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Le rapport qui accuse le régime chinois de génocide

Écrit par Cindy Chan La Grande Époque, Ottawa
13.07.2006
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Les Canadiens David Kilgour, ancien secrétaire d’État et David Matas, avocat des droits de l’homme, ont affirmé dans un rapport d’enquête que les allégations de prélèvements d’organes sur des milliers de prisonniers de conscience encore en vie en Chine étaient vraies.

  • David Matas et David Kilgour(攝影: / 大紀元)

Des enquêteurs canadiens indépendants disent être convaincus que les organes des pratiquants de la méthode traditionnelle Falun Gong en Chine sont bien, comme cela a été affirmé par plusieurs témoins au mois de mars cette année, prélevés et vendus. « Nous sommes arrivés à la regrettable conclusion que ces allégations sont vraies. Nous croyons qu’il y a eu et qu’il continue à y avoir des prélèvements d’organes à grande échelle sur des membres de Falun Gong, contre leur gré », conclut le rapport de David Kilgour (ancien secrétaire d’état canadien pour la région Asie-Pacifique) et David Matas (avocat international spécialisé dans les droits de l’homme).

Le document de 46 pages, accompagné de 14 annexes, sanctionne 2 mois d’enquête sur les accusations portées en mars de cette année contre le gouvernement chinois. D’après celles-ci, en Chine des prisonniers de conscience – en particulier les pratiquants du Falun Gong – sont assassinés pour leurs organes vitaux – coeur, reins, foie, cornée – qui sont ensuite vendus. Certains des clients de ce supermarché du vivant sont des occidentaux qui « normalement doivent attendre des années pour des dons volontaires de ces organes dans leur pays d’origine », dit le rapport, qui rappelle que « le prélèvement d’organes sur des personnes non-consentantes, que ce soit systématique ou seulement répandu, est un crime contre l’humanité ».

Les auteurs font 17 recommandations, parmi lesquelles la fin immédiate de ces pratiques en Chine, l’ouverture d’enquêtes criminelles, la révocation des passeports de citoyens occidentaux voyageant en Chine pour obtenir un organe sain, l’arrêt de la formation à la transplantation des médecins chinois.

MM. Kilgour et Matas s’adressaient à un parterre de journalistes venus entendre leurs conclusions au Parliament Hill. « Quand vous aurez lu ce rapport, vous comprendrez de quoi il s’agit », a déclaré M.Kilgour.

David Matas explique que l’enquête a été initiée à la suite des demandes d’une association de défense des droits de l’homme basée à Washington DC, le CIPFG (Coalition to Investigate the Persecution of Falun Gong in China), cette enquête a été menée de façon indépendante afin de garantir l’objectivité des conclusions.

MM. Kilgour et Matas ont cherché à évaluer 18 éléments pouvant soit étayer, soit affaiblir l’accusation de prélèvement d’organes ; ils ont déclaré avoir découvert des éléments à charge « à chaque fois vérifiables, et dans presque tous les cas indiscutables ». Tous ces éléments rassemblés dessinent d’après les enquêteurs « une image globale terrible ».

L’un des éléments qu’ils ont considéré comme étant le terreau et l’engrais de cette horreur est le climat de corruption généralisée, de mépris des droits humains et la campagne nationale « d’éradication » du Falun Gong – campagne gouvernementale qui inclut répression, incitation à la haine, et arrestations massives.

Le rapport prend comme point de départ le nombre de pratiquants de Falun Gong portés disparus et l’inexplicabilité des tests sanguins systématiquement réalisés sur les prisonniers. Certains cas documentés parlent de corps retournés à leur famille avec des organes en moins. Les enquêteurs ont de plus rencontré des victimes de la persécution vivant au Canada et en France.

L’extraordinaire rapidité de l’obtention d’organes immunologiquement compatibles en Chine – 1 à 2 semaines pour un rein contre 4 à 7 ans en Europe et en Amérique du Nord – et le nombre annuel de transplantations effectuées, comparé au chiffre officiel des donneurs sont autant de facteurs de suspicion. Kilgour et Matas présentent de plus des documents accusant d’eux-mêmes : les pages Internet des centres de transplantation en Chine, informant de la disponibilité immédiate de grandes quantités d’organes venant de donneurs vivants.

David Kilgour a mentionné durant la conférence de presse que l’un des éléments les plus accusateurs était la rencontre qu’il avait eue avec l’ex-femme d’un chirurgien chinois. Son mari avait reconnu avoir prélevé les cornées d’environ 2.000 pratiquants de Falun Gong emprisonnés. « Personne ne donne ses cornées sans donner également sa vie », pointe M. Kilgour. D’autres chirurgiens étaient responsables du prélèvement d’autres organes, après quoi les corps étaient incinérés.

Interview de médecins chinois

Le rapport contient également les enregistrements de conversations téléphoniques avec les responsables de différents hôpitaux chinois, centres de détention, tribunaux, qui admettent utiliser les organes des pratiquants de Falun Gong. Pour cette partie de l’enquête, Kilgour et Matas citent des acteurs qui se sont fait passer pour des Canadiens ou des Américains cherchant un organe.

