Singapour, ordre et compromissions

Écrit par Aurélien Girard La Grande Époque
28.07.2006
  • Pratiquants de Falun Dafa devant le consulat de Singapour à NY(攝影: / 大紀元)

La ville-état de Singapour, déjà épinglée par l’association Reporters sans frontières pour avoir censuré et puni les auteurs de blogs critiques, persiste et signe dans le contrôle de la liberté d’expression : ce sont aujourd’hui neuf pratiquants de la méthode chinoise Falun Gong qui sont visés par la justice singapourienne pour une banderole et quelques prospectus. Quand la compromission devient loi, la justice sert les intérêts... du régime chinois. La nouvelle de l’inculpation à Singapour de neuf personnes qui pratiquent le Falun Gong n’aurait peut-être pas fait autant de bruit dans les communautés asiatiques si elle n’était pas arrivée presque en même temps qu’était publié le rapport Kilgour-Matas – ce rapport canadien qui confirme que des milliers de pratiquants du Falun Gong sont utilisés comme banque d’organes vivante par des cadres du régime communiste.

La nouvelle n’aurait peut-être pas non plus fait autant de bruit si elle n’avait suivi de près la visite officielle de Li Lanqing, le fondateur du « bureau 610 » en Chine. Le bureau 610 qu’on retrouve typiquement appelé « la gestapo chinoise » sur les sites des défenseurs des droits de l’homme. Et Li Lanqing qui est accusé en France de crimes de tortures et contre qui une commission rogatoire internationale a été lancée en 2004.

Le 10 juillet, neuf Falun Gong ont reçu une convocation pour un passage devant le tribunal fin juillet, sur l’accusation de « rassemblement public sans autorisation ». Le 12 juillet, Mme Huang Caihua a été arrêtée devant l’ambassade de Chine pour avoir « intentionnellement causé des troubles. » Elle pratiquait les exercices du Falun Gong devant une banderole mentionnant « Li Lanqing doit être jugé. »

Mme Terri Marsh, Présidente de la Human Rights Law Foundation aux Etats-Unis, a déjà servi de consultante légale pour l’avocat de pratiquants de Falun Gong singapouréens qui avaient été arrêtés en 2005 pour « distribution illégale de vidéos ». Elle a suivi de près l’actualité des derniers jours. D’après elle, la procédures est ridicule. « La police de Singapour a filmé fin octobre 2005 ces neuf personnes en train de distribuer des prospectus sur la répression du Falun Gong en Chine. Ils ont attendu 9 mois, et soudainement informé les 9 personnes qu’elles avaient violé la loi. Pourquoi une chose autorisée pendant les 9 derniers mois est-elle devenue illégale brutalement le 10 juillet ? »

Dans le cas de Mme Huang, la police a attendu plus longtemps encore, cette femme ayant honoré de sa présence quotidienne l’ambassade de Chine locale depuis plus d’un an. Ce n’est que le 12 juillet que des policiers en civil lui ont fait la cordialité de l’embarquer, suite à un appel téléphonique de l’ambassade.

Mme Marsh considère que le lien entre les inculpations et la visite de Li Lanqing est évident. D’après elle, « il y a cette tendance étrange à arrêter des pratiquants de Falun Gong quand des hauts-responsables communistes chinois se déplacent à l’étranger. Les autorités de Singapour ont fait cela pour faire plaisir au régime chinois. »

L’association Falun Gong France a communiqué aux médias copie d’une lettre adressée à l’ambassadeur de Singapour, dans laquelle les sympathisants du mouvement demandent au gouvernement de Singapour de « cesser immédiatement cette procédure judiciaire et d’abandonner toutes les fausses charges contre les pratiquants de Falun Gong. » « Le régime communiste chinois pourrait être en train de vivre ses dernières heures puisque des millions de ses membres démissionnent après avoir lu les ‘Neuf commentaires sur le Parti communiste chinois’. Singapour veut-il rester dans l’histoire comme le pays qui a soutenu la dictature la plus barbare et la plus sanguinaire ? »

Ailleurs aussi, la mobilisation a été immédiate, avec des manifestations calmes mais visibles devant la plupart des ambassades de Singapour en Europe et Amérique. « Nous espérons que le gouvernement de Singapour ne va pas suivre la persécution du Falun Gong par le Parti communiste chinois », commente ainsi Mme Yi, devant le Consulat à New-York. Elle affirme avoir rencontré de nombreuses personnes torturées, voire tuées, en Chine pour ne pas avoir renoncé à leur croyance.

Les rumeurs vont maintenant bon train, le ministre de l’Intérieur de Singapour, M. Wong Kan Seng, étant soupçonné d’être à l’origine des pressions subies par Falun Gong, et d’avoir stimulé une campagne de presse contre le mouvement, qui reprend texto les diatribes de la propagande chinoise.