Le conflit oublié de Géorgie

Écrit par Sonya Bryskine, La Grande Époque Australie
01.08.2006

Le conflit entre la Géorgie et la république séparatiste d’Abkhazie dure depuis une dizaine d’années. Les experts affirment que les derniers évènements concernant ce conflit sont une provocation dont le but est d’étendre le contrôle sur la république séparatiste.

La semaine dernière, les troupes géorgiennes se sont déplacées vers les gorges de Kodori, une région disputée se situant dans la région du Caucase près de la Mer Noire. L’objectif était de désarmer une milice rebelle et d’établir une position pro-gouvernementale.

« Nous avons rétabli la juridiction et la loi géorgienne dans les gorges du Kodori et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la protection des civils et mettre en place une administration. », a affirmé le chef de l’équipe du président géorgien Saakashvili.

L’Abkhazie, qui a gagné illégalement son autonomie en 1994, a prévenu qu’elle utiliserait la force si la Géorgie empiétait sur sa liberté.

La haute montagne des gorges de Kodori – avec une population de 4.000 âmes – est le seul territoire séparatiste abkhaze qui reste sous contrôle géorgien. L’invasion de Kodori fait craindre un premier pas dans les plans de Saakashvili pour reconquérir l’État de facto.

« La majorité des experts géorgiens voient l’évolution de la situation dans les gorges de Kodori comme une provocation. Certains d’entre eux pensent que cette provocation avait pour but de détourner la Géorgie de la pression de Tskhinvali », affirme Alexandre Rusetsky, chef de l’Institut caucasien de la sécurité régionale, se référant à un autre différend dans le secteur de l’Ossétie du Sud. Une région qui a également essayé de gagner l’indépendance d’avec la Géorgie.

Lors qu’ils étaient sous le joug de la Russie, l’Abkhazie et la Géorgie étaient réunies en tant que « République socialiste de Géorgie ». La langue géorgienne était devenue obligatoire alors que la culture abkhaze était sur le point de s’éteindre.

Avec la fin de l’Union soviétique en 1991, les rebelles abkhazes se sont lancés dans la rébellion. Après deux ans de guerre, les guérilleros ont occupé la station balnéaire de Sukhumi, un point clé dans la région, et ont alors déclaré leur indépendance.

De nombreuses lois géorgiennes ont été annulées tandis que les unités militaires et policières étaient placées sous la juridiction de la région. Néanmoins, quelque 200.000 Géorgiens ont été conduits hors de chez eux dans les zones contrôlées par les rebelles, ce que Tbilissi a qualifié de nettoyage ethnique.

Les observateurs craignent que les récentes tensions mènent à un retour des affrontements. Ceux-ci pourraient être entravés par les troupes russes restées dans la région en tant que pacificateurs depuis le cessez-le-feu de 1994.

Le soutien de Moscou envers l’Abkhazie est crucial car cela lui permet de préserver des rapports transfrontaliers simples. C’est également vital pour ce territoire isolé qui est de plus en plus intéressé à devenir une partie de la Fédération de Russie plutôt que de revenir aux mains de la Géorgie, un pays qui fait face à une économie stagnante et une corruption très répandue.

De plus, dans le but d’étendre son influence, la Russie a donné la citoyenneté à des milliers d’Abkhazes. Cela donne à Moscou une excuse pour s’infiltrer dans le territoire sous le prétexte de « protéger les citoyens » si jamais la guerre éclate.

Située sur les rivages de la mer Noire et au cœur du Caucase, l’Abkhazie donnerait à la Russie une position militaire importante dans la région.

Le conflit avec la Tchétchénie voisine continue, tandis que les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan s’intensifient. Le Moyen Orient continue de faire les gros titres dans les médias, tandis que ces conflits oubliés restent cachés. À moins que la communauté internationale ne s’implique, il y a peu de chance de parvenir à un cessez-le-feu durable.