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La déconstruction de Picasso

Écrit par Fred Ross, Art Renewal.org
23.05.2006
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  • Waterhouse, The Lady of Shalott (Madame de Shalott)(攝影: / 大紀元)

  En 2001, Fred Ross, président de l’Art Renewal Center, s’est adressé à plus de 700 portraitistes, propriétaires de galeries et membres de la presse au Metropolitan Museum de New York pendant la conférence de l’ASOPA (Association américaine des portraitistes). Vous trouverez ci-dessous le troisième volet de cette déclaration (suite du discours de la semaine dernière).

Récemment, un participant à un forum d’art sur Internet auquel je suis abonné a fait le commentaire suivant à propos de Picasso :

«J’adore la façon dont Picasso a peint cette femme toute en fragments et en angles. Je ne me souviens pas du nom de cette œuvre. Mais il a peint cette femme dans sa détresse, avec la façon dont elle se déchirait de l’intérieur, et de quelle façon elle s’apercevait de ce que sa propre détresse créait en elle. Il a peint cette femme de la façon dont il la percevait, fragmentée comme il la voyait. Elle était une beauté extérieure. Cependant, il a peint la laideur de son émoi, et en faisant cela, il a peint du même coup son bouleversement.

Picasso travaillait en des temps difficiles. Je crois que c’est pourquoi plusieurs de ses œuvres apparaissent telles une réflexion dans un miroir brisé. Les impressions que nous laissent ses œuvres sont entrecoupées, mais chacune porte en elle une idée autant sur ses sujets que sur l’Espagne. Son travail nous fait découvrir un artiste extrêmement sensible qui s’est avéré être un pivot pour l’école russe d’avant-garde qui affirmait qu’il était acceptable d’avoir des émotions dans la peinture, que le chaos se devait d’y ressurgir. Je ne l’ai aimé que lorsque je l’ai étudié… »

Laurie,

Je crois opportun de lire ici ma réponse à son commentaire.

Laurie et les membres de GoodArt,

J’ai un besoin profond de répondre à ces exubérantes manifestations d’éloges envers Picasso de façon précise.

Laurie, tout ceci n’est pas de votre faute, mais l’analyse de la description que vous avez faite représente plutôt le folklore enseigné à son sujet dans la majorité des cours d’histoire de l’art. Son nom et ses «réalisations» sont devenus tellement intouchables à l’intérieur même des sacro-saints murs des cathédrales modernes que de faire la critique de ce que vous avez écrit ici serait comme critiquer vertement la croix ou la Bible au Conseil des évêques. Regardons plutôt une idée à la fois.

Vous avez dit : «Il a peint cette femme dans sa détresse, avec la façon dont elle se déchirait de l’intérieur, et de quelle façon elle s’apercevait de ce que sa propre détresse créait en elle.»

En fait, tout ce qu’il a peint est une représentation désordonnée d’une femme où les formes et les figures ne s’alignent pas et ne créent aucun ensemble. Le dessin est littéralement non existant, et la désintégration de tous les éléments artistiques sont mis de l’avant de façon consciente dans le seul but de rejeter les standards artistiques précédents.

Il n’y a aucune beauté dans son visage, ni aucune laideur non plus. Il n’y a même pas de visage… mais des éléments mis ensemble avec juste assez d’éléments pour que le spectateur comprenne que l’on voulait suggérer un visage.

Tout ce qui concerne ce produit fini est complètement affreux et serait inférieur aux capacités d’un enfant de douze ans le moindrement talentueux. Maintenant, quoi faire si vous êtes un théoricien qui devez motiver ce charabia de couleurs et de formes? Que pouvez-vous inventer pour y trouver de la valeur et du sens où il n’y en a aucun… surtout si vous êtes payé pour faire cela?

C’est simple : vous avez besoin d’approcher ce tableau comme vous le feriez pour un test de Rorschach, où n’importe quelle personne peut utiliser sa créativité pour inventer une histoire suggérée par peu, sinon aucune, information. Si vous voulez que l’œuvre de cet homme soit appréciée, vous devez créer un mythe de grande importance, avec du sens, pour qu’il soit considéré profond et significatif lorsque discuté ou analysé dans les cercles d’intellectuels.

L’idée d’une femme pouvant être laide à l’intérieur est un concept de la littérature, la psychologie et en fait de toute l’histoire de l’humanité. La laideur, la méchanceté et la détresse sont des concepts majeurs qui influencent toute l’expérience humaine. Donc, vous dites seulement que le désordre représente cela, et qu’il est extrêmement brillant d’avoir capturé cette essence de la nature humaine.

