Le sens du mariage ...pour une société en quête de valeur

Écrit par Frédérique Privat
08.05.2006
  • Le sens du mariage...pour la vie(攝影: / 大紀元)

Le 26 janvier dernier dernier, un rapport sur la famille était rendu par la mission de l’Assemblée Nationale sur la famille et les droits de l’enfant en France.

Un constat, révélateur de profondes mutations de la société française : la part des enfants nés hors mariage est passée de 7 % en 1975 à 48,3 % en 2005.

Parallèlement, les mariages connaissent une baisse de 30 % de leur effectif en 35 ans.

Pourtant, avec un des taux de fécondité les plus hauts d’Europe (1,9 enfants par femme), on ne peut donc pas parler de baisse significative de la démographie. On peut en déduire que la baisse des mariages n’a pourtant pas entamé le désir bien intact et biologique de se mettre en couple.

Alors, pourquoi moins de mariages ?

Cette institution qui fut pendant des siècles le seul mode d’entrée dans la vie conjugale, s’est vue fragilisée avec les générations nées après la seconde guerre mondiale. En effet, les femmes qui jusque-là ne connaissaient que les travaux domestiques de leur foyer se retrouvaient projetées sur le marché du travail. Cette émancipation progressive leur a donc permis de quitter la « tutelle » d’un mari qui jusque-là était le seul à bénéficier des droits sociaux.

L’acquisition de ces droits sociaux associés à l’emploi et vecteurs d’indépendance financière constitue probablement un des facteurs expliquant la baisse des mariages. L’Histoire nous a montré que bon nombre de mariages étaient souvent le fruit d’une transaction financière à peine voilée : des terres à conserver dans la famille ou à jumeler, des corps de métier à pérenniser, ou encore des traités de paix entre royaumes… Ces unions arrangées pour les besoins financiers demeuraient pourtant stables « pour la vie », transcendant donc la simple attirance ou l’affinité entre esprits.

Il faut donc aller plus loin et axer la réflexion sur les changements de comportements et de mentalités des années 70. L’époque des soixante-huitards fut riche en prises de conscience de toutes sortes : recherche parfois extrémiste de la paix après la guerre, apparition de mouvements féministes se battant pour l’égalité homme - femme, volonté de faire « sauter les verrous » d’une société dont les valeurs leur pesaient, mais aussi mise en place de mouvements environnementaux luttant contre les agressions faites à la Nature…

La libéralisation sexuelle et l’union libre connaissent alors un essor sans précédent, entraînant une dégradation notable des valeurs fondatrices du couple : fidélité, communication basée sur le respect et la confiance mutuelle entre conjoints. En effet, au fil des siècles, des facteurs tels que la violence conjugale, l’alcoolisme, l’infidélité ont largement entamé le caractère noble et sécurisant de cette institution.

Actuellement, 9 couples sur 10 débutent leur vie conjugale avec l’union libre : on « s’essaie, on se teste » pendant un laps de temps plus ou moins long et révélateur des peurs (de l’avenir, de ne pas « être à la hauteur », d’être « emprisonné »…) et d’un manque de confiance (en soi et en l’autre), puis on choisit d’y demeurer ou d’évoluer vers le mariage ou encore, depuis 1999, vers le pacte civil de solidarité (PACS).

Mais, dans cette alternative, on peut donc se demander quel est le facteur déclenchant du mariage ?

Les causes sont là encore, variées et fonction du vécu de l’individu.

Si dans diverses communautés, le mariage demeure encore un symbole fort d’entrée dans la société dite « active », pour beaucoup d’autres, le mariage représente la consécration d’un amour indéfectible et éternel !

C’est aussi l’occasion, unique, l’espère-t-on, d’être le héros du jour. « C’est ton jour ! » dit la mère à sa fille, le jour de son mariage. L’événement social propulsant deux êtres sur un piédestal qui sera vu et admiré le temps d’une journée, par tous.

Quand l’esprit de renommée, présent en nous tous, fait surface, de quelles folies sera-t-on capable pour être le plus beau, ou encore avoir le plus impressionnant et le plus grandiose des mariages ?

Des dizaines de milliers d’euros sont maintenant régulièrement dépensés pour l’organisation d’une seule journée, endettant parfois le jeune couple et leurs familles pour longtemps…

Mais au delà de cet aspect matériel, le mariage est depuis la nuit des temps, la base d’une société dite organisée où chacun a sa place et la garde l’espace d’une vie.

C’est aussi du point de vue religieux, la reconnaissance devant les Dieux, de l’union de deux êtres qui scelle leur destin et celui de leurs familles, passées et à venir…

Or, si aujourd’hui il est admis qu’ « une naissance fait une famille » et ceci, quelle que soit la situation juridique du couple, avec les séparations, les divorces et les familles dites recomposées, il semble donc que la société traditionnelle séculaire connaisse un déséquilibre profond et durable.

Cette instabilité sociale et affective dans les couples entraîne une modification de la perception des valeurs traditionnelles qui pourrait bien, à plus grande échelle, être à l’origine des troubles socio-économiques majeurs que connaissent actuellement nos sociétés.