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Les découvertes fortuites ?

Écrit par Heide B. Malhotra (La Grande Epoque Washington)
18.08.2006
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Les découvertes fortuites existent-elles? Le plus souvent, le chercheur a en tête quelque chose de totalement différent lorsqu’il fait une découverte. Cependant, cette découverte repose toujours sur la capacité du chercheur à reconnaître le potentiel d’un effet secondaire non recherché, d’après des recherches menées à Harvard.

«Nous devons être prudents concernant ces histoires [de découvertes fortuites]», nous dit Robert D. Austin, professeur à Harvard et co-auteur de Accident, Intention, and Expectation in Innovation Process [ndt : Hasard, intention et attentes dans le processus d’invention], lors d’une entrevue avec Sarah Jane Gilbert, auteur d’une série d’ouvrages pour le HBS Working Knowledge (Le savoir pour le milieu de travail de la faculté des Études commerciales de Harvard).

Une découverte qui est vraiment importante pour l’humanité n’est pas nécessairement le résultat du hasard, même si elle en a toutes les caractéristiques.

«De nombreux scientifiques parlent franchement de l’importance du hasard dans leur travail […] Je ne les classerais pas vraiment [les découvertes fortuites] comme des inventions résultant du hasard. Il faudrait des aptitudes particulières pour distinguer si une découverte est le fruit du hasard ou non et pour créer quelque chose d’encore plus important à partir de celle-ci», a expliqué Austin.

Les inventions dans le monde des affaires

Les chercheurs avancent que les chercheurs d’aujourd’hui qui travaillent dans le domaine des affaires utilisent très volontiers la modélisation informatique et des procédés automatisés parce que ceux-ci travaillent beaucoup plus vite que les hommes. Les ordinateurs peuvent très rapidement faire des correspondances entre toutes les données présentes dans une base de données. Les ordinateurs de modélisation étudieront toutes les possibilités pour la meilleure solution.

Mais les procédés automatisés ne prennent pas en considération la notion de «hasard» parce que les ordinateurs et les procédés automatisés sont programmés et fonctionnent seulement selon les commandes qu’ils reçoivent.

Les ordinateurs ne peuvent découvrir quelque chose de totalement nouveau, ils ne font que construire à partir de ce qui existe déjà.

«Les entreprises produisent beaucoup de médicaments de plus en plus efficaces, mais peu sont révolutionnaires, en dépit des milliards de dollars investis dans l’automatisation», d’après l’étude.

Selon les auteurs, afin que les entreprises apportent des inventions, elles devraient tenir compte du facteur «imprévisibilité» dans leurs équations.

Les chercheurs défendent que : «Le fait que les événements novateurs et importants suggèrent leur propre logique explique en grande partie pourquoi les efforts investis pour l’innovation méthodique et prévisible ne pourraient aboutir. Les accidents suggérant leur propre logique ont chacun abouti à une validité de façon unique.»

Austin pense que la capacité à reconnaître la valeur des effets dérivés durant la recherche est une faculté qui s’apprend. Il cite Louis Pasteur, microbiologiste français, qui appelait ce procédé «préparation de l’esprit».

«La capacité de savoir ce qu’il faut jeter et ce qui doit être gardé semble provenir de l’expérience, de la maîtrise des principes fondamentaux et un certain scepticisme quant aux intentions préétablies ou aux projets qui nous lieraient trop fortement aux résultats», nous dévoile Austin.

Niveau d’inventions fortuites

Austin préconise qu’il y a divers degrés dans les découvertes fortuites. Il a utilisé un exemple : rencontrer un voisin dans un magasin serait en quelque sorte de l’ordre du hasard, mais rencontrer le même voisin dans un restaurant à l’autre bout du monde serait véritablement de l’ordre du hasard.

«Nous proposons un moyen de définir "l’intensité" du hasard, c’est-à-dire, grosso modo, jusqu’où vont les intentions et les espoirs placés dans le résultat», a rationalisé Austin. «Si vous cherchez un nouveau médicament contre l’ulcère et que vous en découvrez un d’une façon étonnante, ce n’est pas aussi étonnant que de découvrir à la place un édulcorant artificiel», développe-t-il.

