Ode aux éboueurs

Écrit par Violaine Raabon
30.05.2006
  • Le traitement des dechets(攝影: / 大紀元)

Par tous les temps, nos rues sont la scène d’un ballet particulier. A l’aube comme au coucher du soleil, le bruit de la benne à ordures et les échanges entre éboueurs rythment la vie de nos quartiers, alors que, le soleil paresse encore ou qu’il a disparu du ciel, que la pluie s’abat impitoyablement, que le vent ou la neige s’en donnent à coeur joie.

Ce ballet met en scène en général quatre protagonistes : la benne à ordure, le chauffeur et deux éboueurs debout sur le marche pied à l’arrière du véhicule.

Inlassablement, la benne à peine arrêtée, les éboueurs parfois aidés du chauffeur, ramassent nos ordures, ces déchets produits de notre consommation quotidienne.

Inlassablement, au son des échanges parfois humoristiques qui fusent entre les éboueurs descendant et remontant sur la benne de manière sportive, nos rues sont nettoyées.

Inlassablement, les containers sont amenés au camion, positionnés et vidés dans la benne tournante, cette gueule béante qui engloutit nos ordures sans qu’on ait à s’en soucier.

Le concert des poubelles rythme ce ballet où chaque geste semble minuté car l’objectif est aussi de finir ce travail dans un temps record. Tout temps gagné se transforme en temps de repos pour l’éboueur, selon le principe du « fini quitte » : les tournées finies, les éboueurs peuvent quitter leur travail.

Sans penser à leurs articulations, à leur dos ou à leurs poumons, ils oublient de porter les protections obligatoires. Si c’est à leur propre détriment, les passants eux ne s’en plaindront pas car souvent les masques absents de leurs visages permettent à ceux qui les croisent le matin de recevoir un bonjour accompagné d’un sourire et parfois d’une remarque de sagesse populaire sur le temps ou l’actualité.

Sans prêter attention aux cartons mal fermés, aux sacs jetés sur le trottoir, aux ordures laissées en vrac, ils font leur maximum pour s’acquitter de leur tache avec le plus de diligence possible.

La benne remplie, le camion file vers l’usine d’incinération où une immense fosse reçoit les tonnes de déchets récoltés. Bien que l’odeur soit épouvantable, certains ne portent toujours pas leurs masques.

Après un ballet de ce genre deux fois par jour ou plus, c’est la pause bien méritée. Autour d’échanges et de blagues bien viriles, le groupe se retrouve, tel une confrérie.

Bien sûr notre manque de civisme lorsque nous ne respectons pas les consignes relatives aux ordures font courir un risque à ces compagnons de la propreté. Mais cela ne semble pas nous affecter outre mesure si l’on en juge par certains quartiers malheureusement bien connus de nos éboueurs où le risque pour eux est omniprésent.

Ils sont vaccinés contre le tétanos, l’hépatite B, mais est-ce une raison pour ne pas prêter attention à la manière dont on entrepose nos détritus ?

Pourtant nous savons tous que :

- les déchets du jardin vont à la déchetterie, ainsi que les meubles et autres encombrants,

- les piles usagées sont reprises en grande surface,

- les boîtes de médicaments inutilisées sont à remettre à la pharmacie,

- les produits recyclables sont à jeter dans la poubelle verte,

- les produits non recyclables au vide-ordures.

Mais souvent, on retrouve dans nos ordures ménagères des seringues, des objets en métal non protégés et autre matériel coupant. Il en résulte de nombreux accidents du travail, des coupures qui peuvent dégénérer.

J’avoue avoir toujours été frappée par la gentillesse, le bon sens populaire et la galanterie qui caractérise cette profession.

Si vous savez vous montrer patients, ils feront le maximum pour vous laisser passer le plus rapidement possible. Ils seront toujours les premiers à vous saluer alors que vous vaquez à vos occupations matinales.

Leur tâche n’est pas aisée, elle est même ingrate et peu valorisante, mais que serions-nous sans eux, dans nos agglomérations de plus en plus peuplées, dans nos sociétés de consommation débridée.

Pensons à ces compagnons de la propreté et surtout apprenons à rester calmes la prochaine fois que nous les rencontrerons sur notre passage, car un échange furtif mais aimable peut en découler et égayer notre journée.