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La générosité à bon marché

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque
12.04.2006
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Depuis plusieurs années, les ONG, oeuvrant dans les pays touchés par

des catastrophes naturelles, dénoncent la présence de médicaments

périmés ou détériorés, donc inutilisables, parmi les tonnes de

médicaments reçus. Il en va de même pour l’aide alimentaire, qui est

souvent inadaptée aux conditions de vie des habitants de ces pays. Mais

qu’en est-il chez nous ? Les personnes les plus pauvres sont, en

général, exclues involontairement des enquêtes nationales. Compte tenu

du nombre élevé de personnes considérées comme pauvres en France (en

2003, selon l’Insee, entre 3,7 millions et 7,1 millions selon le seuil

utilisé), le problème de leur état nutritionnel constitue une réelle

priorité dans les actions de santé publique.

 

 

En 2003, le

secrétariat d’État à la Lutte contre l’Exclusion et la Précarité a

saisi l’INVS pour que l’unité de surveillance et d’épidémiologie

nutritionnelle (Usen) réalise une étude permettant de décrire les

consommations alimentaires et l’état nutritionnel des personnes

recourant à l’aide alimentaire. Cette étude a été réalisée à Paris,

Seine-Saint-Denis, Dijon et Marseille. Parmi les personnes interrogées,

65,2 % vivaient dans un appartement ou une maison, ou étaient hébergées

par un proche. Au total, 35,3 % de l’échantillon a déclaré vivre en

couple, et environ la moitié (51,6 %), avoir des enfants à charge

(nombre moyen : 2,3).

 

 

Alors que l’aide alimentaire n’est

généralement pas conçue pour subvenir à l’ensemble des besoins

nutritionnels, les personnes y recourant la décrivent comme étant leur

source d’approvisionnement quasi unique. De ce point de vue, c’est

l’organisation même de l’aide alimentaire qui doit être remise en

question. Il ne fait aucun doute que ces résultats, même limités d’un

point de vue géographique, doivent déboucher sur des décisions de

politique de santé publique intégrant des mesures sociales fortes. Les

structures d’aide alimentaire ont le souci de distribuer des aliments

en adéquation en suivant les recommandations des nutritionnistes. Elles

proposent notamment à leur personnel des formations pour la

constitution de colis ou repas équilibrés. Mais elles se heurtent trop

souvent à de fortes contraintes d’approvisionnement. Les dons des

acteurs privés ou de la population sont fréquemment de mauvaise qualité

nutritionnelle et les quantités sont insuffisantes. Les aides de l’État

ne comblent pas ce manque, ce qui oblige ces structures à acheter des

aliments de qualité moindre. La plupart des personnes qui ont recours à

cette aide pour s’alimenter n’ont pas les moyens de la compléter. Pour

les autres, les compléments s’achètent principalement dans les hard

discount.

 

 

Or, des analyses ont démontré que les aliments à prix

cassés contiennent majoritairement trop de sucres et des graisses de

mauvaise qualité. Cela conduit à des déséquilibres nutritionnels

entraînant des pathologies comme le diabète, les maladies

cardiovasculaires, le cancer ou autres maladies chroniques. Par

ailleurs, l’obésité est particulièrement fréquente chez les personnes

de faible statut socioéconomique, phénomène lié semble-t-il en grande

partie, au faible coût des aliments les plus caloriques et au coût plus

élevé des aliments de bonne qualité nutritionnelle. Le chômage est la

principale cause de précarité. Viennent ensuite les familles

monoparentales, les personnes ne parlant pas français et celles n’ayant

pas une santé qui leur permette de travailler. Une éducation à la

solidarité serait nécessaire pour nous permettre de mieux répondre aux

besoins des plus déshérités si nous voulons que notre générosité reste

une richesse.

 

Source : Institut de veille sanitaire

 

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