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Pris entre deux feux

Écrit par Sarah Cook, La Grande Époque
01.08.2006
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  • Une bombe explose à Beyrouth durant la guerre civile libanaise en 1986.(攝影: / 大紀元)

TEL-AVIV – Sise sur les rives du lac de Tibériade, la ville israélienne de Tibériade était sinistrement tranquille pour un vendredi après-midi. Habituellement, la petite ville grouille de résidants faisant les emplettes de dernière minute avant la fermeture des commerces pour le sabbat. À l’exception d’un kiosque de falafels et de la station centrale d’autobus, les rues et les magasins étaient plutôt déserts la semaine dernière.

Où était tout le monde? Dans leurs maisons regardant les nouvelles et préférant rester à l’abri au cas où une roquette katyusha tomberait dans les environs.

Alors que huit d’entre nous montions dans un taxi minibus en direction de Tel-Aviv, une sirène a retenti, donnant l’alerte de nous protéger des roquettes qui pourraient tomber dans les parages. À défaut de trouver un meilleur abri, nous avons sauté du véhicule et nous nous sommes cachés sous l’entrée d’une pharmacie non loin de là. Après environ vingt secondes la sirène s’est arrêtée.

Nous avons attendu. Aucun boum. Aucune grosse explosion. En l’espace de quelques minutes, on a appelé la famille avec nos téléphones cellulaires afin de nous assurer qu’ils étaient tous sains et saufs et pour savoir où les roquettes s’étaient écrasées. Aucune roquette n’était tombée près de nous. Poussant un soupir de soulagement et étant plus conscients que c’était urgent de partir, nous sommes remontés dans le taxi en direction du centre du pays.

Trois heures plus tard, j’étais dans l’appartement de mon frère à Tel-Aviv. La différence était frappante : des rues bondées, des restaurants pleins et un centre d’achat fourmillant de personnes faisant leurs courses. Ici, l’impact des combats dans le nord (et le sud) est plus subtil : écouter plus fréquemment les nouvelles que d’habitude, appeler les amis habitant au nord pour leur offrir un endroit pour rester plus au sud et passer la fin de semaine à la plage.

C’est le paradoxe de la vie en Israël : les tentatives de vivre normalement malgré la guerre. Une minute vous entendez à la radio les nouvelles d’explosions et, la minute suivante, la dernière chanson de Shakira.

Pour comprendre vraiment la réaction d’Israël à l’enlèvement de seulement trois de ses soldats, il faut se rendre compte à quel point la société israélienne est très unie. J’ai découvert cela à travers mon propre petit cercle de connaissances : un des meilleurs amis de mon frère a fait son entraînement militaire au même endroit que le soldat kidnappé à Gaza; un ami de Londres a grandi avec un des réservistes enlevés par le Hezbollah; et un homme que j’ai croisé de mon ancienne base militaire m’a dit qu’un de ses collègues était le frère d’un soldat kidnappé dans le nord, donc probablement la même personne. Cela ressemble sans doute à la théorie des Six degrés de séparation, mais cela illustre le sentiment prévalant en Israël quand un soldat est enlevé ou tué : cela pourrait être le fils, le mari ou le père de n’importe qui.

Néanmoins, alors que ma famille était au sous-sol jouant à un jeu de société après le déclenchement d’une sirène, je ne pouvais m’empêcher de penser aux Libanais de l’autre côté de la frontière. La plupart de leurs maisons n’ont probablement pas d’abris et les armes auxquelles ils font face sont beaucoup plus destructrices.

Lisant les nouvelles sur Internet plus tard, j’ai trouvé que, comme beaucoup d’Israéliens, les Libanais se sont tristement habitués à balancer la guerre avec une vie normale. Certains Libanais appuient sans aucun doute le Hezbollah, mais dans une société si divisée, beaucoup d’autres le détestent autant qu’Israël et veulent seulement le retour à une vie normale.

