Selon un organe consultatif : Le gouvernement britannique doit dire «non» au nucléaire

Écrit par Cordis Nouvelles
16.03.2006

À la suite d'une année de recherche et de collecte de preuves, le principal organe consultatif du gouvernement britannique sur le développement durable a conclu que, pour le moment, un nouveau programme nucléaire n’était pas justifié.

  • Une vache devant une centrale nucléaire de sellafield(攝影: / 大紀元)

 

Sur la base de l'analyse de huit nouveaux rapports de recherche, la Commission du développement durable (Sustainable Development Commission - SDC) a indiqué au gouvernement que l'énergie nucléaire ne constituait pas une réponse adéquate au changement climatique ni un moyen d'accroître la sécurité de l'approvisionnement énergétique. Toutefois, la commission reconnaît que la technologie de l'énergie nucléaire implique de faibles rejets de carbone et affiche «un palmarès impressionnant en matière de sûreté au Royaume-Uni».

Lors de la présentation du rapport de la SDC sur l'énergie nucléaire, qui représente une partie de sa contribution globale à l'actuelle revue de la question énergétique par le gouvernement, le président Jonathan Porritt a déclaré: «S'attaquer au problème de la complexité de l'énergie nucléaire est devenu vital. Beaucoup trop souvent, le débat est fortement polarisé, les ONG affirmant que le nucléaire ne présente absolument aucun avantage, tandis que les partisans du nucléaire prétendent que c'est l'unique solution dont nous disposons. Au lieu d'adopter à la hâte une conclusion jugée d'avance [...] nous devons chercher des preuves.»

Or, si ces preuves indiquent que l'énergie nucléaire pourrait continuer à générer de grandes quantités d'électricité, contribuer à stabiliser les émissions de dioxyde carbone et accroître la diversité de l'approvisionnement énergétique au Royaume-Uni, même un doublement des capacités existantes aboutirait à réduire les émissions de CO2 de seulement 8 % d'ici 2035 et de 0 % avant 2010, affirme la SDC.

Ensuite, il faut examiner les risques et les inconvénients, le rapport de la SDC mettant en lumière les aspects suivants :

• les déchets à long terme, pour lesquels il n'existe encore aucune solution disponible ou acceptable pour le public, bien que l'approche de la Finlande ait été citée comme modèle potentiel pour le Royaume-Uni;

• le coût, alors que la rentabilité du développement d'une nouvelle génération de centrales nucléaires est considérée comme «très incertaine»;

• le manque de flexibilité, car le Royaume-Uni s'enfermerait dans un système de distribution centralisé alors que les possibilités de microgénération et de distribution locale sont plus évidentes que jamais;

• l'envoi aux consommateurs et aux entreprises de signaux leur faisant croire que tout ce dont nous avons besoin, c'est d'une «combine» technologique, ce qui porterait préjudice au principe de l'efficacité énergétique;

• la sécurité internationale, car le Royaume-Uni sera dans l'impossibilité de refuser la même technologie à d'autres pays où des normes de sécurité moins strictes pourraient augmenter le risque d'accidents, de prolifération et d'attaques terroristes.

La SDC n'exclut pas la poursuite de la recherche sur les nouvelles technologies nucléaires et les problèmes de déchets radioactifs. Cependant, elle conclut en suggérant que les futurs développements technologiques pourraient justifier un réexamen de la question.

Pour le moment toutefois, la SDC affirme qu'il est possible de satisfaire la demande énergétique du Royaume-Uni sans recourir à l'énergie nucléaire, en associant des innovations à faibles émissions de carbone et le développement agressif de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Cela permettrait au Royaume-Uni de devenir un leader en matière de technologies à faibles émissions de carbone, tout en lui procurant le bénéfice supplémentaire d'un renforcement de la compétitivité économique.

«Il ne sert à rien de nier que l'énergie nucléaire présente des avantages, mais à notre avis, ils n'en compensent pas les graves inconvénients, a conclu M. Porritt. Le gouvernement va devoir cesser de rechercher un remède facile au changement climatique et aux crises énergétiques, car un tel remède n'existe pas.»

L'Association britannique de l'industrie nucléaire (Nuclear Industry Association - NIA) a manifesté sa déception face à la conclusion de la SDC, mais a salué la reconnaissance par la commission des bénéfices de l'énergie nucléaire. Le président de la NIA, Philip Dewhurst, a déclaré : «Nous sommes déçus que la commission ait conclu que le gouvernement ne devrait pas autoriser le remplacement de centrales nucléaires actuelles, mais nous prenons acte du vote très serré de 8 voix pour et 7 contre à la commission sur l'abandon de nouveaux programmes nucléaires, ce qui est encourageant à plus d'un titre.»

Le ministre britannique de l'énergie, Malcolm Wicks, a décidé de ne pas rejeter l'option nucléaire sur la base de la conclusion du rapport, en soulignant : «Ainsi que la commission l'a elle-même constaté, il ne s'agit pas d'une question de tout ou rien.» Il a ajouté que le gouvernement continuerait à évaluer les potentialités, comme les auteurs du rapport le recommandent.

Le rapport et les documents de recherche de la SDC sont disponibles sur le site Internet suivant :

[http://www.sd-commission.org.uk/pages/060306.html]