Mais, en vérité, il n’a rien fait de la sorte. Les écrivains qui ont dit que c’était ce qu’il voulait dire sont ceux qui l’ont dit, et non l’artiste. La détresse psychologique et la laideur intérieure sont beaucoup plus difficiles à capturer et prennent une utilisation intense, mais subtile du talent de conteur, de composition, de dessin, en plus d’un rendement réaliste pour pouvoir rendre cela de façon réussie. La toile de Waterhouse intitulée Lady of Shalott et celle de Bouguereau intitulée Divideuse illustrent de superbes femmes chargées de ce bouleversement intérieur, et la Cléopâtre de Cabanel testant différents poisons à l’aide d’esclaves exprime une laideur intérieure masquée par un superbe visage de façon infiniment mieux que ces désordres de formes couverts de taches sur canevas signé Picasso.

Mais lorsque le professeur moderniste dit que c’est ce que cette toile veut dire, il est implicite qu’il croit aussi que si vous ne voyez pas cela vous êtes idiot et insignifiant. De plus, ne pas voir cela implique que vous ne voyez pas à quel point ce sujet est merveilleusement intéressant. Car après tout, c’est un sujet vraiment merveilleux. Il y a seulement un problème : Picasso ne l’a pas peint.

Vous dites : «Son travail nous fait découvrir un artiste extrêmement sensible», mais je ne remarque aucune sensibilité apparente. Ce que nous percevons chez cet artiste est la sensibilité équivalente à celle d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, qui entre et sort d’un pas lourd et bruyant brisant sur son passage la porcelaine, et qui ensuite défie une armée de gens alignés les narines ouvertes de critiquer la décharge qu’il a laissée dans le salon. «Soit vous appréciez mes décharges ou vous êtes contre la liberté d’expression.»

Si vous n’en voulez pas dans votre musée, vous êtes l’ennemie de la liberté d’expression. Confrontée à autant d’intimidation, plusieurs se porteraient à votre secours. Mais il n’y a rien à secourir. Ce ne sont que jeux de mots et duperie. Une illusion de pression sociale et d’une épouvantable conformité.

Son école, «affirmait qu’il était acceptable de ressentir dans la peinture, que le chaos se devait de ressurgir dans la peinture… Je ne l’ai aimé que lorsque je l’ai étudié…»

Mais, bien sûr, que vous ne l’avez aimé que lorsque vous l’avez étudié. Ce que vous avez appris à aimer n’était que les explications à propos de concepts et sujets dignes d’intérêt. Et avec une éducation s’inspirant de Pavlov, vous avez appris à saliver lorsque l’on vous montre des objets qui sont associés à ces idées dignes d’intérêt.

Alors, Laurie, où est la substance de vos arguments? Vous écumez à propos d’un symbole de la même façon que les gens réagissent à la vue du drapeau de leur pays. Le drapeau doit être superbe puisqu’il représente la famille, le chez-soi et la santé, les amis, la loyauté et toutes ces choses que l’on aime. On vous a appris à réagir à des symboles au lieu de répondre avec une liberté d’expression à des œuvres d’art qui ne sont pas supposées être des symboles, mais des œuvres d’art en elles-mêmes, qui communiquent à travers un langage visuel, où l’on discerne clairement différents aspects de la condition humaine.

On a dû vous apprendre à aimer Picasso parce que personne ne l’aimerait autrement. Mais les gens n’ont pas à apprendre à aimer Rembrandt, Michelangelo, Bouguereau, ou encore Chopin, Beethoven, Bach, ou Tom Sawyer, Les Raisins de la colère, Alice au pays des Merveilles ou Le conte de Noël d’après Dickens.

L’enseignement et la transmission de l’information peuvent ajouter de la profondeur à la compréhension de grandes œuvres d’art, mais ces dernières sont grandes par leur capacité à capter l’âme et l’imagination du spectateur sans un millier de mots pour nous apprendre comment ignorer l’évidence de nos sens et ignorer notre sentiment inné de vérité et de raison.

Évidemment, ce qui advient habituellement des gens qui se sont laissés convaincre que l’Empereur porte de magnifiques vêtements, c’est qu’ils sont devenus «investis par leur ego» à cause des nombreuses années à avoir colporté de telles faussetés… et l’humiliation associée à la prise de conscience qu’ils ont été trompés.

Plus les années passent et plus les gens se prononcent en faveur du modernisme, plus grande est la difficulté de passer à travers les gestalts et d’enlever les œillères iconiques. On réduit ainsi à néant les préconceptions et on regarde avec «les yeux de l’innocence» pour décrire ce qui est réellement là (à tout le moins pour vous) et ensuite on le compare aux pernicieux académiciens, tels que Waterhouse, Bouguereau, Lord Leighton, Burne-Jones, Gérôme et Alma-Tadema pour décider ensuite avec une liberté de pensée et un honnête désir de vérité, lesquels de ceux-là sont vraiment des œuvres d’art, et lesquels sont des vendeurs d’objets de pacotille.

Et c’est de cette façon que j’ai terminé ma missive.