Les chercheurs ont assigné quatre niveaux d’intensité pour les inventions fortuites. Le niveau le plus bas (niveau 1) correspond à l’«association mentale inattendue». Le niveau 2 : «trouver ce que l’on cherche d’une façon inattendue»; le niveau 3 s’est vu attribuer la mention «trouver quelque chose que l’on ne cherche pas» et le niveau 4 correspond à toute «découverte notable que l’on ne cherche pas».

Découvertes de niveau 1

La plupart des découvertes fortuites résultent de recherches au cours desquelles différents résultats surviennent à cause d’une erreur dans le procédé ou durant un procédé que le chercheur ne maîtrise pas complètement. Ainsi, une découverte pourrait survenir d’un produit déjà existant, laquelle montre, à la surprise de tous, qu’il est efficace de différentes façons.

Découvertes de niveau 2

Plus récemment, en 1991, des chercheurs du groupe pharmaceutique Schering-Plough ont accidentellement découvert un médicament qui réduit le cholestérol alors qu’ils faisaient des recherches sur des bêtabloquants, médicaments empêchant l’action d’enzymes.

Walter Diemer, comptable de la Fleer Chewing Gum à Philadelphie, tentait de nouvelles recettes de chewing-gum pendant son temps libre en 1928. L’une de ses mixtures n’était pas aussi collante que les chewing-gums habituels, elle s’étirait sans difficulté et l’on pouvait faire des bulles avec. Il emmena un lot dans une épicerie où tout fut vendu en quelques heures. La folie du bubble-gum était donc commencé et Fleer en a gardé le monopole des années durant.

Découvertes de niveau 3

En 2002, James Schlatter, spécialiste de la chimie organique chez G.D. Searle, une société pharmaceutique, travaillait sur un remède pour les ulcères gastriques. Au lieu de cela, il a découvert un édulcorant artificiel.

Keith Kellogg, le co-propriétaire de Battle Creek Toasted Corn Flakes Co., a découvert les céréales par hasard en 1894.

Kellogg, qui avait arrêté ses études en fin de cycle d’études primaires, faisait des recherches sur un régime végétarien pour des patients du sanatorium de Battle Creek. Il a laissé refroidir une casserole de grains de blé bouillis. Après être passés au rouleau, les grains se sont transformés en fins flocons. Les patients ont aimé ce petit déjeuner d’un nouveau genre.

Découvertes de niveau 4

Le vaccin contre la variole ne fut pas découvert lors de recherches, mais par un docteur anglais, le Dr Edward Jenner, qui avait remarqué que les fermiers qui contractaient la variole des vaches n’étaient pas infectés par la variole. En 1796, il prouva sa théorie en injectant une substance extraite de la variole des vaches à un petit garçon de huit ans qui avait développé la variole de la vache. Après cela, il injecta au petit garçon un peu de matière issue de la variole. Le garçonnet ne contracta pas la maladie.

Le chimiste français et artiste, Louis Jacques Mandé Daguerre, a découvert un procédé qui réduisait le temps d’exposition des photos de huit heures à moins d’une demi-heure en 1835 : il mit une plaque photographique exposée dans une armoire où l’on venait d’y casser un thermomètre quelques minutes plus tôt. Les vapeurs de mercure emplissaient encore l’armoire. En un laps de temps très court, une image s’est développée sur la plaque ainsi exposée.

Le chlorure de polyvinyle (PVC), fréquemment utilisé pour isoler les fils électriques ou fabriquer des tuyaux, fut découvert accidentellement par deux personnes différentes à des années d’écart – en 1835 par Henri Victor Regnault, un chimiste et physicien français, et en 1872 par Eugène Baumann, chimiste allemand. Tous deux ont découvert un matériau solide blanc en laissant du chlorure de polyvinyle au soleil.

La pénicilline fut découverte par hasard par Sir Alexander Fleming en 1928, alors qu’il essayait de trouver une substance chimique qui tue les bactéries. C’était une moisissure bleue qui détruisait les bactéries en culture. Fleming a dit, d’après Austin : «Je n’ai pas demandé qu’un spore de Penicillium notatum tombe sur ma plaque de culture […] j’ai remarqué certains changements, [et] n’avais pas la moindre idée que j’étais à l’aube de quelque chose d’extraordinaire.»

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