Les Chinois plus religieux après des décennies d’athéisme

Écrit par Chang Minkun - Central News Agency
23.05.2006

Le temple des Nuages azurés à Beijing a été construit pendant la

dynastie Yuan. Tout comme dans les temples de Taiwan, il y a des

statues de Bouddha dans le temple des Nuages azurés.

Toutefois,

on n’y trouve pas de moine ni de nonne bouddhistes et personne n’y

brûle de l’encens ni fait la pratique. Tout ce que l’on peut y voir

sont des touristes allant et venant.

  • Un homme brûle des bâtons d’encens dans un temple de Beijing, Chine. Des décennies de propagande communiste et de persécution religieuse n’ont pas éliminé chez tous les Chinois les croyances traditionnelles. photo : Guang Niu/Getty Images(攝影: / 大紀元)

De la même manière, il n’y a ni

moine ni nonne dans le palais Yonghe, un autre temple renommé de

Beijing. La seule différence avec le temple des Nuages azurés est que

certaines personnes y brûlent de l’encens. Toutefois, le palais Yonghe

ne ressemble toujours pas à un temple authentique.

Des années de suppression ont causé le déclin de la religion

Selon

les statistiques officielles du gouvernement chinois, il y a

présentement 200 000 moines et nonnes bouddhistes en Chine, dont 120

000 sont des disciples de l’école du bouddhisme tibétain. Sur une

population de 1,3 milliard, les moines et nonnes bouddhistes sont

extrêmement peu nombreux.

La situation est similaire pour les

chrétiens et les catholiques. Selon les statistiques officielles, il y

a environ 10 millions de chrétiens et 4 millions de catholiques. Même

si ces statistiques sont exactes, les croyants religieux sont une

minorité. Encore faut-il distinguer entre l’Église patriotique fidèle

au Parti communiste et l’Église clandestine fidèle au Vatican.

À

Beijing, il est rare de voir des moines ou des nonnes bouddhistes, ou

des membres du clergé chrétien. Il est aussi rare de rencontrer

quelqu’un qui croit aux divinités. Si vous arrêtez des personnes au

hasard et leur demandez si elles croient en Dieu ou Bouddha, la plupart

répondent «non». Un employé du temple des Nuages azurés a dit qu’il ne

croyait pas en Bouddha ni en Dieu. Après avoir appris que le

journaliste qui lui posait la question venait de Taiwan, il a dit : «La

raison pour laquelle vous les Taïwanais vénérer la Bodhisattva

Avalokitesvara (aussi appelée Guanyin) est que vous vivez sur une île

et que vous comptez sur la pêche. Nous n’avons pas un tel besoin ici en

Chine continentale.»

La majorité des Chinois d’aujourd’hui ne

croient pas en Dieu et n’ont pas de croyance religieuse. La raison

principale qui explique ce phénomène est que le Parti communiste

chinois (PCC), qui a établi sa dictature en 1949, propage l’athéisme.

Le PCC supprime toutes les religions. Il considère que la religion est

un outil utilisé par les impérialistes pour envahir la Chine ou une

forme de féodalisme utilisée pour opprimer les gens. Durant la

Révolution culturelle, toutes les religions ont été forcées d’arrêter

complètement leurs activités en Chine.

Madame Yang, 66 ans, s’est

jointe à l’Église catholique en 1998. Toutefois, il y a longtemps,

lorsqu’elle était à l’école primaire, elle était reliée à la foi

catholique. Une fois, ses camarades de classe avaient remarqué qu’elle

détenait une image de Jésus. Ils lui ont immédiatement demandé :

«Pourquoi tu crois en ça?» Ils l’ont critiquée, l’ont taxée de

superstitieuse et lui ont dit de déchirer l’image.

Mme Yang

affirme que le peuple chinois est profondément empoisonné par le

communisme. Particulièrement durant la Révolution culturelle, le PCC a

taxé toutes les croyances religieuses de superstition. Quiconque était

étiqueté «superstitieux» était considéré comme étant contre le PCC. Mme

Yang a aussi dit qu’il était très difficile pour les jeunes gens dont

les parents sont membres du PCC d’avoir des croyances religieuses, car

ils n’obtiendraient probablement pas le consentement de leurs parents

pour pratiquer. Elle connaît une jeune personne qui s’était convertie

au catholicisme. Toutefois, lorsque ses parents l’ont découvert, ils

l’ont empêché d’aller à l’Église et l’ont forcé à brûler tous ses

livres religieux.