«Je suis habituée à cela depuis 25 ans. Nous savons à quoi nous attendre», a dit sur les ondes d’une radio tchèque Blanka Matragi, une créatrice de mode tchèque mariée à un Libanais et habitant à Beyrouth. «La vie quotidienne est normale. Les supermarchés sont ouverts. Mais juste avant de recevoir votre appel, nous avons entendu une grosse explosion dans la zone bancaire et commerciale du centre-ville. Nous étions surpris. Pourquoi devrait-il commencer à bombarder cette région? Les gens ne se sentent en sécurité nulle part.»

Ayant peut-être plus de similarités que de différences, assis dans des abris et dans des sous-sols pour se protéger des bombes, les civils libanais et israéliens de chaque côté d’une frontière tendue sont une fois de plus pris entre deux feux.

Historique des relations Israël-Liban

1943 : Le Liban gagne son indépendance de l’administration coloniale française.

1948 : L’État d’Israël est créé. Des milliers de réfugiés palestiniens fuient vers les pays voisins, dont le Liban.

1975 : La guerre civile éclate au Liban entre milices shiites, sunnites et chrétiennes.

1976 : La Syrie envoie des troupes de maintien de la paix au Liban durant les premiers mois de la guerre pour aider à mettre fin aux hostilités, mais ces troupes sont restées quasiment en permanence au Liban.

1978 : Une attaque terroriste de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) sur un autobus dans le nord d’Israël incite l’armée israélienne à envahir le Liban pour repousser les Palestiniens de la frontière. Israël se retire suite à une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Une «zone de sécurité» de près de 20 km est établie pour protéger Israël des attaques transfrontalières.

1982 : Après une tentative d’assassinat de l’ambassadeur d’Israël au Royaume-Uni en juin, Israël envahit le Liban avec environ 60 000 soldats pour essayer de détruire l’OLP. Après l’assassinat du président libanais élu en septembre et qui reçoit l’appui d’Israël, les troupes israéliennes entrent à Beyrouth. Le jour suivant, des centaines de réfugiés palestiniens sont massacrés par des milices chrétiennes libanaises dans les camps de Sabra et Shatila. Israël est accusé de n’avoir rien fait pour empêcher les tueries.

1983 : Le Hezbollah, un groupe musulman shiite fondamentaliste, émerge en tant que force militante à Beyrouth et dans le sud du Liban. Commandité par l’Iran et appuyé par la Syrie, le Hezbollah a pour objectif d’établir un État islamique au Liban. Des attentats suicides à la bombe en avril et en octobre sur l’ambassade américaine et le quartier général des Marines ont fait respectivement 63 et 298 morts. Les troupes américaines ont dû quitter le Liban quelques mois plus tard.

1985 : Israël se retire en grande partie du Liban, mais garde le contrôle sur la zone de sécurité de 20 km au sud.

1990 : La guerre civile de 15 ans se termine officiellement avec la signature de l’accord de Taëf.

1992 : Le Hezbollah prend part aux élections parlementaires libanaises et remporte huit sièges.

1993 : Le Hezbollah lance des attaques à la roquette sur des villes israéliennes dans le nord. Israël riposte par une opération d’une semaine visant à mettre un terme à ces attaques. Au cours des sept années suivantes, des scénarios similaires se répètent.

2000 : Les troupes israéliennes se retirent du sud du Liban.

2003 : Israël bombarde des cibles au sud du Liban, en riposte aux tirs des missiles anti-aériens du Hezbollah visant des avions israéliens.

2005 : L’ex-premier ministre libanais Rafik Hariri est assassiné en février. Les Libanais se mobilisent en grand nombre pour demander le retrait des troupes syriennes du Liban. La Syrie demande à ses troupes de retourner au pays natal en avril.

2006 : Des combattants du Hezbollah traversent la frontière d’Israël, tuent plusieurs soldats israéliens et en enlèvent deux autres. En guise de représailles, Israël bombarde des centaines de cibles au Liban, incluant l’aéroport de Beyrouth et les quartiers généraux du Hezbollah dans un quartier au sud de Beyrouth. Le Hezbollah contre-attaque par des lancements de roquettes katyusha sur des villes israéliennes du nord d’Israël, atteignant même Haifa dans le sud. Selon l’ONU, environ 600 personnes sont mortes du côté du Liban. Plus de 50 Israéliens ont pour leur part péri jusqu’à maintenant.

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.