deux amis russes, aussi ex-agents secrets). «Nous n’écartons aucune hypothèse», a commenté un responsable de la police britannique au quotidien The Times. «Nos policiers sont bons et ils vont suivre la piste peu importe où elle mènera, mais ils ne seront pas affectés par la pression politique d’aller dans une seule direction.»

Alors que les théories de conspiration inondent les médias, il est clair que la mort de Litvinenko a servi les intérêts de quelqu’un qui, en apparence, voulait saper le régime de Poutine et, en même temps, créer une distraction. Mais de quoi voulait-on détourner l’attention?

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