Les Étrusques, peuple qui a influencé l’Europe

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque
31.07.2006

Apparue au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, la civilisation étrusque dura près d’un millénaire et domina presque toute l’Italie avant de se fondre dans le moule imposé par Rome.

Ce peuple fut admiré par les Grecs puis les Romains et parfois critiqué pour son originalité et sa richesse. Des controverses existent sur l’origine de ce peuple : Hérodote pense qu’il vient de Lydie, en Anatolie, tandis que Denys d’Halicarnasse présente les Étrusques comme des autochtones. Il semblerait que des affinités subsistent entre la religion étrusque et celles des peuples du Proche-Orient (par l’importance de l’astrologie et de l’hépatoscopie et par de nombreux emprunts artistiques) mais les archéologues italiens ont fait remarquer qu’en Toscane, les Étrusques se rattachent à leurs prédécesseurs de la civilisation villanovienne. Les Étrusques ont inventé le système de la « famille nucléaire » se substituant à la communauté agraire de la période précédente, par l’instauration du pouvoir d’un pater familias. On assiste à ce moment à la transmission de l’heredium : la transmission du patrimoine s’effectue au sein de la même famille et le patrimoine lui-même devient héréditaire.

Une civilisation mystérieuse où les femmes étaient émancipées

On connaît ce peuple surtout pour l’archéologie et les classiques latins. Il fut au carrefour des échanges commerciaux en Méditerranée. Il est considéré à tort comme étant issu d’une civilisation pacifique, jouissant d’un art de vivre, mais sa force reposait naturellement sur une puissance militaire, empruntée à la Grèce. Curieusement, cette civilisation s’est fondue dans la romanité au Ier siècle de notre ère. Les Étrusques tombèrent dans l’oubli jusqu’à la découverte presque par hasard de leurs tombes en Toscane, au nord de l’Italie. Majestueuses demeures funéraires, celles-ci offraient le spectacle de la vie raffinée des aristocrates étrusques : des danses, des jeux, des scènes de banquets, de chasse ou de pêche ornaient les murs à fresques et racontaient par le menu leur épopée. Ces nécropoles cachaient des œuvres d’art et des bijoux qui suscitèrent une véritable course au trésor. Actuellement encore, on estime à 60.000 le nombre de tombes à découvrir dans la campagne romaine... Longtemps, les Étrusques ont intrigué les chercheurs. Les hypothèses les plus fantaisistes circulent sur leur origine, mystérieuse dit-on, dans la mesure où leur langue – ni latine ni grecque – reste incompréhensible. Certains témoignages des Grecs et des Romains nous donnent une idée de leur caractère, « ils les trouvaient trop lymphatiques, et condamnaient l’émancipation de leurs femmes. »

On redonne vie à cette civilisation en lui octroyant sa place dans la formation de la culture occidentale. L’héritage laissé par les Étrusques à l’Empire romain fut immense dans tous les domaines. C’est apparemment leur goût du bonheur qui serait l’une des dominantes essentielles de cette civilisation au moment de son apogée.

La splendeur et l'art des étrusques

La période de splendeur des Étrusques (VIII-Ve siècle av. J.-C.) fut marquée par la création de villes, qui impressionnèrent leurs contemporains autant en ce domaine qu’en celui de la prospérité économique. Ils adoptèrent le plan en damier « à la grecque » et accordèrent une grande importance aux rituels. Les villes étrusques sont clairement démarquées de la campagne par une limite religieuse, une empreinte qui s’interrompt à l’emplacement des passages, des murailles et des portes monumentales. Lorsque le terrain s’y prêtait, une grande rue nord-sud, appelée le cardo, et une grande rue est-ouest, le decumanus, donnaient les axes de l’urbanisme et du cadastrage de la campagne. La cité idéale devait posséder trois portes aux extrémités de ces axes : le cardo aboutissait à un sanctuaire triple adossé à l’enceinte de la ville.

L’art produit par cette civilisation est d’une grande richesse. Les Étrusques furent également d’habiles artisans et eurent de grands artistes, peintres de fresques dans les tombes – celles de Tarquinia par exemple – peintres sur vases ou sculpteurs qui réalisèrent des chefs-d’œuvre tant en bronze qu’en terre cuite. Ils furent également d’excellents joailliers et de bons métallurgistes. On peut voir leurs œuvres dans les grands musées italiens, comme par exemple ceux de Florence, du Vatican ou de Volterra ainsi qu’au musée du Louvre à Paris qui abrite des oeuvres somptueuses. On retrouvera de nombreux vases de bucchero ainsi que des milliers d’amphores étrusques sur les côtes de la Gaule. Il semble que les Étrusques ont fait connaître le vin aux Gaulois. Si l’on en croit les propos rapportés par certains auteurs grecs, les femmes étrusques jouissaient d’une certaine liberté. Les fresques funéraires confirment une certaine joie de vivre et de volupté. Les banqueteurs, les danseurs, les athlètes, prolongent pour l’éternité le mode de vie aristocratique des grandes familles titulaires de ces tombes.