Le président de l’Art Renewal Center parle sans détours

Écrit par Fred Ross, Art Renewal.org
09.05.2006

  • u00abL'art et la littérature» du maître William Bouguereau(攝影: / 大紀元)

En 2001, Fred Ross, président de l’Art Renewal Center, s’est adressé à plus de 700 portraitistes, propriétaires de galeries et membres de la presse au Metropolitan Museum de New York pendant la conférence de l’ASOPA (association américaine des portraitistes). Vous trouverez ci-dessous le premier volet de cette déclaration.

Je remercie Arnold, Allan, Richard et tous mes autres amis qui ont recommandé que je m’exprime ici ce soir.

Pendant mon discours, des diapositives vous présenteront des exemples des plus grandes oeuvres de peinture de toute l’histoire de l’art. Presque toutes datent du XIXè siècle et ont été créées par des maîtres académiques qui étaient célèbres dans le monde entier à leur époque, puis ont été méprisés et décriés pendant la majeure partie du XXè siècle avant d’être de nouveau reconnus comme les plus grands de tous les temps: William Bouguereau, Sir Lawrence Alma-Tadema, John William Waterhouse, Frederick Lord Leighton, Ernst Louis Meissonnier, Edward Coley Burne-Jones, Frank Dicksee, Jules Joseph Tissot, John William Godward et d’autres dont vous connaissez peut-être les noms. Il s’agit d’oeuvres d’art internationales créées par les plus grands peintres de l’histoire. Il y en a des centaines, peintes par des génies de premier ordre, mais elles ont été volontairement radiées de l’histoire par des idéologues, les historiens modernistes, qui eux-mêmes ne méritent pas leurs titres et leurs diplômes.

Mesdames et Messieurs, les artistes,

L’art de la peinture, une des plus grandes traditions de toute l’histoire de l’humanité, subit des attaques impitoyables et incessantes depuis une centaine d’années. Je parle de connaissances accumulées depuis plus de 2500 ans, de la Grèce antique à la Pré-renaissance, jusqu’aux extraordinaires sommets atteints en termes d’accomplissement artistique à la Haute Renaissance, au XVIIe siècle par les peintres hollandais et aux grandes Académies du XIXe siècle en Europe et en Amérique.

Ces traditions, alors qu’elles atteignaient leur apogée incontestable, un pic de perfection qui semblait imbattable et invincible, sont entrées dans le XXe siècle en pleine vitesse pour tout à coup tomber d’une falaise et s’écraser en mille morceaux sur les rochers en contrebas. Depuis la Première Guerre mondiale, les arts visuels contemporains, représentés dans les expositions des musées, dans les facultés d’art des universités et par les critiques d’art de la presse ne sont rien de moins que des exercices juvéniles et répétitifs visant à prouver à l’ancien monde adulte que tous les caprices sont permis, régressant toujours plus vers une notion plus détournée et forcée de la liberté d’expression. Liberté d’expression?

Ironiquement, cette soi-disant «liberté» – incarnée par le modernisme – est devenue, au lieu d’une forme d’«expression», une forme de «répression» ou d’«oppression». Le modernisme, tel que nous le connaissons, a fini par devenir le système de pensée le plus oppressant et le plus restrictif de toute l’histoire de l’art. La moindre trace d’ordre raisonnable et de normes qui permettait d’identifier, de comprendre et de créer de magnifiques peintures et sculptures s’est vu dégradé, détesté, désacralisé et éviscéré. La base du savoir-faire des peintres, c'est-à-dire le dessin, a été jetée aux oubliettes avec les modèles, la perspective, l’illusion, les objets identifiables ou les éléments du monde réel ainsi que la capacité à saisir, exposer et exprimer de façon poétique les sujets et les thèmes de l’humanité, de la condition humaine et des tentatives de l’humain sur ce morceau de poussière d’étoile qu’on appelle la Terre. La Terre qui parcourt l’infini, nous emportant tous à son bord, avec tout ce que nous savons et tout ce qui nous est cher.

