New-York : manifestation d’investisseurs «éthiques»
NEW YORK – Des actionnaires d’une des plus grandes sociétés de services
financiers américaine, la TIAA-CREF, ont protesté en milieu de semaine
dernière à l’entrée de l’assemblée annuelle des actionnaires, et
demandé à l’entreprise de faire des choix d’investissement éthiques.
Un
consortium d’une dizaine de groupes d’actionnaires visaient six
entreprises en particulier, y compris les monolithes Philip Morris,
Coca-Cola et Wal-Mart
« Nous sommes ici pour obtenir des
garanties qu’ils ont un comportement éthique. Ils font de grandes
déclarations sur le soin qu’ils prennent de notre argent, mais beaucoup
d’entre nous s’inquiètent de savoir dans quoi cet argent est investi » dit Electra Arenal, Professeur émérite à New-York.
Le
TIAA-CREF, dont le siège est à New-York, offre des solutions d’épargne
pour les secteurs de l’éducation et les institutions à but non
lucratif. Il gère près de 400 milliards de dollars de fonds et a plus
de 3.2 millions de clients.
Un actionnaire, Neil Wollman,
professeur au Manchester College, demande depuis 20 ans des garanties
de respect de l’éthique. Comme les autres, il souhaite que le TIAA-CREF
obtienne des six entreprises la fin de pratiques douteuses comme la
production à bas coût des produits Nike dans des pays sous-développés,
et le soutien de Chevron au régime burman.
« Leur motto est
‘services financiers pour un bien supérieur’, ils devraient s’opposer à
ces pratiques. Et ils devraient aussi investir dans des domaines plus
positifs pour le bien de tous », dit Wollman.
Si le TIAA-CREF
n’obtient pas de changement de comportement des entreprises visées, il
devrait en retirer ses capitaux et les investir dans des entreprises
impliquées dans les produits et services de développement durable.
Le
rappel s’intègre au mouvement grandissant des Investissements
Socialement Responsables (SRI en anglais). D’après le rapport 2005 du
forum des investisseurs sociaux, 2.000 milliards de dollars sont
actuellement investis dans ce domaine. Une étude publiée par le Réseau
de Recherche sur les Investissements Sociaux a montré qu’un nombre
croissant de grandes entreprises incorporent maintenant les résultats
sociaux et environmentaux à leurs résultats annuels.
TIAA-CREF a
lui-même réalisé des sondages qui montrent que plus de la moitié des
investisseurs accepteraient des retours financiers plus faibles en
échange d’investissements plus éthiques.
« A quoi sert l’argent si la planète meurt » enchérit Arenal. « A ce moment là on ne pourra plus trop investir ».
Le
Président du TIAA-CREF, en réponse, a rappelé qu’avec 8 milliards de
dollars, le fonds d’investissement social du CREF est le plus large
existant et regroupe plus de 430.000 investisseurs.
Mais les
manifestants demandent plus et estiment qu’en tant que leader, le CREF
devrait jouer un rôle de leader pour faire changer les choses. « Il peut suffire de cela pour faire la différence », dit Virginia Kallianes qui travaille pour une association carritative et épargne avec le TIAA-CREF.