Liu, un étudiant d’université âgé de vingt ans,

ne passait pas inaperçu parmi un groupe de personnes plus âgées dans

une église. Il nous a confié qu’il s’était converti au catholicisme le

Noël précédent. Il est le seul à croire au catholicisme dans sa

famille. Ses parents ne soutiennent ni ne s’opposent à sa croyance.

Bien que quelques-uns de ses camarades de classe croient qu’il est

bizarre, la plupart d’entre eux comprennent son besoin d’avoir des

croyances religieuses. À moins que ses compagnons de classe lui posent

des questions sur le catholicisme, Liu n’initie pas de discussion sur

sa religion. En Chine, les gens ne sont pas encore libres de vraiment

diffuser les religions en public. Ils peuvent seulement le faire en

privé.

La religion est plus populaire dans les régions rurales

Un

dimanche matin, j’ai visité la fameuse église Chongwenmen de Beijing.

Le premier étage du hall principal était rempli de gens.

J’ai

suivi un insigne à l’entrée qui m’a amené au sous-sol. Le sous-sol

était également rempli de gens qui regardaient les écrans de télévision

et qui écoutaient la transmission du sermon qui était donné au premier

étage.

Selon le prêtre, 1500 personnes avaient assisté à la messe

ce dimanche. Mme Guo, une étudiante d’université, invitée par un ami,

venait à l’église pour la première fois. Elle a dit n’avoir jamais été

impliquée dans la chrétienté auparavant. Bien qu’elle ne pouvait

immédiatement décider si elle voulait devenir chrétienne, elle a dit

avoir ressenti une grande paix intérieure alors qu’elle était dans

l’église.

Un lettré de Beijing affirme qu’un nombre grandissant

de gens a commencé à se convertir au christianisme après le début des

réformes économiques dans les années 80, particulièrement dans les

régions rurales. On dit que les gens dans certains villages suivent les

consignes des leaders des églises. Ainsi, ces derniers sont plus

puissants que les cadres du PCC.

La pratique du qigong était

énormément populaire dans la même période et il y a un temps où la

pratique du Falun Gong comptait jusqu’à 100 millions d’adeptes, avant

le début de la persécution en 1999.

Il y a plusieurs obstacles

pour la croissance future des religions en Chine. Le plus grand est la

peur du PCC de perdre le pouvoir et de perdre le contrôle de l’esprit

des gens. À Beijing, le gouvernement n’autorise pas la construction

d’église ou de temple. Tous les temples et toutes les églises de la

capitale ont été construits il y a plus de cent ans.

Le PCC

craint toute forme d’organisation sociale. Aucun membre du PCC n’ose

croire en une religion. Même si certains d’entre eux voulaient suivre

une religion, ils n’osent pas participer aux activités religieuses.

«Autant que je sache, aucun de mes collègues ne croit en une religion»,

a répondu fermement le lettré interrogé.

La politique du PCC sur

les religions est que le gouvernement ne peut pas les éliminer ou en

faire la promotion dans l’administration. Il doit faire la propagande

de l’athéisme et insister sur le principe des organisations et

activités religieuses indépendantes. Les organisations religieuses

étrangères ou les individus ne sont pas autorisés à interférer avec les

politiques chinoises sur la religion.

La soi-disant «liberté de

religion» est restreinte de plusieurs façons en Chine : les

missionnaires étrangers ne peuvent aller en Chine et les évêques

catholiques doivent être choisis par le Parti communiste au lieu du

Vatican, ce qui est source de grandes frictions entre l’Église et le

PCC. Les catholiques en Chine se sentent isolés des autres pratiquants

à l’extérieur du pays.

Dans les pays libres, les activités

religieuses font partie de la vie de plusieurs personnes. Les athées

dans ces pays sont en minorité. Toutefois, en Chine, des décennies

d’oppression religieuse ont créé la situation inverse : les croyants

religieux sont en minorité.

Il est très difficile pour les gens

ayant des croyances religieuses de comprendre comment les Chinois

vivent leur quête spirituelle. Un chauffeur de taxi a dit : «Je ne

crois en rien. Je sens que je ne peux me fier que sur moi-même. Si je

rencontre une difficulté, à part me sentir malchanceux, je ne sais que

faire d’autre.»