Rembrandt, maître d’ombres et de lumières

Écrit par Mj Dia, La Grande Époque
01.08.2006

  • Autoportrait de Rembrandt.(攝影: / 大紀元)

La paternité de l’incitation à la connaissance de soi, le « connais-toi toi-même », est souvent attribuée à Socrate. En réalité, cette invitation était une inscription lisible sur le fronton du Temple de Delphes consacré au dieu Apollon. Le message fut par la suite approfondi par Socrate, l’énigmatique philosophe grec né à Athènes en 470 av. J.-C., dont le père était Sophronisque, sculpteur, et la mère sage-femme.

Socrate se destinait à une vie ordinaire de simple citoyen. Cependant, sa vie va suivre une trajectoire tout autre, car l’oracle de Delphes qui parle au nom des dieux lui aurait dit : « Socrate est le plus sage des mortels ». Socrate y voit alors le signe d’une mission divine et s’engage dans l’éveil des esprits.

Au 17e siècle, la profonde invitation du temple ancien de Delphes « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux », apprivoisé par Socrate, semble résonner auprès du virtuose génie graveur et peintre néerlandais Rembrandt. Ce dernier, né en 1606 et mort en 1660, en fait son adage, s’efforçant de vivre selon ce même principe.

Parmi les oeuvres de l’artiste, pas moins d’une trentaine de gravures autoportraits. Quoi de plus naturel que d’être son propre modèle pour aller à la quête de soi-même. Il cherche sans relâche et sans complaisance à atteindre la vérité, intangible certes et pourtant plus vraie que les simples formes qui n’en demeurent que des manifestations circonscrites. C’est ainsi que l’on retrouve, dans l’œuvre de Rembrandt, une panoplie de représentations, habillées diversement, exprimant des personnalités multiples. Sur le papier, on retrouve également les jeux d’ombres et de lumières, les attitudes qu’il singeait devant son miroir, telle la colère : front plissé, lèvres pincées, yeux écarquillés. Pour la joie, un béret sur la tête, les cheveux en bataille…

Le prédécesseur et pourtant admirateur de Rembrandt, Albrecht Dürer a déclaré : « Un artiste confirmé peut révéler la grandeur de son talent et de son art dans les petites choses, réalisées grossièrement et sans délicatesse, bien plus que beaucoup d’autres artistes ne le peuvent au travers de leurs grandes œuvres. Seuls les plus talentueux des artistes peuvent saisir la justesse de cette affirmation paradoxale… Et ce don est merveilleux. Dieu parfois inspire l’homme sur la réalisation d’une œuvre, qui ne relève pas encore de son époque ».

Cela s’est effectivement vérifié dans le cas de Rembrandt, car aucune œuvre n’a égalé la sienne depuis lors.

L’explication vient sans doute du fait que, tout comme on ne peut réduire une personne à l’énumération de ses qualités, la technique joyeuse et grisante de Rembrandt n’était rien de plus qu’un outil dont il avait la parfaite maîtrise. Le génie de cet artiste s’évalue à sa capacité à s’extraire des contraintes temporelles, pour toucher au plus profond le cœur de son public.

A l’occasion du quatre-centième anniversaire de Rembrandt (1606-1669), les villes de Leyde (Ouest des Pays-Bas), où il naquit et d’Amsterdam où il mourut, lui consacrent deux expositions à la gravure, activité souvent méconnue de l’artiste, présentant 300 estampes qui illustrent la virtuosité technique, la créativité et la fantaisie de ce génie, maître dans l’art de capter l’émotion.

A Paris, du 20 octobre 2006 au 8 janvier 2007, le musée du Louvre exposera 64 dessins de Rembrandt, études de paysages et d'animaux, exercices de copie d'autres artistes ou encore compositions bibliques. Les oeuvres réunies ici permettent d'apprécier l'importance du dessin dans le travail de l'artiste. En effet, au contraire de nombreux peintres de son époque, Rembrandt composait véritablement des oeuvres en dessinant, loin des rudimentaires croquis préparatoires pour des pièces peintes.

INFOS PRATIQUES 

9,50 euros – Tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h, nocturne jusqu'à 21h45 les lundi et mercredi - Musée du Louvre, rue de Rivoli, 75001 Paris – Renseignements : 01.40.20.50.50