La raison, la philosophie, la religion, la littérature, l’imagination, les rêves… tous les sentiments, toutes les émotions et le patho de nos vies quotidiennes, tout ceci a été décrété indigne de l’oeuvre du peintre. Le moindre signe que l’artiste essayait de décrire de tels éléments a été considéré comme banal, médiocre, photographique, du ressort de l’illustration ou de la sentimentalité mièvre. Nos enfants, qui sont censés fréquenter les meilleures universités du monde, apprennent de la bouche de titulaires de baccalauréats es arts, de maîtrises es arts, de maîtrises es arts appliqués et de maîtrises es éducation artistique… ou même de titulaires de doctorats, nos enfants donc ont été soumis à la place à un lavage de cerveau méthodique, on leur a enseigné à nier ce que leur montrait leurs sens. On leur a appris que Matisse, Cézanne, Picasso et leurs disciples étaient les meilleurs artistes de toute l’histoire. Pourquoi? Parce que ces artistes ne nous mentent pas comme les peintres traditionnels, bien sûr! Ils n’essaient pas de nous faire croire que nous regardons des scènes réelles ou des scènes créées de toutes pièces, tirées de l’imagination ou du rêve. Ils nous disent la vérité. Ils nous décrivent ce qui est. Ils ont passé leurs vies et leurs carrières à décrire quelque chose qui n’était pas banal, ni stupide, ni insipide ou insensé. Ils ont en effet amené la plus ingénieuse révolution de l’histoire de la pensée artistique.

Même les grandes découvertes scientifiques de la révolution industrielle font pâle figure devant leur époustouflante découverte. Et quelle est cette découverte qui les a élevés au-dessus de Bouguereau, qui leur a valu d’être portés aux nues plus que Gérôme et d’être adorés plus qu’Ingres, David, Constable, Fragonard, Van Dyck et Gainsborough ou Poussin?

Pourquoi, oui, pourquoi ont-ils été proclamés les génies absolus, le sommet de l’accomplissement de l’humanité, qu’est-ce qui leur a valu d’être placés sur un piédestal aux côtés de Rembrandt, Michel Ange, Léonard de Vinci, Caravaggio, Vermeer et Raphaël? Qu’ont-ils fait pour cela? Pourquoi ont-ils été vénérés presque au-delà de tous les autres avant eux? Mesdames et Messieurs, je vous le donne en mille, ils ont démontré, aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ont démontré que la toile était plate. Plate et très mince, maigre, et, je dirais même plus, creuse, dépourvue de tout sens ou de toute profondeur.

Et plus ils le prouvaient, plus ils étaient glorifiés. Cézanne a fait s’écraser les paysages, Matisse a aplati nos maisons et nos familles et Pollock, Rothko et de Kooning ont mis tout ça dans un mélangeur avant de jeter le tout contre un mur. Avec eux, même les crêpes semblent grosses et volumineuses en comparaison. Mais ce n’est qu’une partie des fabuleuses révolutions modernistes. Leurs rejetons ont été florissants : expressionnisme abstrait, cubisme, fauvisme, minimalisme, Colorfield Painting (peinture par champs colorés), art conceptuel, Op art (art cinétique), Pop art et post-modernisme… et pour les comprendre tous, pour les comprendre, il a fallu des gens très particuliers, en effet, puisque l’immense majorité de l’humanité était trop ignorante et stupide pour comprendre. Comme la célèbre annonce publiée dans le New York Times le disait il y a si longtemps : «Is it good art? or bad art?» (Bon art ou mauvais art?) À vous de juger, en effet. Bien sûr, pour justifier ce paradigme théorique, tous les artistes auteurs de scènes identifiables remplis de profondeur et d’illusion devaient être discrédités. Et pour être discrédités, ils le furent! Avec une virulence et une véhémence tellement haineuses et impitoyables qu’on aurait pu croire qu’ils étaient des messagers du Diable en personne! Et, afin de les enterrer définitivement, toutes leurs oeuvres ont été bannies de l’histoire et leurs noms et leurs découvertes en ont été effacés. J’ai obtenu une maîtrise en éducation artistique à la Columbia University et pourtant, au cours de mes études, je n’ai jamais entendu parler de Bouguereau, donc je n’ai jamais su qu’il avait été président de l’Académie et chef du Salon, le plus grand artiste de son temps qui, seul, usant de toute son influence comme chef de file le plus respecté du monde artistique, il avait ouvert l’École des beaux-arts et les Salons des femmes artistes pour la première fois de l’histoire.