Le changement de perception des gens à propos de ce sujet arrive rapidement et à grands pas. Même cette institution austère, probablement la plus prestigieuse institution dans l’hémisphère Ouest, a eu une rétrospective d’une importance majeure, il y a de cela quelques étés, d’un de ces maîtres peintres pernicieux du 19e siècle. Edward Coley Burne-Jones. Dans leur littérature de l’exposition, ils l’ont déclaré l’un des trois meilleurs artistes anglais du siècle dernier, aux côtés de Constable et Turner. En fait, le Metropolitan Museum se mérite l’honneur d’être une des premières institutions qui accrochent encore leurs Bouguereaux, Gérômes, Meisonniers et Burne-Jones, et ce, malgré une critique acerbe des médias en 1980.

Peu après, Laurie a répliqué avec son humeur bon enfant que même si elle sentait que j’avais peut-être insulté son intelligence, elle m’appréciait autant. Ce à quoi j’ai répondu :

Laurie,

Ce n’était pas mon but que d’insulter votre intelligence. Les personnes les plus intelligentes sont toutes aussi vulnérables. C’est dans le propre de la nature humaine de s’entendre et de s’imiter. Je l’ai fait aussi lorsque j’étais au collège et à l’université aux beaux-arts. Même lorsque j’étais finalement prêt à m’exprimer sur Pollock, de Kooning, Rothko et Warhol… Picasso était quelque peu sacro-saint, et je me faisais un plaisir de parler de son intelligence supérieure alors que, pour le travail des autres modernistes, je les voyais comme ils étaient.

Ce ne fut que lorsque j’ai atteint l’âge de 40 ans que j’ai mieux reconnu le pouvoir de la suggestion et de l’intimidation sociale qui entre en jeu lorsque l’on se forme une opinion.

Pour pouvoir juger vos propres sentiments et opinion à propos d’une œuvre d’art, vous devez la regarder comme si elle était peinte par un étranger, peut-être un étudiant d’une autre ville, et ensuite vous demander si votre opinion serait la même si tel était le cas. Est-ce que vous penserez toujours que c’est une des plus grandes toiles de l’histoire de la civilisation, est-ce qu’elle est superbe… ou bien… médiocre… ou tout simplement mauvaise?

Je sais maintenant qu’absolument toutes les œuvres produites par la majorité des modernistes les plus connus sont tout simplement affreuses peu importe sous quel angle on les regarde. Je sais aussi que les meilleures toiles de Bouguereau et de Waterhouse me troubleraient autant si elles avaient été peintes par des inconnus.

Lorsque j’ai vu un Bouguereau pour la première fois, je n’avais jamais entendu parler de lui, mais ma réaction a été immédiate, claire et prouvait d’elle-même la justesse de mes sentiments. Je n’ai pas besoin de livres ou de textes ou d’explications compliquées. La puissance de la toile était forte, unique, immédiate et réjouissante. C’était exactement ce que j’avais ressenti devant le David de Michelangelo. Ah, mais lorsque j’ai vu le David j’étais prédisposé à voir ce que l’histoire considère comme l’une des plus grandes réussites de l’humanité. Toutefois, c’est cette riche expérience que j’ai vécue à dix-huit ans qui a provoqué mon intérêt pour les arts.

Ce Bouguereau que j’ai vu, Nymphes et Satyre, à 32 ans, a eu un effet profond sur moi, changeant le cours de ma vie, et finalement m’a amené à ce podium où je suis aujourd’hui.

Ne laissons pas l’orgueil s’immiscer ici. Ne me répondez même pas. Questionnez-vous plutôt et répondez honnêtement.

Un commentaire que nous entendons fréquemment est que certains expressionnistes abstraits étaient de bons artistes à travers la grande qualité de leurs dessins d’étudiants. Ma réponse à cela est qu’il n’est pas important qu’ils puissent ou non faire de bons dessins d’étudiants. Tout ce que cela fait est rendre cela encore plus triste qu’autant de jeunes talents aient été gaspillés. La qualité et la valeur de leur travail «d’adulte» n’est pas augmentée parce qu’ils pouvaient dessiner lorsqu’ils étaient jeunes.

La meilleure façon de prouver cela est d’examiner l’inverse. Est-ce que le travail de Raphael ou de Bouguereau adulte serait moins bon si leurs dessins d’enfants étaient de piètre qualité? Leurs excellents tableaux seraient tout aussi bons, et les horribles taches qui ont rendu de Kooning célèbre seraient toujours aussi hideuses.

Le Art Renewal Center est un organisme à but non lucratif et éducatif qui s’est donné pour mission de faire revivre les normes de technique et d’excellence dans les arts visuels. Il offre une galerie en ligne constituée de milliers d’images de haute qualité, rassemble une collection encyclopédique d’essais, de biographies et d’articles écrits par les meilleurs spécialistes de ce domaine. Vous pouvez visiter leur site :http://www.artrenewal.org/ [www.artrenewal.org].

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