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Torture illégale sur La route de Guantanamo

Écrit par Frederic Eger, Collaboration Spéciale
11.07.2006
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  • Michael Winterbottom et Ruhel Ahmed(攝影: / 大紀元)

Tous les musulmans ne sont pas forcément des terroristes. C’est la conclusion à laquelle semble vouloir nous mener le dernier film de Michael Winterbottom, The Road to Guantanamo. Le réalisateur britannique réussit à nous faire oublier la salle, le projecteur et le pop-corn pour nous mettre face à cette réalité en utilisant habilement plusieurs genres cinématographiques.

« The Road to Guantanamo a été une expérience totalement nouvelle pour moi, d’où son intérêt d’ailleurs. Je n’ai aucune motivation à refaire encore et encore les mêmes choses. Si le film est différent, c’est ce qui me stimule», souligne-t-il.

Alors quelle en est la nouveauté? C’est sans doute le jeu avec la forme documentaire. Il s’agit bien d’une fiction, mais la construction et la facture est celle d’un documentaire, d’une démonstration méthodique.

Ce n’est qu’après un bon tiers du film que l’on comprend qu’il s’agit d’une reconstitution et qu’il aurait été impossible de filmer avec autant de liberté des interrogatoires musclés, des scènes de tortures ainsi que des combattants de l’Alliance du Nord anti-talibans tirant au travers des murs de camions. D’ailleurs, on sort du cinéma atterré, écoeuré, épuisé par la description de l’inhumanité de notre monde. Tout spectateur, n’ayant lu aucune critique ou synopsis de ce film, s’y fait prendre. Cela démontre le réel talent de Winterbottom.

L’oeuvre est un plaidoyer sur l’absurdité de la guerre, le caractère obstiné et imbécile des militaires et des services secrets américains, britanniques et afghans pour qui tout ce qui ressemble à un musulman est forcément un terroriste.

Et puis, dans la lutte contre le terrorisme, il faut bien trouver des coupables! Le réalisateur ne cache pas la subjectivité du récit de trois «jeunes adolescents britanniques» entraînés dans une série d’événements politiques qui les dépassent complètement.

«L’intérêt de l’histoire était qu’il s’agissait de trois individus normaux, comme vous et moi, pris au piège dans une histoire extraordinaire et terrible. Nous voulions montrer le fossé entre ce que nous, [le public], pensions que seraient les détenus de Guantanamo et la réalité de nos trois personnages. [...] Nous racontons leur histoire dans leurs mots et présentons leur version de ce qui leur est arrivé, comme le ferait un avocat [...] L’objectif pour nous était de raconter leur histoire, pas de mettre en question la véracité des faits», explique le réalisateur de 55 ans.

The Road to Guantanamo montre la naïveté de ces jeunes Britanniques partis de Tipton, ville proche de Birmingham, dans les Midlands, au centre de l’Angleterre. Le trio part pour assister au mariage d’un ami au Pakistan et vivre une «aventure» sans préparation, ni information, ni même de connaissances culturelles sur une région du monde en proie à la guerre depuis près de vingt ans.

Le film explique aussi clairement qu’en octobre et novembre 2001, tout musulman pratiquant était, et pourrait être encore, assimilé par l’Alliance afghane du Nord comme musulman pro-taliban. Dans le récit, ce qui a sauvé les trois jeunes Britanniques d’une mort certaine était le fait de parler anglais et que la coalition américano-britannique ait été à la recherche de sources de renseignement dans la traque de terroristes.

The Road to Guantanamo ne nous apprend rien de plus sur les faits que la presse n’ait déjà pu révéler lors de leur relâche, excepté qu’il permet de faire clairement comprendre et ressentir au spectateur la souffrance physique de la faim, de la dysenterie, de la déshydratation, de la pauvreté de ces pays, des bombes qui tombent sur des civils innocents et des soldats de l’Alliance du Nord qui exécutent sommairement et aveuglement des musulmans affamés et presque sans vêtements dans des camions à bestiaux. Cela rappelle la Seconde Guerre mondiale… mais nous sommes en 2006.

Le film décrit l’embrigadement, de force ou de fait, de tous les musulmans par les talibans dans une guerre à laquelle ils ne souhaitent pas forcément être associés. Et, justement, concernant les motivations profondes de ces trois jeunes insouciants que le film présente comme entraînés par «hasard» vers Kunduz et la zone de conflit, les explications de Michael Winterbottom ne sont ni claires ni précises :

«[...] Je pense qu’il est très difficile de connaître les motivations de quiconque. Ils pensaient que ce serait intéressant de voir l’Afghanistan. Comme ils l’expliquent dans le film, ils sont allés dans une mosquée au Pakistan où un imam leur a dit d’essayer d’aider le peuple d’Afghanistan de quelque manière que ce soit et la mosquée organisait tout pour inciter les gens à aller travailler en Afghanistan. Donc, le lendemain, ils montent à bord d’un bus pour l’Afghanistan. Quelle était leur motivation au-delà de cela? Quand ils décrivent leur expérience, [...] cela ressemble au récit d’un voyage d’un an à l’étranger.»

Par certains aspects, le film apparaît dès lors un peu manichéen sur fond d’angélismes. Il est sorti sur les écrans mondiaux alors que trois prisonniers de Guantanamo se sont suicidés le 23 juin 2006 et que la décision du 29 juin de la Cour suprême des États-Unis par un vote de cinq contre trois a souligné que les tribunaux de crime de guerre pour les détenus prétendument terroristes de Guantanamo Bay étaient anticonstitutionnels : le président des États-Unis n’agit pas sous le contrôle et l’autorité du Congrès.

Le film de Michael Winterbottom a la qualité de mettre une image à l’inhumanité et surtout à l’illégalité des conditions de détention dans une prison militaire américaine supposée agir en conformité avec les normes internationales du droit de la guerre, des conventions de Genève et des lois américaines. Et, pour bien comprendre ces horreurs, elles doivent être vues.

The Road to Guantanamo : un film à voir absolument!

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