Pendant la plus grande partie du XXe siècle, ce type de propagande a visé les artistes académiques de façon tellement insidieuse qu’on a littéralement appris aux gens à discréditer sans y regarder à deux fois toute oeuvre constituée de personnages ou d’éléments bien reproduits ou présentant une quelconque trace de maîtrise technique. Toute la beauté et la subtilité des émotions, découlant de l’interaction de la composition, du dessin et du thème, de l’entrelacs, des couleurs, des tons et des ambiances, ont disparu. On a appris aux amateurs que la peinture académique, d’emblée, est mauvaise par définition, mauvaise! Mauvaise, car elle recourt à des personnages, thèmes ou histoires humaines et à des objets du monde réel.

Le prestige leur fait présumer automatiquement qu’une oeuvre est formidable si elle vient d’un des soi-disant grands noms de l’art moderne, alors ils recherchent des raisons justifiant un tel enthousiasme. Si vous ne parvenez pas à les trouver formidables, ce n’est pas l’oeuvre qui est remise en question, mais l’intelligence et la sensibilité de la personne qui la regarde. Les étudiants soumis à ce type de pression intimidante, vous pouvez en être sûr, trouveront des raisons de s’extasier, quelle que soit la teneur de ce qu’ils voient.

On leur a appris l’opposé à propos des peintures académiques. Ils ont appris que les oeuvres dépeignant des réalités sont du «mauvais art» et que, par conséquent, ce qu’ils aiment de ces oeuvres n’est pas dû aux qualités inhérentes au génie artistique sous-jacent, mais à un manque d’intelligence et de goût de leur part. La même pression intimidante fonctionne donc ici à l’inverse pour faire en sorte qu’une oeuvre de Bouguereau, Lord Leighton, Burne-Jones, Gérôme, Frederick Hart ou n’importe qui d’entre vous ici, ne pourra être considérée que comme mauvaise par définition.

Aucun étudiant d’une école adepte de ce type de lavage de cerveau autocratique ne se risquera jamais à explorer ni à écouter des avis opposés, par peur d’être stigmatisé à jamais et d’avoir à porter une étiquette indésirable et à subir le mépris de tous. Malheureusement, il s’agit là d’un remède très efficace contre la pensée indépendante. Ainsi, la vision d’éléments concrets bien dessinés est perçue comme négative, ad hominem, ce qui prouve de façon quasi-mécanique la soi-disant médiocrité de l’oeuvre et de son créateur.

Il est tout particulièrement ironique que ce soient les mêmes personnes qui clament les vertus inaliénables de la liberté d’expression qui, subrepticement et continuellement, conspirent pour ôter toute liberté à ceux qu’ils désapprouvent.

L’accusation portée à la peinture académique, décriée comme «manquant d’inspiration», est tout aussi ironique. C’est une proclamation faite par des critiques incapables de voir, au-delà de la virtuosité technique même qu’ils condamnent, le sens de ces oeuvres. Ce riche langage visuel est perdu pour des yeux aveuglés. Cela revient à mépriser d’entrée de jeu un morceau de musique dès lors qu’on découvre qu’il est construit à partir de notes, d’accords et de clés, ou à faire une moue de dégoût devant les oeuvres littéraires qui sont composées de mots disposés en phrases grammaticalement correctes.

Cela ne signifie pas que toutes les oeuvres académiques sont exceptionnelles ou qu’on n’y peut rien redire, certainement pas. Ce ne serait pas moins fallacieux de louer toute cette catégorie sans discernement que de la rejeter intégralement. Parmi les oeuvres académiques, on en trouve de profondes et brillamment conçues comme de pauvres et de stupides, cela dépend du sujet et de l’artiste.

Ceci étant dit, je trouve la pire d’entre elles plus significative que des oeuvres basées sur la notion ridicule qu’il faut démontrer que la toile est plate et (ou) qu’il n’y a pas besoin d’habiletés ou de technique pour être un artiste, ce qui est l’opinion générale de ceux qui condamnent la catégorie de l’art académique dans son ensemble. Leur objectif semble de légitimer ce qui a aboli toutes les normes et caractéristiques antérieures de l’art. En d’autres termes, en définissant le non-art comme de l’art, on ne peut qu’en conclure logiquement que l’art est du non-art.

 

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