Être ou ne plus être

Écrit par Mj Dia, La Grande Époque
01.08.2006

  • membre indigène de la tribu Kaiowa(攝影: / 大紀元)

Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU vient d’adopter une déclaration visant à protéger les droits des peuples indigènes. Un site Internet vient aussi d’être créé, embryon d’une plateforme politique unifiée de leurs revendications entendues après douze années de discussions.

Ce membre indigène de la tribu Kaiowa danse en face de la cour suprême brésilienne lors d’une manifestation des droits pour les indigènes. Vivre heureux ! C’est aussi le rêve de l’homme : s’épanouir dans son identité et son âme même, sans que son espace de vie soit violé. Être en harmonie avec la nature, briller de mille feux et de magnifiques couleurs joyeuses. Les plumes multicolores sont choisies avec art et sens esthétique. La beauté de son corps est mise en valeur, il est le support de l’identité de soi. Être soi-même dans son identité vraie, c’est atteindre l’idéal des beaux corps qui, selon Platon, ne sont que le prélude des belles âmes.

Vivre ! Pouvoir s’épanouir pleinement dans son identité et son âme même. Nous en rêvons tous, ou en rêvions pour les plus pessimistes. Mais comment un être humain pourrait-il pleinement être s’il perd son identité, s’il n’a plus que des réminiscences incertaines et sans attache avec ses ancêtres ? Chez les peuples autochtones de notre monde, descendants des premiers habitants des terres sur lesquelles ils vivaient, c’est une question urgente de survie. Touches de couleur rebelle à l’uniformisation du monde, leur existence témoigne des temps passés, semble condamnée à une destruction presque certaine.

Aujourd’hui, sur la multitude des peuples anciens, seuls 5.000 d’entre eux coexistent avec nous. Un peu plus de 300 millions d’âmes, demandant le droit de vivre leurs différences dans la dignité, le respect de leurs organisations sociales et de leurs systèmes symboliques. Et la fin de l’exploitation sauvage des ressources de leurs territoires avec lesquels ils vivent en harmonie depuis la nuit des temps.

D’ailleurs, leur sort est si intimement lié aux terres de leurs ancêtres que pour les Tchouktche de Russie : « Sans notre terre, nous ne sommes plus un peuple ». Ainsi s’exprime un Penan de Malaisie : « La terre est notre vie et notre sang. Sans la forêt, nous ne survivrons pas ».

Pourtant il a fallu attendre douze années de discussions et de négociations pour que le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU adopte cet été une simple déclaration visant à protéger les droits pourtant évidents des peuples indigènes. Mais c’est déjà une avancée, même si certains pays dont les Amériques se sont opposés à l’adoption du texte par l’assemblée générale de l’ONU, qui voudrait s’en saisir avant 2007. Pour nombre de chefs indigènes, après tant d’opposition des pays puissants pour qui les énergies, les terres et les bois valent plus que les existences humaines écartées du chemin du progrès moderne et du développement, c’était inespéré. D’ailleurs la Guatémaltèque Rigoberta Menchu, prix Nobel de la Paix 1992, à qui l’on demandait l’état d’avancement de ses démarches à l’ONU, a répondu simplement à l’époque : « On parle, on parle, on parle… ».

Cette adoption est donc un espoir tout de même. A Pau, dans le sud-ouest français, le premier Forum International des Peuples Autochtones Unis (FIPAU), a regroupé, du 19 au 25 juin, une trentaine de nations, aussi disparates qu’hétéroclites, des sioux américains aux Aborigènes australiens, en passant par les Touaregs du Mali, les Haida, les Inuits du Canada. Les Papous étaient présents.

Il est vrai que dans la plupart des pays les autochtones sont minoritaires par rapport aux populations nationales.

Ils représentent 0,1 % de la population au Brésil et en Suède, 0,5 % aux Etats-Unis. Le groupe d’Indiens d’Amazonie Akuntsu compte avant sa « disparition inéluctable » 6 individus en tout et pour tout. Les peuples indigènes ne sont majoritaires que dans quelques pays, comme le Groënland où ils représentent 90 % de la population, en Bolivie et Guatemala, ils composent 60 % des populations locales.

Avec Politis