Disparu en Chine

Écrit par Sharda Vaidyanath
01.08.2006

OTTAWA – Malgré des semaines de pression de la part du gouvernement canadien, la Chine n’a pas encore libéré le citoyen canadien et résidant de Burlington en Ontario, Huseyincan Celil. Ce dernier a été arrêté en raison de son activisme politique pour les droits de l’homme dans la province du Xinjiang en Chine et fait face à une peine de mort possible.

La porte-parole des Affaires étrangères, Pamela Greenwell, a confirmé qu’il est détenu par les autorités chinoises, mais les détails de sa situation et de son bien-être sont encore inconnus. Mme Greenwell a dit que «la communication est en cours pour obtenir des visites consulaires».

Les autorités chinoises considèrent Celil comme «un terroriste» et cela est très inquiétant, déclare Alex Neve, secrétaire général d’Amnesty International Canada, qui a lancé une campagne d’envoi de lettres pour Celil en avril dernier lorsqu’il a été extradé par l’Ouzbékistan vers la Chine.

M. Celil, âgé de 37 ans, visitait ses beaux-parents en Ouzbékistan, accompagné de son épouse et de ses enfants, lorsque les autorités l’ont arrêté le 27 mars dernier et l’ont secrètement déporté en Chine il y a environ un mois. M. Neve a dit que «de toute évidence, M. Celil ne pensait pas que le risque était sérieux». «Amnesty International est en contact avec sa famille, mais la situation est très stressante pour sa femme enceinte», a souligné M. Neve.

Alex Neve a ajouté que le gouvernement canadien avait besoin d’«une stratégie très intense et globale» pour traiter ce cas et que les Canadiens devaient maintenir un niveau de pression élevé pour assurer la libération de Celil.

M. Neve a prévenu : «C’est précisément dans de tels cas, lorsqu’une détention est tenue secrète, qu’il y a risque d’abus sérieux des droits de l’homme, plus particulièrement de torture». Il a expliqué que la torture était très répandue en Chine, un pays qui a puni de façon routinière, selon ses dires, les détenus plus faibles.

M. Celil, qui a œuvré pour les droits de la minorité musulmane ouïghour de la province du Xinjiang au nord de la Chine, a fui la persécution chinoise envers cette communauté en 2001. Après avoir obtenu un statut de réfugié, il est ensuite devenu citoyen canadien et s’est établi, avec sa famille composée de quatre jeunes enfants, à Burlington, Ontario.

De plusieurs façons, la province du Xinjiang a souffert d’un sort similaire à celui du Tibet depuis que les Han chinois prédominants ont pris le contrôle de la province en 1956. La discrimination et le manque de droits auxquels fait face la minorité musulmane ouïghour les ont poussés à rechercher la séparation de la Chine continentale. Huseyincan Celil s’est battu pour la libération de son peuple et de sa province du contrôle communiste, il est donc considéré comme une menace pour la Chine.

L’Ouzbékistan, comme d’autres républiques d’Asie centrale, a une entente de sécurité avec Beijing afin de rapporter les séparatistes et activistes politiques. Selon le site Internet d’Amnesty Internationnal, la Chine se sert de la guerre au terrorisme, initiée après les attaques du 11 septembre, pour supprimer durement plusieurs dissidents politiques.