La conversation avec un docteur de l’hôpital Minzu dans la ville de Nanning (région autonome du Guangxi), le 22 mai 2006, s’est par exemple déroulée ainsi :

« Pourquoi est-il facile pour eux [la ville de Guangzhou] de les obtenir [les organes des pratiquants de Falun Gong] ? »

« Parce qu’ils sont une institution importante. Ils contactent le système judiciaire au nom de toute l’université. »

« Et alors ils utilisent les organes des pratiquants de Falun Gong ?»

« C’est ça… » « Les organes que vous avez utilisé avant [venant de pratiquants de Falun Gong], venaient-ils des centres de détention ou des prisons ? »

« Des prisons. »

« Et ils venaient de pratiquants de Falun Gong en bonne santé ? »

« C’est cela. Nous choisissons les bons parce que nous voulons garantir la qualité de notre opération. »

Un autre entretien a lieu avec un certain M. Li, au centre de détention de Mishan, dans la province de Heilongjiang :

« Avez-vous des fournisseurs (d’organes) de Falun Gong ? »

« Oui, nous en avons aussi. »

« Et maintenant ? »

« Oui. »

« Pouvons-nous venir choisir ou est-ce vous qui les fournissez ? »

« Nous vous les fournissons. »

« Et le prix ? »

« Nous en discuterons quand vous viendrez. »

Comment est-ce possible ?

Matas décrit les révélations du rapport comme une « forme choquante et nouvelle du mal », quasi-impensable comme l’a été dans le passé l’Holocauste.

Il observe cependant que dans le contexte chinois actuel, cela n’est pas aussi surprenant qu’ailleurs dans le monde – les autorités chinoises n’ont-elles pas déjà reconnu prélever les organes des condamnés à mort ?

Le fait que le Falun Gong ait été « extrêmement déshumanisé, vilifié et marginalisé » durant les sept dernières années rend cela plus compréhensible, croit pouvoir dire Matas. Ils sont « persécutés aussi bien en mots et en actes de la pire manière qui soit ».

De tels crimes peuvent également être perpétrés en toute impunité dans un contexte de répression des médias et des défenseurs des droits de l’homme qui peuvent être punis pour avoir « révélé des secrets d’État ». L’appât des gains rapides et importants et l’absence de repères moraux font le reste.

Le rapport, consultable en ligne à l’adresse http://investigation.go.saveinter.net/, estime qu’entre les années 2000 et 2005, 41.500 transplantations d’organes n’ont pas d’autre explication possible que le prélèvement sur des personnes non consentantes. « Il n’y a pas eu d’augmentation du nombre d’exécutions qui expliquerait l’augmentation du nombre de transplantations. La seule chose qui ait changé depuis le moment où les transplantations ont augmenté, c’est la persécution du Falun Gong », insiste Matas.

Le régime communiste chinois a, le jour même de la conférence de presse, rejeté en bloc les conclusions du rapport et dit avoir, depuis le 1er juillet de cette année, mis en place une loi prohibant la vente et l’achat d’organes humains, et réclament l’obtention du consentement des « donneurs ». Mais Matas rappelle qu’en Chine « les lois sont passées, mais pas appliquées – il suffit de voir la constitution chinoise : elle devrait garantir la démocratie ».

Il suggère à la Chine de cesser la persécution du Falun Gong, de cesser les tortures et les exécutions, de permettre la visite des prisons et de ne plus utiliser les organes de prisonniers pour les transplantations.

Enquêtes futures ?

Matas et Kilgour n’ont pu faire leur enquête directement en Chine, leurs demandes de visa ayant été rejetées. Kilgour dit avec un peu de provocation qui si l’autorisation lui était donnée dans le futur, il serait assez heureux de pouvoir examiner les dossiers hospitaliers, les feuilles de consentement, et autres informations.

Matas rappelle que l’une des motivations de l’enquête était, si les accusations s’avéraient vérifiées, de pouvoir « mobiliser la communauté des défenseurs des droits de l’homme ». Le crime, rappelle-t-il, implique une victime qui est maintenant morte et ne peut témoigner, et un bourreau qui ne va pas avouer, et qui fait tout ce qu’il peut pour effacer les traces.

« Que peut-on imaginer de pire qu’un être humain tué pour ses organes et pour que quelqu’un d’autre s’enrichisse ? », demande Kilgour.

« Nous avons besoin de nouvelles techniques d’enquête », renchérit Matas, exprimant son souhait de voir la communauté internationale, y compris les Nations Unies et Amnesty International, se mobiliser.

Les deux auteurs du rapport, qui a reçu une très large couverture médiatique outre-atlantique, demandent à la Chine d’ouvrir les centres de détention à des inspections par les équipes du comité international de la Croix-Rouge. Ils recommandent de plus au gouvernement canadien d’inciter les médecins à prévenir quand des patients cherchent à obtenir un organe sain en Chine.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.